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Première journée du Séminaire du CADTM Afrique « Femmes, dette et microcrédit »

D 6 mai 2014     H 05:22     A Christine Vanden Daelen     C 0 messages


Le Séminaire du CADTM Afrique « Femmes, dette et microcrédit » a débuté ce lundi 21 avril en chants, danses et slogans en arabe, amazigh, wolof, français. Avec les militantes d’ATTAC/CADTM Maroc, les femmes de l’association de lutte contre les microcrédits de la région de Ouarzazate et la délégation du CADTM Afrique, nous étions une cinquantaine ce matin à exprimer l’enthousiasme que procure le sentiment de lutte collective et la volonté de faire de cette rencontre une étape de renforcement significative pour contrer les systèmes de la dette et des microfinances.

Chaque jour, deux participantes prendront des notes pour aboutir en fin de formation à un document de travail complet. Souad Guennoun (ATTAC/CADTM Maroc), quant à elle, filme les débats ! Nous aurons ainsi matière à communiquer autour de tout le travail qui sera fait ici à Ouarzazate.

Durant la matinée, les femmes de l’association de lutte contre les microcrédits ont partagé des témoignages poignants et parfois difficiles à entendre de vive voix sur la façon dont les microcrédits leur avaient tout pris, les avaient dépossédé de tous biens et dignité, de leur santé physique et morale, les avaient contraint à se prostituer et/ou à ne plus pouvoir financer les études de leurs enfants et à devoir les envoyer travailler pour pouvoir rembourser les crédits, etc. Elles ont clôturé leurs interventions par un appel poignant à la solidarité des participantes sans laquelle elles ne parviendront à trouver la force et les débouchés nécessaires pour continuer à avancer dans leurs luttes et résistances.

L’après-midi fut consacrée à des exposés sur le système des microcrédits. Fatimazahra d’ATTAC/CADTM Maroc nous expliqua les modes de financements mêmes des agences de microcrédits (elles sont financées au Maroc à 70% par des banques privées et à 16% par l’Etat qui contribue de la sorte très concrètement à l’appauvrissement des plus pauvres) et du personnel de ces agences qui est payé au client, à la prime, ce qui explique que les crédits sont « octroyés » sans aucun contrôle et à tout va, à un maximum de client-e-s. Bambi Soumare du CADTM Sénégal nous a démontré que les problèmes des femmes victimes de microcrédits au Sénégal sont exactement identiques à ceux que vivent les femmes de Ouarzazate. A plusieurs reprises, ont été soulignés l’importance de coordonner les luttes contre la microfinance et le rôle que pouvait jouer le CADTM à ce niveau.

L’expansion des microcrédits et la mise en application des Plans d’ajustement structurel (PAS) dans les années 1980 sont des phénomènes non sans lien et qui témoignent de l’implication des Institutions financières internationales (IFI) dans le développement de la microfinance qui considère la pauvreté non comme une réalité à combattre mais comme un business. Lucile Daumas (ATTAC-CADTM Maroc) nous en dira plus demain sur les relations intrinsèques entre microfinance et IFI. Aussi, nous analyserons les liens entre le « système dette » et les microcrédits et leurs impacts spécifiques sur les femmes.

Christine Vanden Daelen