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Alphabétisation et sociétés durables

De la résorption accélérée des gaps dans domaine de l’alphabétisation comme enjeu d’une société durable

D 28 février 2016     H 05:13     A Babacar Diop, Charles Owens Ndiaye     C 0 messages


L’édition de la semaine de l’alphabétisation s’est tenue à un moment essentiel dans l’agenda mondial. Les Nations Unies ont statué sur les Objectifs de développement durable en septembre. Les rencontres de Nagoya sur le Développement durable, celle d’Incheon qui prône une éducation inclusive et équitable de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour tous et le Sommet de Paris sur le climat, sont révélateurs des enjeux du contexte. Toutefois les restrictions sur les ambitions déclinées dans la Déclaration d’Incheon, dans le domaine de l’alphabétisation des jeunes et des adultes (objectifs 4), reposent toute la considération à apporter à l’alphabétisation.

C’est pour apporter une réponse à cette problématique de prise en charge de l’alphabétisation que l’Association panafricaine pour l’alphabétisation et l’éducation des adultes organise chaque année une semaine de plaidoyer de mobilisation et de commémoration pour les éducateurs pour la paix, le progrès et de la solidarité. Elles sont toutes consacrées aux questions de développement durable, de sociétés durables. Certaines images issues de notre dernière campagne illustrent nos propos. Par ailleurs, la semaine de l’alphabétisation est intervenue au Sénégal un mois après le Conseil présidentiel consacré aux Assises nationales sur l’éducation et la formation. A cette occasion le Président de la république a retenu onze (11) décisions et parmi lesquelles la petite enfance, le développement de la formation professionnelle, le développement de l’alphabétisation et des langues nationales, le renforcement de la professionnalisation des ressources humaines, l’amélioration de la qualité des apprentissages.

Ces décisions sont pertinentes et les grands défis demeurent la mise en œuvre, la mobilisation des ressources institutionnelles humaines et financières, les arbitrages budgétaires, la culture de la solidarité dans le secteur de l’éducation. A cet effet, il faut rappeler la recommandation de la conférence de Bamako relative aux 3% du budget de l’Education à allouer à l’alphabétisation.

DES REPERES POUR DES SOCIETES DURABLES : UN CHANGEMENT DE PARADIGME POUR CONSTRUIRE DES SOCIETES DURABLES

La problématique du développement durable est une question centrale dans les projets et programmes de développement. Le Programme Sénégal émergent (Pse) ne fait pas exception. D’ailleurs, certains estiment même que le développement durable est un projet de société. Le rappel de la définition la plus usitée, « répondre aux besoins du présent sans pour autant compromettre la possibilité pour les générations futures de répondre à leur besoins » ( voir Rapport Bruntland), est une bonne base consensuelle. Mais pour Dominique Pestre, cité par Francine Pellaud (HEP Fribourg) , c’est un idéal de justice sociale pour les populations de la planète, d’aujourd’hui et de demain, un idéal de précaution et de justice environnementale, un idéal de débat ouvert et de participation de tous à la décision et aux choix.

C’est aussi dire et attirer l’attention sur le fait que le développement durable n’est pas en dehors des controverses. Comment les porteurs du développement durable se positionnent-ils dans la consolidation de l’économie néolibérale ou en dehors d’elle, est une question centrale.

C’est un processus qui repose sur trois piliers (l’économique, l’écologique et le socioculturel) en perpétuel déséquilibre qu’ il faut tout le temps équilibrer. Il faut arriver à construire une société en même temps vivable (l’écologique et social), équitable (le social et l’économique) et viable (l’écologique et l’économique).

Par ailleurs, il faut rappeler que le changement de valeurs est essentiel pour aller dans le sens du développement durable. La liberté, telle qu’elle se donne par une absence d’obstacles aujourd’hui (« faire ce que me plait quand où je le veux je veux » - Rawls 2011) est à interroger. Parmi les conséquences, on peut indiquer la déresponsabilisation qui se traduit par « c’est la faute aux autres, à moi tout seul je ne peux rien faire, faut pas toucher à ma liberté. »

En outre, le développement durable s’inscrit dans plusieurs systèmes complexes avec des principes de base comme le principe de la relativité, le principe de la non permanence, le principe d’ambivalence et de non certitude, le principe d’interdépendance. Au plan pratique de la prise en charge de l’éducation au développement durable, il faut aller dans le sens de : éduquer à l’avenir, éduquer à la réflexion et à la pensée critique, éduquer à la pensée systémique, éduquer à la clarification des valeurs (savoir ce que l’on veut, pourquoi on le veut, et combien on est prêt à investir pour l’obtenir en gardant l’esprit qu’on n’est pas seul au monde, éduquer à la participation.

DEFIS ET CONTRAINTES : NE LARGUER PERSONNE, C’EST UN PRINCIPE DE BASE D’UNE SOCIETE DURABLE

Le Sénégal a fait des avancées significatives dans le domaine de l’éducation et de la formation, mais il reste évident qu’il existe des gaps importants à combler. Sa place dans l’Indice de développement humain( Idh) le prouve éloquemment.

L’élaboration de cette contribution s’explique par le thème choisi pour la célébration journée internationale de l’alphabétisation qui nous amène à nous interroger sur les forces mais aussi les limites des projets et programmes d’éducation et de formation (Programme d’amélioration de l’équité et de la transparence – Paquet-Ef), notamment dans le domaine de l’alphabétisation (Education des jeunes et des adultes), et pousse aussi à voir du côté du Développement intégré de la petite enfance (Dipe).

Par ailleurs, la construction d’une société inclusive ne peut se réaliser si 52% de la population est analphabète. Certes le Paquet – Ef constitue un programme intéressant à tout point de vue et des efforts importants sont faits dans le sens de dépasser les limites du Pdef. Toutefois il existe des questions essentielles et structurelles que seule l’affirmation d’une ambition politique plus importante et plus explicite, d’une plus grande capacité d’opérer des ruptures et des innovations, peuvent résoudre.

Plus exactement, il s’agit de sortir des chantiers battus et oser innover dans ce champ. En effet, les expériences accumulées ces années avec les projets et programmes démontrent les limites de ces stratégies dans le contexte d’analphabétisme massif. C’est pourquoi, il est important de s’investir autrement.

Dans le secteur de l’Education et de la formation, les prises en charge du développement intégré de la petite enfance et l’alphabétisation posent problème et aucun des régimes n’a pu apporter une réponse satisfaisante. Les options actuelles du Paquet, non plus, ne militent point à une rupture.

En effet, le taux de pré scolarisation est programmé pour 50% en 2025. C’est un effort important par rapport à l’existant. Mais c’est aussi comprendre que la moitié des enfants sénégalais seront victimes de marginalisation et traîneraient des handicaps dès l’entame de leur scolarisation. D’autant plus qu’il a été démontré que la réussite des enfants est fortement liée à la première phase, la préscolarisation. Le choix politique en cours pourrait se lire ainsi : « Le gouvernement du Sénégal opte pour qu’en 2017, les 50% de ses enfants de trois à cinq ans ne bénéficient point d’éducation préscolaire ».

Il en est de même de l’alphabétisation (Education des jeunes et des adultes dans le Paquet-Ef). Le taux d’alphabétisation ciblé pour 2025 n’est pas explicité, on parle juste d’enrôlement des jeunes de 15 ans et plus. La valeur cible à la fin du Programme en 2025 ne couvre même pas le nombre d’analphabètes à prendre en charge en 2015 (avant les résultats du recensement démographique).
L’approche « droit humain » adoptée par le Paquet- Ef ainsi que l’intitulé même du Programme dans son volet Equité ne sont pas en adéquation, du fait des deux aspects évoqués.

C’est pourquoi, il nous a semblé impérieux de répondre à ces deux équations, en invitant à la résorption accélérée des gaps dans l’alphabétisation et la petite enfance (DIPE) en matière d’éducation et de formation. Je voudrais juste souligner ce qui vaut pour l’alphabétisation est valable pour la petite enfance.

RESOPTION ACCELEE DES GAPS DANS L’ALPHABETISATION

POURQUOI IL EST IMPERIEUX DE DEVELOPPER UNE INITIATIVE ACCELEREE ET DE GRANDE ENVERGURE POUR ALPHABETISER LES POPULATIONS

Le taux d’alphabétisation est estimé à 48% (Recensment général, projection Rapport suivi Education pour tous, Ept de 2011), ce qui correspond à 4 millions 351 000 analphabètes avec 57% de femmes en 2015. Le recensement général de 2013 indique que le taux d’analphabétisme est de 54,6% et trois régions ont des taux d’analphabétisme de plus 70% : Diourbel (70,2%), Tambacounda (73,5%) et Matam (75,1%).

Si le Paquet-Ef atteint ses résultats totalement dans le domaine de l’alphabétisation en 2025, il ne sera même pas pris en charge le nombre d’analphabètes en 2015 dans le Paquet-Ef. Mieux, on parle d’enrôlement, c’est-à-dire les inscrits dans les classes d’alphabétisation. Il reste évident que d’ici 2025 le nombre d’analphabètes va augmenter du fait des limites des stratégies de consolidation des apprentissages avec le retour de l’analphabétisme.

Par ailleurs, les énonciations politiques et économiques de base émises notamment dans le Plan Sénégal émergent, par les autorités politiques, ne peuvent avoir une réalité si on ne résout pas cette question. Qu’attendre alors d’une volonté de mobilisation massive des ressources humaines si les 52% de celles-ci sont analphabètes ?

L’approfondissement de la démocratie et de la décentralisation avec l’Acte III de la Décentralisation, la réduction de la pauvreté, l’approche de proximité, la pleine participation des populations, le contrôle citoyen et le portage des activités économiques à partir des micro interventions à la base, l’amélioration des indicateurs de santé en particulier des enfants par la promotion de la prévention, la politique sociale avec la Couverture maladie universelle et la mobilisation des communautés pour la qualité de l’éducation, la bonne gouvernance dans sa globalité sont autant de raisons qui militent en faveur de l’alphabétisation massive des populations.

QU’EST-CE QU’IL EST POSSIBLE DE FAIRE ?

La démarche classique en cours n’est pas en mesure de résoudre le problème, même s’il faut saluer l’initiative du Secrétariat à l’alphabétisation qui se rebiffe du point de vue des ambitions. Il faut développer, à notre avis, une initiative accélérée et soutenue de grande envergure, suffisamment innovante, afin d’arriver à un taux résiduel d’analphabétisme, au bout de trois ans, au Sénégal. Notre vision, notre ambition ce n’est pas de réduire de moitié le nombre d’analphabètes, c’est-à-dire opter pour laisser 50% des analphabètes en l’état, il est important de le préciser à la fin de la mise en oeuvre du Paquet-Ef. Nous osons penser qu’aucune autorité publique n’ose dire ouvertement, aux populations, qu’en 2025 « nous avons décidé de travailler à avoir pour résultat 50% d’analphabètes. »

Après cette grande campagne, il s’agira tout juste de gérer ce taux résiduel d’analphabètes avec des programmes d’alphabétisation et post alphabétisation simples pour ne pas se retrouver à la situation antérieure.

Il ne s’agit pas, dans notre conception, de reconduire in extenso les grandes campagnes d’alphabétisation connues à travers le monde mais de s’inspirer de l’esprit, des principes et surtout des ambitions de trouver une solution à l’analphabétisme massif en prenant en compte le contexte sénégalais.

QUELQUES ELEMENTS DE STRATEGIE

Les axes suivants pourraient permettre de jeter les bases de l’élaboration d’une stratégie conséquente :

 l’affirmation d’une conscience politique multilingue, multi médias, multi scripts, reflet de notre trajectoire historique et nos valeurs démocratiques et républicaines, de mettre un terme à l’analphabétisme,

 le portage de cette politique par les plus hautes autorités du pays, l’engagement de l’Etat et tous ses démembrements notamment les collectivités locales ;

 l’articulation entre le développement de la petite enfance et l’éducation des adultes. Cette vision mise en valeur à la Confita V de 1997 à Hambourg a été jugée pertinente comme il a été rappelé dans le numéro 71 de la revue allemande d’éducation des adultes l’article de Timothie D Ireland Agenda ; pp 34 à 42)

 une campagne de communication de grande envergure au niveau central, déconcentré et décentralisé ;

 la mise en place d’un dispositif ouvert, participatif, inclusif, suffisamment souple et bien coordonné à tous les niveaux ;

 la définition des politiques, dès l’entame du processus, avec toutes les familles acteurs et toutes les composantes de la société ;

 des stratégies d’intervention différenciées et multiformes qui tiennent compte des différents besoins et contraintes des apprenants et apprenantes (à titre illustratif certaines populations auraient besoin des langues étrangères et on ne doit pas faire abstraction de cela) ;

 la responsabilisation des collectivités locales, avec la définition d’ambitions explicites d’alphabétiser tous les analphabètes dans chaque territoire. C’est en réalité une modalité de la territorialisation des politiques de développement ;

 la prise en compte des énormes potentialités des Tic et média (radio, télévision) pour les mettre au service de la campagne d’alphabétisation ;

 le développement des stratégies à partir d’entrées multiples : territoires, actions et acteurs ;
 des stratégies d’apprentissage diversifiées ;
 l’identification, la préparation et la mobilisation des différents acteurs possibles notamment les diplômés (à partir Brevet de fin d’études moyennes) sans pour autant créer des discontinuités dans leurs études (pour ceux qui sont dans le dispositif scolaire et universitaire), les retraités, les agents de l’Etat volontaires, etc. La prise en compte des jeunes urbains, péri urbains et ruraux en situation d’oisiveté dans la stratégie de mobilisation des jeunes,

 la mobilisation du secteur universitaire à travers ses différentes composantes ;

 le secteur privé aussi est parti prenante intégrale de cette initiative. A titre indicatif des patrons de presse d’un pays de l’Amérique latine ont parfaitement contribué à l’alphabétisation des populations et cela a permis d’accroître la masse des lecteurs de leurs journaux.

 un travail préparatoire de conscientisation et d’engagement citoyen auprès des jeunes et des autres volontaires et le fonder sur l’éducation au développement durable ;

 respecter les droits linguistiques des communautés en faisant les formations dans leurs langues

 la valorisation du travail citoyen effectué par les participants et les participantes au cours de la campagne ;
 amélioration du cadre d’évolution et de promotion des langues nationales pour créer les conditions d’attractivité de l’alphabétisation ;

 prise en compte la nécessité de favoriser l’environnement lettré notamment dans l’administration locale et dans les services étatiques ;

 mobilisation et gestion des fonds issus de différentes sources Etat, collectivités locales, Partenaires techniques et financiers, société civile, syndicats, organisations de la société civile, privés, fondations, etc., par le biais d’une structure légère et souple qui présente aussi toutes les conditions d’acceptabilité des parties prenantes ;

 reddition des comptes publique comme un exercice essentiel à la fin de chaque campagne annuelle

DES CONDITIONS CRITIQUES

La première condition est relative aux valeurs à mettre en avant. Il faut faire en sorte que l’Etat ne se positionne pas comme demandeur, offrant des choses gratuitement aux citoyens. C’est toute la problématique de la responsabilisation et de l’autonomie des citoyens, des communautés et des collectivités locales en rapport avec les politiques publiques co construites.

La seconde condition devrait valoriser les apprentissages des néo alphabètes en s’inscrivant dans l’utilisation des langues nationales dans l’espace public et dans les activités économiques. Dans cette perspective, l’éducation tout au long de la vie, la valorisation des compétences des acteurs et actrices apprenants comme facilitateurs devraient prendre toute autre dimension.

La troisième condition est l’existence et le développement d’un fort mouvement d’apprenants et d’apprenantes qui vont constituer un levier important de la stratégie.

CE QUE L’ON GAGNE EN METTANT EN ŒUVRE L’INITIATIVE DE RESORPTION ACCELEREE DE L’ANALPHABETISME

L’opposition à la résolution de la question de l’analphabétisme au Sénégal, si une politique adéquate de communication est développée, serait presque nulle et un accord national pourrait se construire (les acteurs de l’éducation et la formation avec les chercheurs, les cadres de l’éducation, les coalitions et réseaux, les collectivités locales, les apprenants sont potentiellement favorables à cette initiative).

 la résolution de la question de l’analphabétisme dans le cadre de l’éducation au développement durable contribue à asseoir une société plus démocratique avec le développement des capacités critiques et une meilleure compréhension des questions nationales et la promotion de valeurs positives ,d’une société solidaire ;

 la préparation d’un nombre important de jeunes urbains à vivre en campagne et travailler à leur reconversion dans les activités productives rurales, c’est une question critique dans le processus de mutation de nos sociétés ;

 le maintien d’un certain nombre de jeunes dans des activités gratifiantes pendant deux à trois ans le temps que les politiques d’emploi se mettent en œuvre ;

 le renforcement de la citoyenneté dans le cadre de la focalisation des énergies sur des causes nationales, la prise de conscience et l’engagement des jeunes ;

 le rapprochement des autorités et des administrations déconcentrées, décentralisées des citoyens ainsi que des services qui sont fournis aux populations ainsi qu’une meilleure accessibilité des politiques publiques ;

 activer le potentiel du mouvement associatif en les insérant dans des dispositions d’atteinte des résultats de développement ;

 la disponibilité d’une masse critique de citoyens pouvant valablement prendre en charge les politiques économiques, sociales et culturelles et leur propre auto prise en charge et celle-ci se positionnant comme interlocuteur crédible.

 La jonction des universités et des universitaires avec le peuple dans le cadre de la prise en charge des besoins des communautés ;

Les raisons avancées précédemment dans les justificatifs fondent aussi les exigences d’articulation entre la prise en charge de la petite enfance et l’éducation jeunes et des adultes.

RECOMMANDATIONS

Ces propositions sont indicatives. Elles prennent en compte certaines indications développées dans la première partie du texte. Elles se fondent sur le potentiel existant dans le mouvement associatif et le tissu institutionnel du Sénégal pour prendre efficacement en charge un certain nombre de problèmes si l’appui, l’accompagnement et le suivi adéquat sont mis en œuvre effectivement. C’est une approche de proximité qui pourrait permettre de dire « pour chaque entité de proximité, un objectif à atteindre » , à titre illustratif. Il faut beaucoup d’audace et de confiance avec un système de suivi et de contrôle pour pallier les déviances potentielles. Il s’agira de s’appuyer sur les dispositifs existants et mettre en place un mécanisme d’accompagnement, de formation, de suivi, de contrôle et promouvoir une collaboration entre les institutions déconcentrées de l’éducation et ces structures.

EN GUISE DE DERNIERS MOTS

En fin de compte, cette contribution est tout juste un appel pour, d’une part, attirer l’attention pour une plus grande ambition dans la prise en charge de l’alphabétisation et de la petite enfance et, d’autre part, pour une plus grande mobilisation de la société civile, des universités, du secteur privé et des collectivités locales pour un partenariat plus efficace avec l’Etat.

Oser sortir des sentiers battus et innover en fixant des objectifs à la dimension des enjeux de développement de notre société avec la prise en charge effective de la petite enfance et l’alphabétisation des jeunes et des adultes est notre préoccupation.

Le succès dans cette entreprise permet de mieux réussir l’éducation pour tous, tout au long de la vie pour des sociétés conscientes, fortes, développées et solidaires.

L’alphabétisation aboutie, c’est la sécurité, le progrès scientifique et technique, le développement économique et social, la démocratie politique, l’épanouissement culturel des individus et des communautés et plus d’autonomie. Elle permet une bonne régulation entre la personne et son environnement, c’est le développement communautaire, c’est donc la solidarité, la culture de la paix durable, une société durable.

C’est un appel à plus d’ambition en direction du peuple, de ces millions d’analphabètes, un appel à un réexamen des stratégies de développement si on s‘inscrit dans la construction d’une société durable. Un appel à la société civile, dans sa diversité, de se saisir de la problématique de la résorption accélérée de l’analphabétisme, un appel à la jonction avec les CL, les universités, le secteur privé.

En dernière analyse, c’est une interpellation pour plus de responsabilité et de hauteur, au-delà des discours, car opter pour maintenir dans l’analphabétisme des millions de sénégalais et de sénégalaises, à l’orée 2025, doit vraiment poser problème pour ceux qui ont de l’ambition pour ce pays et pour ceux qui détiennent des pouvoirs de décision.

Babacar Diop est Président de l’Association panafricaine d’alphabétisation et d’éducation des adultes (Paalae). Il est professeur à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop -

Charles Owens Ndiaye est expert en ingénierie de développement local

Source : http://pambazuka.org/