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Défendre la souveraineté alimentaire des peuples

D 14 décembre 2010     H 04:04     A Pierre Sidy     C 0 messages


En octobre dernier, l’IFPRI (Institut international de recherche sur les politiques alimentaires) a sorti
coup sur coup son rapport « Réduire la faim de moitié. Atteindre le premier objectif du Millénaire pour le
développement par « une approche inhabituelle » »(sic !) puis son pendant « 2010 Indice de la Faim dans
le Monde. Relever le Défi de la Faim, Objectif : Eradiquer la Sous-alimentation Infantile ». Selon cet institut,
« les efforts visant à atteindre l’objectif de réduction de la faim se sont fortement écartés de leur voie et le
monde s’éloigne de plus en plus de l’objectif fixé. » Par rapport aux pratiques de ces dix ans passés, la
« réduction de l’extrême-pauvreté et de la faim » en 2015, comme le fixait le système des Nations Unies en
2000 pour 2015, ne sera pas atteinte… A priori ces constats confortent les militants de terrain qui ne
cessent d’alerter sur la persistance de la faim dans le monde (où il est maintenant avéré que le milliard de
personnes souffrant de ce fléau a été franchi en 2009) voire sur son aggravation en Afrique subsaharienne
et en Asie du Sud, et même – ajoutons-nous – sur une insécurité alimentaire rampante, inhérente à des
accaparements iniques de terres agricoles pour faire des agro-carburants, processus qui vont saigner des
pans entiers des paysanneries et condamner les
cultures vivrières.
La persistance de la faim dans le monde s’illustre
particulièrement par la forte prévalence de la
malnutrition infantile qui fait que 40% des enfants
vivant en Afrique souffrent d’un retard de croissance.
« En Afrique sub-saharienne, les politiques
gouvernementales peu efficaces, les conflits,
l’instabilité politique et le fort taux de prévalence du
VIH/SIDA sont à l’origine du taux de mortalité
infantile élevé et de la sous-alimentation d’une large
partie de la population. » Les quelques pays (dont
l’Angola et le Mozambique en Afrique) qui ont pu
améliorer leur « indice de la faim » ont connu
d’abord, et pour des raisons déterminées, un niveau
relativement appréciable du Revenu national brut…
Les gouvernements devraient, selon l’institut, s’attaquer aux causes sous-jacentes de la sous-nutrition :
insécurité alimentaire, manque d’accès aux centres de santé et à des soins de qualité, autant de facteurs
exacerbés par la pauvreté et les inégalités, dont celles fondées sur le genre : « lutte contre les inégalités »,
glisse-t-il même dans le ton des naïves incantations du Système des Nations Unies, mais se ressaisit vite en
disant qu’il faudrait aussi introduire davantage le privé et les économies émergentes dans ce processus de
réduction de la faim…
En fait d’« approche inhabituelle » (re-sic !) il s’agirait, lisons-nous, de réformer le « système mondial de
gouvernance ». L’IFPRI oublie que c’est aux pillages et exploitations capitalistes qu’il faut s’attaquer car ils
impliquent pauvreté et insécurité alimentaire pour les dominés.

Pierre Sidy