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Israël-Afrique : Pas de « coopération » mais Boycott,-Désinvestissement-Sanctions !!!

D 30 juillet 2010     H 09:58     A Mariam Seri Sidibe     C 0 messages


A juste titre, le monde entier a été révolté par l’attaque
meurtrière des forces israéliennes contre la Flottille de la paix en
direction de Gaza qui amarrait dans les eaux internationales. Les
réactions unanimes condamnant cet acte de terrorisme ne se
sont pas fait attendre en Afrique, continent qu’Israël convoite
depuis plusieurs décennies. Les mouvements syndicaux, à
l’exemple de la Cosatu sud-africaine, ou citoyens comme le
Mouvement des femmes du Sénégal, exigent de leurs dirigeant-es
de rompre toutes relations avec l’Etat sioniste. En Mauritanie,
c’est le mouvement estudiantin qui prend la tête de la
contestation. Tant qu’Israël occupera la Palestine et violera
impunément le droit international, il doit être exclu des Nations-
Unies. C’est ce qu’Aminata Traoré, ancienne Ministre de la Culture
du Mali, et membre du Tribunal de Russel, souligne au moment
où le TPI poursuit des chefs de guerre africains pour crimes.
Mais l’assaut de la Flottille révèle aussi ce qui est déjà entamé
depuis plusieurs décennies. Israël développe depuis longtemps
des contacts et collaborations avec les régimes africains, et avec
la complicité des USA, de la France et de l’Angleterre entre
autres.

Intéressement économique

Officiellement, Israël n’entretient des relations diplomatiques
qu’avec 12 Etats d’Afrique. En réalité une quarantaine dont les
plus marquants sont l’Egypte, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud
notamment durant l’apartheid, mais aussi la Mauritanie. Mais
l’Afrique intéresse Israël surtout sur le plan économique. Ainsi, si
l’industrie aurifère est encore contrôlée par l’Europe, Israël
entend s’y tailler la part du lion ainsi que dans l’exploitation du
colombite-tantalite, composante principale de cartes à puces, de
l’informatique et de la téléphonie mobile. Le commerce du
diamant et de l’armement constituent aussi les principaux
domaines d’expertise économique israélienne en Afrique. De
grandes sociétés telles que Solel Bonet, Koad Industries, Meïr
Brother, Agridgo, investissent le marché africain via des emprunts
de la Jahet Bank.

La realpolitik économique permet ainsi à Israël tout de même
de maintenir des liens comptables et notables, l’Afrique du Sud
restant bien évidemment le premier partenaire commercial, suivi
par le Kenya, le Nigéria, la Centrafrique et la Guinée pour
l’exploitation minière. Mais c’est surtout depuis l’apparition des
Nouvelles technologies d’information et de communication,
qu’Israël étend son champ d’action. Ainsi, depuis 2009 c’est
Alvarion Leader qui assure l’ensemble du réseau NTIC au Burkina
Faso. Ceci est d’autant plus inquiétant que l’ensemble des
réseaux informatique de renseignements militaires est aux mains
de cette société. Ainsi, au Congo et en Côte d’Ivoire le centre de
surveillance électronique qui contrôle et pilote des drones de
reconnaissance de sécurité est géré par des militaires israéliens.
Dans les années 1960, Golda Meir, alors Ministre des Affaires
étrangères, pressent que la viabilité économique du pays ne
saurait se passer de la manne financière que représente les Etats
africains nouvellement indépendants. Prétextant que les peuples
africains et israéliens sont tous deux victimes de crime contre
l’humanité, qu’ils ont en commun de s’être libéré du joug
colonial, et ont du mettre en valeur « une terre ingrate », elle va
entamer d’âpres négociations auprès des tous nouveaux
gouvernements, plutôt prompt à se tourner vers l’URSS et les
pays non alignés, telle la Chine. Ainsi l’Afrique ne tombera pas
aux mains des communistes mais restera au sein du giron
capitaliste. Dans le même temps, Israël entretient des relations
diplomatiques avec le Parti National afrikaner, le promoteur de
l’Apartheid, et apportera également sa contribution dans le
domaine du nucléaire au régime de Pretoria. En 1967, suite
notamment à la guerre des 6 jours, et surtout en 1973 (guerre
du Kippour et invasion du Canal de Suez) la plupart des Etats
africains rompent toute relation avec l’Etat sioniste à l’exception
notable du Lesotho, du Malawi et du Swaziland. Cet isolement
atteindra son apogée en 1975, lorsque l’ONU vote la résolution
3379 assimilant sionisme et racisme.

Ancienne et nouvelle géopolitiques

Au paroxysme de la guerre froide, la percée israélienne en
Afrique bénéficiera également de l’appui financier de la CIA dont
les experts israéliens assureront par délégation les taches de
formation, d’encadrement et de protections militaires. Cette
infiltration permettra entre-autre, la formation des premiers
pilotes des armées ougandaise, kényane, congolaise et
tanzanienne. C’est ainsi que Mobutu et Idi Amine Dada, ont pu
s’emparer du pouvoir. Au même moment, une alliance tacite
israélo-états-unienne finançait les mouvements contre
révolutionnaires africains dont l’Unita angolais contre le MPLA et
l’Inkhata sud-africain contre l’ANC et la SWAPO. En Afrique du
sud et en Mauritanie, le Mossad interviendra directement dans
l’élimination d’opposant-e-s aux régimes d’apartheid et ethnofasciste.
En outre, si aujourd’hui si le communisme n’est plus à
craindre, l’Occident s’est inventé un nouvel ennemi : l’islamiste !!!
De la théocratie iranienne de Mamoud Ahmadinejab qui a
récemment reçu un accueil chaleureux au Kenya, à Djibouti et
aux Comores aux sous-groupes de la nébuleuse Al-Qaida dans la
corne de l’Afrique, en passant par le GIA algérien ou les
« talibans » nigérians, le Mossad, toujours en appui de la CIA,
des services secrets français et de l’armée états-unienne, se
propose d’en combattre le développement sur le sol africain.
Ainsi, le nord du Mali et la Mauritanie sont actuellement
virtuellement sous contrôle de l’armée étatsunienne.

Les Juifs éthiopien-ne-s

En 1984-1985, au plus fort de la famine qui frappe la corne
de l’Afrique, l’armée israélienne, la CIA, l’Ambassade US à
Khartoum, des mercenaires et l’Etat soudanais organisent le
transport aérien de milliers de réfugié-e-s éthiopien-ne-s de
confession juive (les « Falashas » ou « beta Israël ») pour
rejoindre des camps de fortune au Soudan. 4.000 adultes
meurent entassé-e-s dans des conditions inhumaines. Les enfants
sont évacués vers Israël sans familles et souvent adoptés. En
1991, 14.000 personnes seront finalement exfiltrées en 36 heures
vers Israël. Elle y seront installé-e-s dans des caravanes et
subiront un profond choc culturel ainsi qu’un racisme populaire et
institutionnel qui provoqueront des suicides dans cette
communauté.
La tournée entreprise en septembre 2009 par Avigdor
Lienmann vise clairement à reconquérir le soutien des
représentant-e-s africain-e-s au sein de l’ONU et de peser contre
le programme nucléaire iranien et la présence-concurrence de
plus en plus importante de la Chine dans les domaines du
pétrole, du bâtiment, de l’agriculture, et bientôt des technologies
de pointe, chasse gardée de l’Etat hébreux. C’est aussi l’occasion
pour les dirigeant-e-s israélien-ne-s de former un bouclier de
sécurité autour de la Lybie, du Soudan et de l’Algérie réputés
hostile à l’existence de leur Etat.
Les agissements d’Israël envers le peuple palestinien ne sont
pas qu’une affaire moyen-orientale. Outre l’expression du soutien
indéfectible à la lutte des Palestinien-ne-s contre le colonialisme
et le racisme, il faut aussi dénoncer les implications israéliennes
dans l’exploitation capitaliste du continent africain. Et cela signifie
donc aussi faire le procès de la politique menée en notre nom par
nos dirigeant-e-s.

Mariam Seri Sidibe !