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L’État-nation Afrique

D 16 juin 2013     H 05:01     A     C 0 messages


L’État-nation Afrique était une exigence à l’époque du panafricanisme classique,alors que la résistance au colonialisme avait un contenu nationaliste,les partis socialistes ou communistes étant très minoritaires sauf en Égypte et au Soudan.Ces partis n’arrivaient pas d’ailleurs à harmoniser leurs luttes sur la nécessité de l’unité politique du continent.

L’alliance avec l’Union soviétique était vitale pour eux.En fait c’est la perspective d’une Afrique unie,mais socialiste qui aurait du leur permettre de jouer de rôles décisifs.Aujourd’hui,le contexte a changé au niveau mondial.Le socialisme comme projet sociétaire est entrée par tous les médias.L’information se fait à sens unique.Les pires crimes du capitalisme sont passés sous silence.On fait comme si le capitalisme n’avait rien à voir avec le drame rwandais.

L’origine des maux dont souffre l’Afrique serait principalement dans les idéologies et cultures des modes de production pré capitaliste:islamisme,éthisme.Alors qu’elles traduisent l’impuissance de surmonter la grande crise globale.Pour la surmonter ;il faut dépasser l’horizon du capitalisme.Dans son plaidoyer pour l’unité européenne,Albertini Mario maudit la nation.Pour lui,c’est elle qui est la cause principale de la deuxième guerre mondiale et non pas les fantasmes de Hitler,ni même le choix conjoncturel de la bourgeoisie allemande.

Pour lui la disparition de l’État Europe est la condition par excellence de la paix,de la démocratie et du bien être économique en Europe.Si nous transposons son analyse l’État-nation Afrique ne serait qu’un maillon dans la construction d’une nouvelle société mondiale.Pour les panafricanistes Albertini a raison.Il faut tuer l’idée de la construction de l’État-nation Afrique,étape nécessaire pour la construction d’un système mondial meilleur pour les peuples africains.Mais il ne dit rien du rapport de cette Europe dont il met jamais en question la domination du capitalisme,avec le reste du monde et notamment avec le Sud et les USA.Lorsque ces dimensions sont prises en compte,on revient à la conclusion tirée par Samir Amin dans l’analyse de l’accumulation à l’échelle mondiale,à savoir que les contradictions centre-périphérie structurent les rapports sociaux et les rapports entre États depuis les années 1880.

Toni Negri sans partager le cadre d’analyse général de ce dernier,soutien que le néoliberalismes est un stade du capitalisme dans lequel la mondialisation des pouvoirs politiques,économiques et militaires de la triade a atteint un niveau si élevé que l’efficacité des luttes de classes ne se conçoit plus qu’à l’échelle mondiale."Pour ces peuples,écrit-il,cette lutte doit avoir pour objectif ultime non pas le retour nostalgique à la social-démocratie dans les centres et au développementalisme dans les périphéries,mais l’instauration du communisme.

 Le panafricanisme NKRUMAHISTE,ainsi avons nous vu,plaçait la lutte pour l’unité politique du continent dans une perspective post-capitaliste.Le socialisme en tant que projet sociétaire pour les peuples doit être meilleur que le capitalisme en matière de démocratie participative.Il rejette l’économie néo-colonial de l’intégration des marchés,le scientisme soviétique de la division internationale du travail et le confusionnisme populiste doit être transparente et le compromis sur la division intra-régionale du travail plus difficile à trouver que dans le cas du capitalisme,car une fois l’aliénation du travail éliminée,la démocratie dans l’entreprise s’impose autant que dans la société.Comme la participation des travailleurs à la décision n’est pas un vaccin contre les erreurs,il faut considérer l’alternance des équipes dirigeantes au pouvoir central comme un moyen qui permet de rectifier les erreurs.

Ces exigences compliquent encore le problème de la régionalisation au lieu de le simplifier. En effet entre pays socialistes qui ont chacun leur propre histoire,les contradictions entre l’idéologie de la fraternité de classe et les intérêts construits peuvent constituer des freins à l’élan unitaire même entre États différents d’une même nation.C’est pourquoi en se situant dans la perspective d’une transition longue.Samir Amin juge qu’en général les expériences populistes doivent être jugées avec indulgences,même lorsque le bilan économique est médiocre.A condition qu’ils aient fait avancer la conscience anti-imperialiste et socialiste.Pour nous,l’Afrique ne sortira véritablement de la grande crise que dans un monde post-capitaliste ou la démocratie participative et la justice sociale détermineront les rôles respectifs de l’État et du marché dans le développement économique.Un monde sans méga firmes transnationales qui décident de l’avenir des sociétés,sans aucun contrôle démocratique.

En attendant il est essentiel que la résistance contre les ravages du néolibéralisme s’ancre dans quelques principes qui permettent aux clivages gauche,droite,panafricaniste et aux anti-panafricanistes de se manifester clairement dans le débat théorique et dans l’action.Une trop grande confusion règne actuellement.Comment inscrire dans cette perspective la recherche des solutions aux grandes problèmes politiques,sociaux et économiques du continent,en distinguant le long terme,du court et moyen terme.

Serigne Sarr