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LA SITUATION DES LGBT EN AFRIQUE

D 25 mai 2014     H 05:38     A Busangokwakhe Dlamini     C 0 messages


L’équipe éditoriale de Pambazuka News reconnaît que la situation des Lgbt en Afrique est un problème urgent et important, notant le grand nombre d’individus qui continuent à souffrir de discrimination, d’intimidation, de répression et de violence. Les effets de la prévalence de cette discrimination, intimidation, répression et violence ne sont pas limités aux seuls Lgbt comme le prouve ce qui est devenu la "Déclaration de Vienne".

L’organisation Religions for peace s’est engagée, en novembre 2013 lors de sa 9ème assemblée mondiale à Vienne, en Autriche, à promouvoir "Welcoming the Other" (accueillir l’Autre), pour une vision multi religieuse pour la paix au cours de ses prochaines années. Religions for peace est persuadé que travailler pour la paix est une vocation. Cette vocation est enracinée dans la religion de chacun des membres. La paix est une partie importante de toutes les religions.

Religions for peace s’est engagé dans cet appel "welcoming the Other", en reconnaissant le degré de dépression et de violence causé par les attitudes rejetantes qui rendent la paix inatteignable. Ils ont discuté du fait que chacune des différentes traditions religieuses représentées lors des précédents sommets est parvenue à la conclusion qu’il y a plus d’éléments qui unissent que d’éléments qui divisent au sein des religions.. Ils se sont donc engagés à une action commune pour "accueillir l’Autre". Une action qui doit être au cœur même d’une vision multi-religieuse pour la paix, reconnaissant les valeurs profondément ancrées et largement partagées comme une fondation solide sur laquelle construire.

Les traditions religieuses ont en commun la valeur de la paix. L’assemblée a réaffirmé les éléments positifs de la paix partagés par les traditions respectives et s’est de nouveau engagée sous la bannière de la solidarité avec les plus vulnérables et pour la promotion de sociétés justes et harmonieuses. Les chefs des religions pour la paix et des représentants des différentes religions rassemblés à Vienne ont commencé leurs déclarations en confessant les fautes de croyants individuels qui ont trahi les enseignements pour la paix de leur religion. Ceci suggère que l’enseignement de la paix est contenu dans toutes les religions et sont une valeur commune. Toutefois, cette valeur est souvent trahie.

La preuve manifeste de cette trahison par certains chefs religieux a eu lieu au cours de la visite du président Obama en Afrique. Il est dit que les chefs religieux ont sévèrement critiqué l’appel du président Obama pour décriminaliser les relations entre gens du même sexe. Le président Obama a suggéré que les nations africaines octroient une protection identique à chacun sans considération de son orientation sexuelle. Il a soutenu que c’est un principe qui s’applique universellement. Il a été dit que c’était prendre les chefs religieux à rebrousse poil, certains provenant de pays qui considèrent l’homosexualité comme un crime.

Le président Obama a proposé un bien-être général et en a été vilipendé. Ce qui est notable, c’est que même les religions qui ne s’assoient jamais autour du même feu semblent converger vers une dénonciation véhémente des Lgbt, plutôt que d’oeuver pour le bien-être collectif. La trahison, encore une fois, devient évidente ici.

La trahison est plus fortement mise en évidence par le chef religieux qui coordonne l’Interfaith Action for Peace in Africa. Selon lui, le président Obama représentait des forces extérieures qui veulent imposer leurs volontés au continent. Il maintient que le devoir des chefs religieux c’est de s’élever contre de telles instances, plus encore contre l’homosexualité qui défie le commandement de Dieu.

Ce chef religieux trahit clairement la paix qu’il prétend coordonner. Il est difficile de savoir quel commandement de Dieu est défié par l’homosexualité. Ceci ne pourrait-il pas reposer sur une interprétation étroite de la Bible. Pour faciliter l’enquête, nous avons fait usage du point de vue de Christina Rees dans la Tablet du 19 octobre 2002. Là il est décrit comment l’interprétation et la compréhension des Ecritures ont une influence sur le comportement. Des interprétations et la compréhension étroites peuvent conduire à des comportements lamentables qui contredisent l’essence des valeurs des Ecritures et affaiblit le Corps du Christ ainsi que le ministère, la mission et le témoignage de l’Eglise.

Les interprétations étroites résultent souvent de la confusion entre l’autorité et l’interprétation des Ecritures. Cependant que les Ecritures font autorité, il ne s’en suit pas qu’il n’y ait qu’une seule interprétation valide et fidèle sur une question donnée. Après l’ascension du Christ, les disciples eux-mêmes ont eu une compréhension nouvelle des règles diététiques, de la circoncision et de l’immense question qui consiste à accepter que l’offre de salut du Christ a été étendue à chacun, y compris les méprisés Gentils. A notre époque, l’offre de salut s’étend aussi aux Lgbt méprisés.

Les Chrétiens croient au Saint-Esprit comme étant le troisième élément de la Trinité. C’est faire obstacle au travail en cours du Saint-Esprit au sein de l’Eglise que d’insister sur une lecture inaltérable et sur une compréhension incontestable de certaines interprétations des Ecritures. L’Eglise, plus que tout, doit écouter Dieu si elle doit retenir son identité de luminaire, qui est l’une des principales raisons de son existence.

Reconnaissant que certains croyants trahissent les enseignements de paix de leur tradition, les délégués de Religion pour la Paix ont poursuivi leur engagement pour une culture pour la paix qui promeut le bien-être collectif, enraciné dans la guérison commune et ont attiré l’attention sur ce qu’ils considèrent comme une nouvelle menace sur la paix, notamment l’hostilité croissante à l’égard de l’Autre. Ceci est reconnu comme une manifestation d’intolérance qui souvent revêt des formes de violence.

Les différentes traditions religieuses peuvent devenir des centres d’éducation pour accueillir l’Autre, renversant ainsi la marée montante d’hostilité à l’égard de l’Autre. L’hostilité sociale à l’encontre d’individus ou de groupes, alimentée par la peur et l’intolérance de l’Autre, menace la dignité humaine, la bonne gouvernance et le bien-être commun, ont-ils affirmé.

Le sommet a appelé les chefs religieux et les croyants à reconnaître la valeur des initiatives de la base, menées par les jeunes et qui visent à accueillir l’Autre et à promouvoir une paix durable. Les communautés religieuses doivent affronter l’hostilité à l’égard de l’Autre, aussi bien parce c’est une menace que parce que c’est aborder les menaces critiques contre la paix, ont-ils dit.

Le sommet pour la vision multi-religieuse pour la paix a appelé tous les croyants à accueillir l’Autre. Cette vision est enracinée et partagée par différentes religions et fait appel à une profonde solidarité et à l’empathie à l’égard de l’Autre. Pour le sommet, cet appel s’enracine dans un esprit d’unité, valeur largement et profondément partagée par les communautés religieuses. L’Accueil de l’Autre est considéré comme signifiant l’acceptation et le respect des uns et des autres. Pour les adhérents aux religions africaines traditionnelles, cet appel s’enracine dans l’esprit d’Ubuntu.

Accueillir l’Autre renforce la tolérance et demande à chaque communauté de se tenir solidaire aux côtés de l’Autre vulnérable et d’affirmer sa dignité et son bien-être avec toute la force de son enseignement moral et religieux respectif. Accueillir l’Autre demande aux membres de promouvoir la pleine dignité humaine au travers du développement holistique des humains. Accueillir l’Autre invite chacun à prendre soin, à construite en commun le bien-être partagé, ce qui inclut le respect de la nature et le fait de se mettre en harmonie avec elle. Accueillir l’Autre signifie voir en l’Autre soi-même. Accueillir l’Autre signifie le rejet de la complicité dans la destruction de la terre qui aggrave les désastres et la détresse humaine. Les religions pour la paix ne sont clairement pas engagées dans la lutte pour les droits des personnes Lgbt. Leurs préoccupations concernant l’hostilité croissante et l’appel lancé à tous les croyants pour qu’ils soient accueillants et pour trouver ce qui rassemble plutôt que ce qui divisent est l’orientation juste pour le futur des personnes Lgbt, particulièrement en Afrique où ils tendent à être considérés comme des criminels.

Frère Dr Busangokwakhe Dlamini est un militant, un éducateur et un conseiller pastoral des personnes Lgbt dans la province de KwaZulu Natal. Il provient de Ndwedwe qui est à l’intérieur des terres, au nord de Durban. Il gère une organisation à but non lucratif du nom de Siyakhana dans la communauté oecuménique de Paraclete qui offre des services psycho.spirituels à la population Lgbt. Il enseigne l’écriture à l’université de Kwazulu Natal à Pietermaritzburg –

Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

Source : http://www.pambazuka.org/