Vous êtes ici : Accueil » Communiqués / luttes et débats » Livres Etudes Débats » PS : le bonheur est toujours dans le Pré…carré (africain)

PS : le bonheur est toujours dans le Pré…carré (africain)

D 8 novembre 2011     H 04:22     A Paul Martial     C 0 messages


Pour comprendre la politique du Parti socialiste français vis-àvis
des anciennes colonies, il faut remonter loin dans le
temps, au début du XXè siècle, précisément en Août 1914. P
A cette époque la concurrence inter-impérialiste ne cesse de
s’accroître allant jusqu’à des conflits armés en Afrique. La
puissance industrielle de l’Allemagne exige un contrôle des
matières premières et des débouchés

Cette tension entre les possédants des pays capitalistes
s’exacerbe au point que la guerre éclate. Jaurès qui déclarait
que : « Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée
porte l’orage » est assassiné. Ce qui paraissait improbable,
quelques jours auparavant, se réalise : les partis socialistes des
pays impliqués se rangent, chacun, derrière leur bourgeoisie et
votent les crédits de guerre. La ligne de partage de classe est
abandonnée au profit d’une ligne d’union nationale. Par ce vote
les partis socialistes vont envoyer les travailleurs et leurs
adhérents tirer sur d’autres travailleurs, d’autres socialistes ! Ce
carnage, de neuf millions de morts et vingt millions de blessés, se
fit au nom de la Patrie. Comme disait Anatole France : « On croit
mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels ».
Le PS abandonne l’internationalisme au profit d’un nationalisme
qui milite pour la puissance de la France. A l’époque de
l’impérialisme cela équivaudra à défendre une politique
colonialiste.

Mitterrand précurseur de la Françafrique

C’est ainsi qu’on vit les débuts politiques d’un certain François
Mitterrand manifester en janvier 1936, contre Gaston Jèze,
défenseur de la cause Ethiopienne, qui acceptait d’être au côté
du Négus face à l’agression de Mussolini contre ce pays. Il sera
surtout une pièce maîtresse dans la politique colonialiste de la
France lors de son passage au Ministère de l’Outre-Mer en 1950,
en manoeuvrant afin que le Rassemblement Démocratique
Africain (RDA) accepte le projet néocolonial de la France. En ce
sens Mitterrand a posé la première pierre de la Françafrique.
Plus récemment l’espoir d’un changement politique vis-à-vis de
l’Afrique, lors de l’arrivée au pouvoir du PS et du PCF en 1981,
s’envolera aussi brutalement que la démission de JP Cot, Ministre
de la Coopération, qui avait eu la naïveté de croire à de nouvelles
relations entre la France et l’Afrique.

Restant fidèle à la logique de la 5e République, Mitterrand
gardera la mainmise sur les affaires africaines. Il ne détruira pas
les réseaux Françafricains de la droite, mais se contentera d’y
ajouter le sien. De ce point de vue le témoignage de Loïk Le
Floch-Prigent est éclairant quand il rapporte la demande de
Mitterrand pour un financement des socialistes sans pour autant
arrêter celui de la droite[1]. C’est ensuite une longue descente
aux enfers du PS entre le détournement d’argent, dans l’affaire
du Carrefour du Développement à l’Angolagate, où Jean
Christophe Mitterrand, ancien Monsieur Afrique de son père, sera
impliqué dans le trafic d’armes avec les réseaux de Pasqua.

PS et l’Afrique : parole…parole…toujours des paroles[2]

De forts soupçons continuent de peser sur le financement du PS
par la filière africaine. Aziz Miled, ancien Ministre de Ben Ali (bien
connu pour avoir prêté son avion personnel à Mme Alliot Marie) a
financé un Think Tank : l’IPEM, fondé par Mme Guigou et son
mari.[3]
Fabius quant à lui, a bénéficié pour sa tournée africaine des
services d’un biznessman béninois, fondateur d’un Think tank aux
orientations très libérales.
Wikileaks a révélé qu’Omar Bongo avait financé la campagne de
l’UMP et celle du PS par le biais de détournements de fonds de la
BEAC (Banque des Etats d’Afrique centrale). Si le PS, comme
l’UMP, ont nié, certains comme le député André Vallini ont été
plus prudent : "Nous savons tous précisément qu’Omar Bongo a
financé de nombreuses campagnes électorales à droite, mais
aussi à gauche parfois, peut-être ». On l’a entendu dire. « Je
crains hélas que cela soit un peu vrai, y compris concernant la
gauche"[4] »

Pour se justifier, les dirigeants socialistes brandissent le discours
de la Baule, comme les sarkosystes brandissent celui de Cotonou
où il était question de rupture avec la Françafrique.
Le responsable Afrique du PS n’hésite pas à écrire : « Le discours
de la Baule, quoique tardif, fut donc néanmoins symbolique d’un
basculement théorique, l’autocratie étant clairement rejetée et
l’ouverture politique saluée avec la promesse d’une aide « tiède »
pour les pays adeptes de la première et d’une coopération plus « 
enthousiaste » avec ceux mettant en oeuvre la seconde. »[5]
On cherche encore le « basculement théorique » dans le soutien
de Mitterrand aux pires extrémistes Hutu du Rwanda qui conduira
la France à être complice du dernier génocide du 20è siècle.
Le discours de la Baule était, avant tout, une réponse aux luttes
pour les libertés démocratiques qui se déroulaient sur le continent
Africain et qui faisaient écho à la chute du mur de Berlin, comme
au Gabon, en Côte d’Ivoire, à Madagascar ou en Afrique australe
où l’apartheid vacillait après la chute du mur de Berlin.

Les propositions du PS sont bien loin de répondre aux attentes
des peuples africains. Le PS parle bien de fermer les bases de
l’armée française en Afrique…tout en maintenant les dispositifs
pour sauver les ressortissants français, mais surtout, il est loin de
condamner les interventions militaires, notamment en Côte
d’ivoire ou en Libye. L’idée porte plus sur le remplacement des
interventions de la France par celles de l’Union Européenne.
L’impérialisme ne serait plus tricolore, mais étoilé ; voilà un
progrès tout à fait remarquable !

De son côté, François Hollande déclarait, dans une interview à
Jeune Afrique[6] : « que les dirigeants n’ont rien à craindre de
lui » « Nous ne cherchons pas à déstabiliser des pays africains et
leurs dirigeants », ajoutant qu’il serait vigilant concernant le
respect de la démocratie ; dans ce cadre, ce que propose le PS
est tout simplement que l’UE aide aux processus électoraux des
pays africains. On a vu avec quels résultats au Togo où l’UE a
avalisé les fraudes électorales sous l’injonction du grand
démocrate européen, Louis Michel.

Au sujet de la domination économique de la France vis-à-vis des
pays africains, même la position de Montebourg, pourtant la plus
à gauche sur l’échiquier des primaires du PS, se refuse à rompre
avec la logique de la division internationale du travail : « Je suis
favorable à ce que, dans une nouvelle approche des relations
Europe-Afrique, on retrouve l’esprit des accords de Lomé dans
lesquels, au nom du développement et de la coopération, la
production des pays africains bénéficiait d’accords
préférentiels [7] ». Certes les accords de Lomé sont mieux que les
Accords de Partenariat Economique mis en place par l’OMC
(dirigé par le socialiste Lamy) qui étouffe l’activité économique
des pays Africain. Cependant ces accords de Lomé ne font que
renforcer la dépendance des pays africains aux pays riches en les
confinant dans leur rôle d’exportateur de matières premières,
même si ces dernières peuvent être payées un peu plus chères
que sur le marché mondial.
C’est ce système qu’il faut briser. Pour cela le courage politique,
contre les diktats des industriels et des financiers, est
indispensable et c’est précisément ce qui manque dans la
politique intérieure, ou extérieure, du PS.

Paul Martial

[1] Documentaire Françafrique, 50 années sous le sceau du secret. Produit par la compagnie des phares et
balises

[2] Un beau résumé d’une supportrice socialiste … Dalida !

[3] Voir le canard Enchainé du 16 février 2011

[4] http://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/12/30

[5] Quelle politique africaine pour la France en 2012 ? de Thomas Mélonio édition Jean Jaurès Fondation

[6] Jeune Afrique n° 2639 du 7 au 13 août

[7] http://www.arnaudmontebourg.fr/la-france-doit-solder-son-passe-en-algerie/#more-657