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RACISME NORMAL SOUS UNE PRÉSIDENCE NORMALE : LES « Y A BON AWARDS »

D 10 août 2013     H 05:26     A Mariam Seri Sidibe     C 0 messages


Il est des cérémonies qu’on aurait aimé ne jamais créer. Il est des trophées qu’on n’aurait jamais aimé à avoir à attribuer. Les « Y a bon awards » sont de ceux-là.

A l’instar des « Gérard du pire de la télé », parodie des 7 d’Or avec remise d’un parpaing au lauréat, les Indivisibles remettent depuis 5 ans, la Banane d’Or du racisme médiatico-politique à diverses personnalités s’étant particulièrement distinguées dans ce domaine. Et force est de constater que ça se bouscule au portillon… A croire que la banane est le fruit préféré de nos stakhanovistes de la connerie…

Cette année encore, le cru fut de qualité exceptionnelle… De Jean-Luc Mélenchon et ses « Afghans » à Élisabeth Lévy, l’hallucinée de l’ennemi intérieur, en passant par Estrosi et sa fameuse « prostituée chinoise », Marine Le Pen et ses « Arabes mélenchonistes », une fois de plus nos « empaffés » se sont surpassé.

C’est dans un Cabaret Sauvage plein à craquer d’un public festif et divers, intergénérationnel, que le racisme « normal » sous une présidence « normale » a été moqué, voire même, conspué.

C’est un jury hétéroclite composé de l’animatrice de télévision Enora Malagré, le géopolitologue Pascal Boniface, l’humanitaire Rony Brauman, l’humoriste Océane Rose Marie, les journalistes Denis Robert, Yasmine Chouaki, Anasthasie Tudieshe et Nadir Dendoune, le fondateur d’Act Up Didier Lestrade , la présidente de la fondation Frantz Fanon, Mireille Fanon-Mendès-France, les musiciens DJ Pone, DJ Cut Killer et Marco Prince, la championne de boxe et écrivaine Aya Cissoko, l’entrepreneure Laurence Méhaignerie, l’initiateur de la Marche pour l’égalité de1983, Toumi Djaidja, et enfin le producteur et auteur du film la Cité Rose, Sadia Diawaraqui, qui a eu la lourde tache de désigner les lauréats 2013. Pour la première fois, présidence normale oblige, le palmarès est parfaitement paritaire. Et les gagnants sont… Véronique Genest, commissaire vieillissante, fille à peine cachée de Jeanne d’Arc et de Charles Martel et fatiguée de service, Franck Tanguy, inconnu de tous sauf des beaufs de RMC, Jean-François Copé l’apprenti boulanger, Jean-Sébastien Vialatte, le nostalgique de l’esclavage, Elisabeth Badinter, la grande pédiatre spécialiste du terrorisme de nos chers bambins et la désormais très célèbre psychopathe hallucinée, Élisabeth Lévy.

Le premier prix, intitulé « Super Patriote », est revenu à l’actrice Véronique Genest pour sa confession : « Alors tout de suite : islamophobe ! Raciste ! Alors moi, j’ai réfléchi. J’ai réfléchi et je me suis dit :

“Islamophobe. Islamophobe, ça veut dire c’est la phobie c’est la peur.” C’est bien ça ? Alors effectivement, peut-être je suis islamophobe. Ce soir, je fais mon coming out : oui probablement que je suis, comme beaucoup de français, islamophobe. »

Le deuxième prix, baptisé « Retourne chez ta mère », a été attribué à Franck Tanguy, chroniqueur à RMC, qui avait avoué :

« Très franchement, quand je vois un barbu en djellaba qui traverse au feu rouge, j’ai envie d’accélérer. »

Le troisième, « Territoires perdus de la République » a récompensé le président de l’UMP, Jean-François Copé, pour son dérapage lors de la campagne pour la présidence du parti :

« Il est des quartiers où je peux comprendre l’exaspération de certains de nos compatriotes, pères et mères de famille, rentrant du travail, le soir, apprenant que leur fils s’est fait arracher son pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous qui lui explique qu’on ne mange pas pendant le ramadan. »

Le quatrième prix, appelé « Au bon vieux temps des colonies », a été remis à Jean Sébastien Vialatte, député UMP, qui avait twitté :

« Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves. Taubira va leur donner des compensations. »

Le cinquième prix, « Racisme à peine voilé »

est revenu à la philosophe et femme d’affaires, Elisabeth Badinter, qui avait lâché en mars 2013 : « D’un côté, on commémore les victimes de Mohamed Merah et on veut combattre l’islamisme radical et de l’autre on laisse faire l’entrisme de ces islamistes dans des crèches de quartier. Il faut absolument réagir très vite. »

La grande gagnante enfin, « pour l’ensemble de son œuvre » est la journaliste Elisabeth Lévy pour ses nombreuses déclarations.

La salle a tenu à saluer, pour l’ensemble de son œuvre, lui aussi, un homme qui m’est très cher : Robert Ménard, qui je crois est déjà en lice pour les Y a bon awards 2014, puisqu’il envisage rien moins que de « libérer Béziers et les Biterrois », en se présentant aux prochaines municipales en tête de liste FN…
Et nous avons eu la surprise de remettre sa Banane d’Or 2012, obtenue haut la main, pour l’ensemble de ses unes racoleuses – mais c’est du journalisme n’est-ce pas ? – l’éditorialiste de l’Express, Christophe Barbier, qui a donc découvert les unes que nous lui avons concoctées : notamment Islamisme et Piscine, ou Islamisme et diététique, est-ce compatible ?

En dépit de la bonne humeur, n’oublions pas que cette année a été marquée par la recrudescence d’actes et d’agressions racistes. La minute de silence en hommage à Clément Méric, nous rappelle que le racisme et le fascisme, on peut en rire certes, mais on peut aussi en mourir.

Alors, malheureusement 2014 sera encore l’année du racisme normal sous une présidence normale.

Mariam Seri-Sidibe

Source : http://www.afriquesenlutte.org/notre-bulletin/article/bulletin-afriques-en-lutte-no23