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« SOMBRES BOURREAUX »

D 2 février 2012     H 05:41     A Mariam Seri Sidibe     C 0 messages


Si le Capitaine N’TCHORERE, originaire du Togo, a sacrifié sa
vie le 7 Juin 1940 à Airesne, petit village de la somme, il
n’en fut pas de même pour beaucoup d’entre eux qui
choisirent le camp des nazis.

Nous sommes en 1968 à Bordeaux, la grève bat son plein et le
Général De Gaulle promet de battre la « chienlit ». Les dockers
sont tous en grève, sauf un, malade qui reste au fond de son lit.
Il s’agit de Norbert Désirée, guadeloupéen, arrivé en 1942 et ex
membre de la Légion des Volontaires Français contre le
bolchévisme. Il veut intégrer la Waffen SS, mais n’étant pas
aryen, ni même blanc, il sera envoyé …. en camp de
concentration.

Il avait pour modèle, le Capitaine de vaisseau Camille
MORTENOL, qui commanda la défense aérienne de Paris contre
les attaques nocturnes de l’aviation Allemande pendant la guerre
de 14-18.
C’est à la faveur d’une rumeur de cession des colonies françaises
des Caraibes aux USA, que N. Désirée, et d’autres de sa
générations embarqueront pour la France. Il ignore qu’avec
quelques uns de sa couleur il sera bientôt, avec l’émergence du
nazisme et du fascisme, confronté aux mêmes choix et aux
mêmes décisions. Collaborer ou résister.

Et si la communauté afro-antillaise est sensible à la lutte des
républicains espagnols et de l’anticolonialisme, tel le socialiste
Raphael Elizé (1), ou le chanteur franco-ivoirien John William (2)
qui s’engageront auprès des FFI, d’autres, comme Henry
LEMERY, Ministre de la Justice en 1934, combattra le
communisme en soutenant le régime Franquiste.
Tous les pays en guerre en Europe, connaitrons leur nazis noirs.
Beaucoup agiront pour le compte du IIIème Reich en Afrique ou
en Amérique du Sud, uniquement par haine des colonisateurs.
L’Afrique du Sud jouera un role prépondérant par son ralliement
au III Reich.

Beaucoup d’intellectuels afro-caraïbéens apporteront, souvent à
leur tort, une « collaboration » au régime de Pétain. C’est le cas
de Damas qui lisait ses contes guyanais à Radio-Vichy, mais
s’engagea au Front National de l’Indépendance de la France, un
mouvement de résistance, il en sera même décoré alors que la
cantatrice Germaine Lubin, métisse afro-kabyle, qui interprétera
Isolde de Wagner à Bayreuth en 1938 accompagnée par Herbert
Von Karayan (membre du Parti Nazi) et dont Hitler fera « sa
petite princesse noire ». Elle sera condamnée pour collaboration
en 1945.

C’est aussi un « nègre-blanc », Lawrence Dennis qui inspirera
dès 1929 le mouvement nazi américain, dont Georges Lincoln
Rockwell, un blanc sudiste, assurera la promotion lors du fameux
interview accordé en 1962 à Alex Haley, pas encore auteur de
« Racines », pour le magazine « Play Boy ».
Serge Bilé, à travers cet ouvrage, pose une bombe en révélant ce
coté sombre de la présence afro-caraibéenne en France. Loin de
juger ses hommes et femmes, il tente de démontrer le
mécanisme qui pousse certains à collaborer avec leur propre
bourreaux, quitte à en devenir un. Haine de l’autre, processus
colonial d’auto-dévalorisation, peuvent entre autre expliquer ce
phénomène.

Mais n’oublions pas qu’ils furent plus nombreux, célèbres ou
anonyme à payer de leur vie leur engagement au sein de la
résistance mais aussi de l’Armée de De Gaulle, tels Joséphine
BAKER ou Félix EBOUE sans qui le débarquement en Afrique et
en France n’auraient pas eu lieu et sans lesquels nous ne serions
pas libres.

Et comme le disait Raphael Elizée : « Bon dieu qu’ils nous tuent
tous, et que la terre soit débarrassée de ces sauvages ».

Mariam SERI-SIDIBE

(1) Raphael Elisée, premier Maire Noir de France. Elu à
Sablé-sur-Sarthe (actuellement dirigé par François
FILLON) de à 1929 à 1943. Membre de la résistance il
fut déporté sur dénonciation à Buchenwald le 9 Février
1945 ou il mourut le soir-même. Il exerça également en
tant que vétérinaire à Hirson (Aisne, ma ville d’adoption)
de 1939 à 1940.

(2) John William, de son vrai nom Ernest Charles Huss, né
à Grand Bassam en Cote d’Ivoire, de mère ivoirienne et
de père alsacien. Résistant communiste, déporté à
Neuengame (Hambourg, Allemagne). Président de
l’Association des Déportés de France, Chevalier de la
Légion d’Honneur le 16 Décembre 2005.

« SOMBRES BOURREAUX » - Noirs chez les nazis
De Serge BILE – Editions : Pascal GALOBE