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Sommet de l’Élysée : « François Hollande prolonge la politique de ses prédécesseurs »

D 6 décembre 2013     H 12:44     A Lydia Samarbakhsh     C 0 messages


Au mois de mars dernier, alors que le Parlement devait sous peu se prononcer sur la poursuite de l’opération Serval au Mali, le président François Hollande se voyait décerner le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, attribué chaque année depuis 1991 par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

« Le jury de ce prix a tenu à honorer ’’la solidarité manifestée par la France à l’égard des peuples africains’’. Il entend récompenser M. François Hollande ’’pour sa contribution considérable à la paix et à la stabilité en Afrique’’ », peut-on apprendre dans un communiqué officiel.

Il était donc tout à fait « naturel »... pour lui qu’en ce mois de décembre 2013 où, qui plus est, la France prend pour un mois la présidence du Conseil de sécurité de l’Onu, le chef de l’État français soit à l’initiative d’un Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, les 6 et 7 décembre à Paris.

D’autant qu’une nouvelle tragédie est en cours en Centrafrique. La France a donc convaincu les 15 membres du Conseil de sécurité et le Secrétaire général Ban Ki-moon de la nécessité de transformer la force panafricaine déjà présente en République centrafricaine (Misca) en une opération de maintien de la paix (OMP) . Les autorités françaises ont pris l’initiative de préparer une résolution, placée sous chapitre VII de la Charte des Nations unies (qui prévoit le recours à la force), et autorise les troupes françaises déployées en RCA à « prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca ». Les 800 à 1 000 soldats français joueront le rôle d’une « force de relais » pour protéger les civils en attendant que la force panafricaine puisse le faire, a précisé l’ambassadeur. « Trois mille six cents soldats africains sont censés être déployés au 19 décembre. »

Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, a précisé que l’action française serait limitée dans le temps, « pour une période brève, de l’ordre de six mois à peu près ».

Ce sera l’Opération « Sangaris », déclenchée vraisemblablement d’ici 2 à 3 jours tout au plus pour coïncider avec le Sommet de l’Élysée.

La Centrafrique est en souffrance mais la France est-elle vraiment la mieux placée pour agir ? Une force multilatérale d’interposition sous égide de l’Onu était au contraire à privilégier pour créer les conditions d’un cessez-le-feu et d’un secours organisé aux populations en détresse, ouvrir la voie au retour à l’État de droit. C’est toute la « communauté internationale » qui doit se mobiliser, dans des buts de paix.

Cette action s’inscrit dans la lignée d’une politique étrangère qui, non seulement ne rompt pas avec celle de ses prédécesseurs, mais la prolonge. Le Livre blanc de la défense et de la sécurité, rédigé à la demande de François Hollande et qui lui a été remis en avril, explicite la stratégie et la conception des relations internationales et du rôle de la France mises en oeuvre par les autorités actuelles. Stratégie qui répond positivement à la demande des Etats-Unis à l’égard de leurs alliés de l’Otan de s’engager davantage sur les terrains de conflits... et d’augmenter leurs dépenses militaires. La France avait réaffirmé en 2008 que l’Afrique demeurerait sa « zone d’intérêt prioritaire ».

François Hollande et son ministre des Affaires étrangères se font les dignes héritiers de cette politique qui porte pourtant une très grande part de responsabilité dans le délitement des États et sociétés, et la paupérisation des peuples d’Afrique. Venant d’un président et d’un gouvernement portés au pouvoir par une majorité de Français aspirant à une politique de gauche en rupture avec l’ère Sarkozy, c’est non seulement un affront ou une trahison, mais un terrible et dramatique gâchis.

Pourquoi de tels choix ? Le Sommet accueillera le Secrétaire général de l’Onu et réunira une quarantaine de chefs d’État – sauf le président sud-africain Jacob Zuma. Il sera précédé, ce mercredi 4 décembre, d’un « forum économique consacré aux partenariats entre entreprises africaines et françaises ». Le développement des sociétés du continent et la lutte contre les sévères inégalités sociales et économiques ne sont pas au menu. Dont acte.

Lydia Samarbakhsh

Source : http://www.pcf.fr