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Comores  : l’État français responsable du chaos à Mayotte

D 10 mai 2023     H 18:46     A Philippe Azema     C 0 messages


Lorsque l’État français déploie ses troupes spéciales, les conséquences sont toujours dramatiques : rappelons-nous les 22 morts d’Ouvéa en Kanaky, rappelons-nous l’opération « Licorne » au Rwanda qui a permis de protéger la fuite des génocidaires, plus généralement rappelons-nous toutes les interventions impérialistes en particulier en Afrique.

Lorsqu’un ci-devant élu départemental de Mayotte, Salime Mdere, appelle au meurtre en direct à la télévision de service public, là encore le parallèle avec le Rwanda s’impose. Lorsque des milliers de personnes vivent dans la terreur des décasages et des expulsions depuis des semaines, l’indignation nous saisit.

Mépris du droit international

La responsabilité de l’État français est écrasante : depuis la partition de l’archipel des Comores en 1975 au mépris du droit international, 20 résolutions de l’ONU ont condamné l’attitude des autorités françaises qui ont persisté dans le déni en départementalisant l’île de Mayotte (2011). Parallèlement, les barbouzes français (Bob Denard) sont constamment intervenus dans les affaires intérieures comoriennes jusqu’au probable assassinat du président Abdallah en 1989 par Denard et ses mercenaires.

En 1995 est instauré le visa Balladur empêchant la libre circulation entre Mayotte et les autres îles des Comores. On trouve là l’origine des kwassa-kwassa, embarcations de fortune utilisées chaque jour entre Anjouan et Mayotte, faisant du bras de mer qui les sépare un immense tombeau où ont péri sans doute près de 20 000 personnes depuis 1995. C’est à ce propos qu’Emmanuel Macron en 2017 avait ironisé : « le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien » (sic !).

La pratique des expulsions massives (autant à Mayotte que dans l’ensemble de la France dite métropolitaine), des décasages, des chasses aux Anjouanais dans les écoles et les hôpitaux de Mayotte a constitué l’essentiel de la politique française. La situation sociale est absolument désastreuse, plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. De récents rapports (janvier 2022) de différentes inspections générales (santé, éducation, justice...), peu suspectes de gauchisme, ont mis en lumière le sous-équipement chronique, la misère généralisée, les impasses juridiques absolues comme la question par exemple des enfants néEs à Mayotte dont les parents ont été expulséEs. Ces mêmes enfants d’ailleurs que Salime Mdere menace de tuer.

Wuambushu, ou la manœuvre pour une futur conflit interne

L’opération Wuambushu menée par l’espèce de cow-boy irresponsable Darmanin est d’abord et avant tout une guerre contre les pauvres. Déplorer l’habitat insalubre pour justifier de la destruction des bangas est d’une hypocrisie sans nom : aucune solution de relogement n’a été envisagée. Dénoncer les « clandestins » comme de « la vermine à exterminer » (Estelle Youssoufa, députée du groupe LIOT) en les accusant d’être responsables de tous les maux, c’est nier le fait que selon le droit international, les seuls étrangerEs à Mayotte sont... les FrançaisEs métropolitains ou les RéunionnaisEs, c’est oublier l’exploitation forcenée dont sont victimes les habitantEs des bidonvilles souvent par des patrons mahorais sans scrupule, c’est essayer d’écraser toute velléité de simplement vivre dignement.

Sous nos yeux, se mettent en place toutes les dérives, toutes les manœuvres qui visent à justifier un futur conflit interne d’ampleur à Mayotte, conflit que certains désirent sanglant, avec la bienveillance, l’appui militaire d’un pouvoir français toujours colonial, toujours violent, toujours indifférent à la souffrance des peuples.

L’opération Wuambushu est un rappel de ce qui a été la sélection au sein d’un même peuple des « bons et des mauvais » et de ce que l’extrême droite appelle à reproduire aujourd’hui avec son « Grand remplacement ». Cette opération est une préfiguration du monde monstrueux fondé sur la haine, l’exploitation, la cruauté, voulu par des forces politiques qui ont aujourd’hui pignon sur rue et qui trouvent des relais parmi des éluEs égarés.

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