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BURUNDI : Dérive répressive et dictatoriale du pouvoir

D 20 mars 2018     H 05:12     A     C 0 messages


Au pouvoir depuis 2005, Pierre Nkurunziza s’est représenté à un troisième mandat en avril 2015 en violation de la Constitution et de l’Accord de paix d’Arusha. L’annonce de sa candidature, totalement illégale, a entraîné de puissantes manifestations populaires qui ont été réprimées dans le sang. Le Burundi a été alors plongé dans un cycle de répression et de violences qui a fait des milliers de victimes. Pour mener cette répression, le pouvoir a instrumentalisé les origines ethniques : il a accusé les Tutsis de vouloir déstabiliser le pays. Un rapport de la Fé-dération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et de la Ligue ITEKA, réalisé en novembre 2016 à partir d’une enquête sur le terrain, a alerté sur « les dynamiques génocidaires » de la répression. Les opposants, suppo-sés ou réels, ont été emprisonnés et torturés, tués ou poussés à l’exil. Plus de 10 000 personnes seraient encore détenues arbitrairement et plus de 400 000 se sont réfugiées dans les pays voisins et en Europe. Ces crimes sont toujours impunis.

Depuis la crise de 2015, la situation est toujours aussi alarmante. Elle s’est même aggravée avec le lancement d’une campagne pour un référendum constitutionnel prévu en mai 2018. Cette campagne n’est qu’une mascarade qui vise, par la propagande et la terreur, à légitimer le pouvoir. Le président Nkurunziza a insisté : « Celui qui osera s’opposer au projet de révision de la Constitution en subira les conséquences ». Les observateurs étrangers, notamment les journalistes, ne peuvent pas accéder au pays pour rendre compte des violations des droits de l’homme. La répression se poursuit donc à huis clos. La milice « Imbonerakure », encadrée par les « Interahamwe », anciens génocidaires au Rwanda, qui est le fer de lance du régime, est particulièrement engagée dans cette répression féroce. Elle est responsable de graves violations (meurtres, viols, tortures, disparitions for-cées) qui pourraient relever de crimes internationaux. Une partie de la population est appelée « Mujeri » (traduction « chien enragé) qu’il faut abattre. Il s’agit d’une étape de déshumanisation. Cela veut dire que celui qui tue un Tutsi ou un opposant n’aura pas tué un être humain mais un « Mujeri », un chien enragé, et ce sera salutaire dans la mesure où il aura contribué à l’éradication de la rage et empêché qu’elle se répande dans le pays. Cela ne rappelle-t-il pas les massacres génocidaires au Rwanda ?

Jusqu’à présent, le silence assourdissant de nombreux médias et l’inaction de la communauté internationale sont perçus par le pouvoir comme un encouragement à poursuivre la répression. Les jeunes sont particulièrement vi-sés, mais les femmes ne sont pas épargnées. Face à cette situation dramatique, à l’instar de nombreuses organisations internationales des droits de l’homme (Amnesty international, FIDH...), nous appelons la communauté in-ternationale à prendre la mesure de la gravité de la situation. Nous interpellons tout particulièrement les gouvernements de l’Union européenne, notamment le gouvernement français, pour qu’ils agissent et fassent pression sur le pouvoir burundais, dans le cadre des accords avec le Burundi, pour l’arrêt de la répression et des violations des droits de l’homme, pour la protection de la population contre les exactions des milices armées et pour la relance du processus politique, avec si nécessaire l’instauration de sanctions contre les dirigeants burundais.

BURUNDI : Les femmes et les jeunes dans l’action et sous la répression du pouvoir

Dans le cadre de la 13ème semaine anticoloniale et anti raciste,
Le MRAP (Mouvement Contre le Racisme et pour L’Amitié entre Les Peuples) et le RDBF (Rassemblement de la Diaspora Burundaise de France) ont le plaisir de vous inviter à un débat avec la participation de :

 Madame BLEZIO Germaine,
Membre du Groupe Amnesty International de Bayonne
 Monsieur NIJIMBERE Blaise,
Jeune Burundais, Cyber Activiste
 Madame NIMUBONA Donavine,
Médecin de santé publique et membre de la Diaspora Burundaise
 Monsieur RUKINDIKIZA Gratien,
Président du RDBF (Rassemblement de la Diaspora Burundaise de France)
 Monsieur SCHMID Bernard,
Avocat militant et membre du MRAP

Samedi 24 mars 2018 de 13h à 17h, à la Bourse de travail, 3 rue du Château d’Eau, 75010 Paris, , Salle Jean Jaurès, Métro : République Avec le soutien de l’UD CGT Paris