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Cameroun : Liberté provisoire refusée aux deux homosexuels présumés

D 4 septembre 2011     H 04:21     A Idriss Linge     C 0 messages


Sans surprise, le tribunal leur a refusé le droit de comparaitre libres, pour insuffisance de garantie de représentation

La demande de mise en liberté provisoire des deux camerounais présumés homosexuels a été rejetée mardi 23 août 2011. Ce sera derrière les barreaux que Franky et Jonas attendront leur procès pour homosexualité. Leur demande de mise en liberté provisoire a été rejetée ce mardi par le tribunal de première instance d’Ekounou à Yaoundé. Le juge motive sa décision par une insuffisance de garantie de représentation. C’est le deuxième renvoi de cette affaire après le premier du 18 août dernier. Les deux prévenus comparaitront le 27 septembre prochain. D’ici là, leur avocat se veut optimiste, même s’il reconnait d’un autre côté que si les fait d’homosexualité sont établis, les deux jeunes hommes n’ont aucune chance. L’avocat des présumés homosexuels n’a pas souhaité s’expliquer sur sa stratégie de défense. Il est donc difficile de savoir s’il plaidera coupable ou non coupable. Agés de seulement 19 et 20 ans, les prévenus sont accusés d’avoir eu des rapports sexuels dans la nuit du 26 au 27 juillet dans une voiture. La pratique selon l’article 347 du code Pénal camerounais, est passible d’un emprisonnement de 6 mois à 5 ans et d’une amende de 20 000 à 200 000 francs CFA. Depuis leur arrestation, l’organisation Amnesty international continue de demander leur mise en liberté. Étant donné le degré élevé d’homophobie toléré par les pouvoirs publics au Cameroun, les personnes arrêtées en vertu de cette loi risquent d’être agressées et soumises à d’autres formes de mauvais traitements par leurs codétenus ou par les autorités carcérales en raison de leur orientation sexuelle présumée, avait déploré Erwin Van Der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International, dans un communiqué signé du 17 août dernier.

Pour les deux jeunes inculpés, leur condamnation pourrait être une simple formalité. Plus que la loi, la société camerounaise dans son immense majorité est radicalement homophobe. Les politiques et l’ensemble de la société camerounaise se refusent à tout débat ouvert sur le sujet. Au nom de leur orientation sexuelle, les adeptes de cette pratique encourent un bannissement au sein de la société. Dans les cellules de prisons, ils sont très souvent maltraités et pourtant leurs crimes sont parfois moins dommageables pour la société que celui des détourneurs de fonds publics ou des meurtriers. Une situation que craint Amnesty International. Des arrestations, détentions et procès d’homosexuels et de personnes soupçonnées d’être homosexuelles ont lieu fréquemment en vertu de l’article 347a du Code pénal camerounais. Mais la position des décideurs est difficile à cerner aujourd’hui. Il y a quelques années, lorsque des personnes haut placées dans l’appareil étatique avaient été citées dans une affaire d’homosexualité, l’affaire avait viré au scandale sociopolitique. Evoquant le sujet, le président Biya avait fait savoir que c’était des questions relevant de la vie privée. Récemment par contre, le gouvernement camerounais avait rappelé à l’ordre l’Union Européenne. Sa représentation camerounaise avait octroyé un financement de près de deux cent millions de FCFA pour assurer la garantie des droits des homosexuels lorsqu’ils sont devant des juges ou dans les prisons. Pour Jonas et Franky, il faudra attendre le 27 septembre 2011.

Idriss Linge

Source : http://journalducameroun.com