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Cameroun : POUR LA LIBERATION PURE ET SIMPLE DE LAPIRO DE MBANGA

Lettre ouverte aux autorités camerounaises ayant pouvoir sur l’Affaire Lapiro de Mbanga

D 7 avril 2011     H 04:58     A CODE     C 0 messages


Suite aux émeutes sociopolitiques de février-mars 2008 au Cameroun, qui ont causé la mort de plus de 150 personnes en moins d’une semaine, l’artiste camerounais LAMBO SANDJO Pierre Roger, plus connu sous le nom de LAPIRO de MBANGA a été arbitrairement, arrêté. Après un procès inique, il a été condamné le 24 septembre 2008 à 3 ans de prison ferme et à 280 millions de FCFA d’amende (env. 427.000 €) pour avoir soi-disant incité les jeunes aux émeutes et les avoir poussé à détruire des biens appartenant notamment à une société française implantée dans sa région.

En réalité, Lapiro de Mbanga a été arrêté à cause de sa chanson « Constitution constipée », qui invitait alors le président M. Paul Barthélemy Biya à renoncer à modifier la constitution pour pouvoir se représenter une fois encore, après 29 ans de règne, à l’élection présidentielle prévue en octobre 2011. M. Biya aura alors près de 80 ans. Le peuple camerounais ayant clairement exprimé le rejet de la modification constitutionnelle lors de ces émeutes, le régime de M. Biya a choisi de museler un homme dont il craint la capacité de mobilisation des couches populaires, notamment urbaines.

Malgré l’indignation et l’intervention de plusieurs organisations et personnalités du monde politique et de la société civile, tant nationales qu’internationales, cette injustice n’a pas été réparée par le régime dictatorial de M. Biya, conforté dans son ignominie par le silence complice du gouvernement français dont ce régime tire l’essentiel de ses soutiens.

Malgré la campagne initiée par l’association Free Muse auprès des autorités camerounaises, malgré la lettre ouverte du CODE, lors de la visite officielle de M. Biya en France en juillet 2009, à Mme Carla BRUNI-SARKOZY souvent présentée comme une artiste progressiste, aucune autorité camerounaise ni française n’a voulu se pencher sur ce déni caractérisé de justice et sur cette atteinte grossière aux droits de l’homme et aux principes élémentaires de la démocratie.

En avril 2011, la peine de prison injustement purgée par Lapiro de Mbanga arrivera à son terme. Cependant, la lourde amende à laquelle il a été condamné peut encore servir de prétexte au régime anti démocratique de M. Biya pour empêcher sa libération en cette année électorale cruciale.

Sachant d’une part que Lapiro de Mbanga n’est nullement responsable et encore moins coupable des dommages subis par les sociétés plaignantes, et sachant d’autre part que les sociétés françaises en Afrique et particulièrement au Cameroun font de faramineux bénéfices, il est totalement incongru et ignoble d’astreindre un citoyen camerounais, qui a déjà injustement purgé une peine inique, à payer encore à des entreprises françaises largement bénéficiaires, des dommages et intérêts et de surcroît d’un tel montant.

C’est pourquoi nous appelons les autorités camerounaises ayant ce pouvoir de libérer purement et simplement M. Lapiro de Mbanga, sans aucune condition, et d’annuler l’amende injuste qui lui a été infligée.

Nous interpellons plus précisément les autorités judiciaires en charge du dossier, ainsi que le ministre de l’injustice et le président du régime camerounais.

Nous souhaitons par ailleurs que la France ne s’interpose plus entre le peuple camerounais et le régime dictatorial et sanguinaire de Yaoundé. Vu les récents errements de sa diplomatie, il serait temps que la France s’assagisse et cesse enfin de supporter ses protégés chefs d’Etat - dictateurs d’Afrique francophone, qui commettent des bains de sang et des violations flagrantes des droits humains.

En espérant un dénouement rapide de cette injustice qui n’a que trop duré, à savoir la libération sans conditions de Lapiro de Mbanga et l’effacement de l’ignoble amende qui lui est infligée,

Nous appelons les politiques et la société civile camerounaise à rester mobilisés sur cette affaire qui fait partie des symboles de la lutte pour une véritable démocratie au Cameroun.

Pour le Collectif des Camerounais pour la Libération de Lapiro

SIGNATAIRES :

le CODE,