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Contre-offensive de la francafrique au Burkina Faso

Jean Arthur AWOUMOU

D 28 septembre 2015     H 10:28     A Jean Arthur Awoumou     C 0 messages


Le 17 septembre 2015, l’opinion africaine médusée apprend le coup d’Etat de la garde prétorienne de l’ex putschiste Blaise COMPAORE contre la révolution burkinabé.
La françafrique stoppe l’élan de l’émancipation nationale et sociale des burkinabé par l’assassinat du révolutionnaire Thomas SANKARA en octobre 1987 avec la prise du pouvoir de B. COMPAORE. Celui-ci réinsère le Burkina Faso dans l’étau de la françafrique. Elle lui confie plusieurs missions en sous-traitance en Côte d’Ivoire et au Mali. Après l’agression impérialiste en Côte d’Ivoire, B. COMPAORE écrase pendant six mois la contestation populaire timidement relayée par les médias liés à la françafrique.

A) Le peuple debout

​Le peuple burkinabé ne baisse pas les bras, par la société civile et une frange de l’opposition, dans un mouvement populaire appelé « balai citoyen » se lève contre les mascarades électorales, les coups d’Etat constitutionnels et les biens mal acquis. Le peuple burkinabé est en lutte pour un système politique démocratique et un mieux-être collectif. Le 30 octobre 2014, B. COMPAORE s’évade du Burkina Faso grâce à l’exfiltration des forces spéciales françaises de l’Opération Barkan et se réfugie auprès de l’homme lige de la françafrique en Côte d’Ivoire. Un comité national provisoire pour la transition est mis sur pied. Les bases politiques et démocratiques pour un système démocratique sont posées par le peuple burkinab ». Il met ensuite sur la table un plan historique capital pour le Burkina Faso et les peuples africains : l’assassinat de Thomas SANKARA. Les élections générales sont fixées pour le 11 octobre 2015.

B) Réplique contre révolutionnaire

La couche sociale dominante au Burkina Faso gavée et enchaînée par la françafrique refuse de prendre acte du système politique démocratique, du processus électoral démocratique et encore moins de la remise en cause de l’ordre socio-économique antipopulaire existant. La françafrique ne peut digérer un tel ordre nouveau au sein du pré-carré. C’est un dangereux précédent historique pour la françafrique, car s’il est victorieux, il stimulerait les peuples sous le joug de la françafrique. Pis « la Côte d’Ivoire de papa » s’écroulera à nouveau et adieu aux richesses naturelles de l’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. C’est pourquoi la françafrique et la réaction burkinabé ont sorti leur joker l’armée et notamment la garde prétorienne de B. COMPAORE. Les intérêts des masses populaires africaines sont en forte contradiction avec les intérêts de la bourgeoisie de la communauté internationale autoproclamée, d’où ce nouveau putsch réactionnaire du 17 septembre 2015 au Burkina Faso. Le négationnisme historique est un puissant vecteur de la mainmise de la françafrique sur l’Afrique. La mise à nu des tenants et aboutissants de l’assassinat du révolutionnaire Thomas SANKARA pulvériserait le décervelage des masses africaines par la françafrique. Il était capital pour la réaction locale et la françafrique de s’emparer du pouvoir par la force afin d’occulter la vérité historique. N’oublions pas que c’est ce jour que le résultat de l’autopsie de l’assassinat de Thomas SANKARA devait être rendu public.

La Vérité historique

La falsification historique et l’impasse sur la mémoire historique au Burkina Faso et partout en Afrique. La françafrique et la réaction locale y veillent attentivement. Au Kamerun, le mensuel Camaroes numéro 34 d’août 2015 révèle que pour l’ex Chef d’Etat major, le général SEMENGUE « le Kamerun a connu trois rebellions : la 1ère a été menée par Um NYOBE en 1955-1958. Elle a été combattue par l’armée française. La 2è est celle déclenchée dès l’indépendance du Kamerun. Elle a été la plus longue et va de 1960 à 1966. Ces deux dernières rebellions ont été combattues par l’armée camerounaise encadrée par les officiers français qui seront remplacés progressivement par les officiers camerounais notamment Pierre SEMENGUE, Edouard ETONDE EKOTTO (aujourd’hui en prison à New-Bell pour détournement de deniers publics), Jean NGANSO SUNJI, James TATAW ».

C’est historiquement faux. La lutte pour le droit du peuple kamerunais à disposer de lui-même n’était pas une rébellion. Cette lutte d’émancipation nationale et sociale menée par le peuple kamerunais guidée par son avant-garde l’UPC, dirigée par UM NYOBE, est devenue violente du fait de la haine raciste du gouvernement de tutelle français de 1955 à 1960. Cette lutte armée d’émancipation nationale et sociale s’est poursuivie, après l’assassinat du père de l’indépendance kamerunaise UM NYOBE par l’armée coloniale française le 13 septembre 1958, sur trois fronts :
1) Le front principal dirigé par SINGAP Martin, chef d’Etat major de l’Armée de Libération Nationale du Kamerun (ALNK), assassiné par l’armée terroriste franco-camerounaise avec la collaboration de NDEH NTUMAZAH en juillet 1961. Le front est pris en main par le Vice président de l’UPC Ernest OUANDIE (le Président Félix MOUMIE ayant été assassiné par empoissonnement par les racistes terroristes du service secret français le 03 novembre 1960 à Genève en SUISSE et le second Vice président Abel KINGUE avait en ce moment des problèmes de santé cruciaux) jusqu’à sa capture par les serviteurs de l’impérialisme avec le soutien de Mgr DOGMO en 1970. Il est fusillé le 15 janvier 1971 sur la place du marché à BAFOUSSAM ;

2) Le front de l’Est est dirigé par un membre du Comité révolutionnaire OSSENDE AFANA de 1965 au 15 mars 1966 où il est assassiné après félonie d’un illustre mathématicien qu’appelle Henri HOGBE NLEND ;
3) Le front du Sud est dirigé par WOUNGLY MASSAGA, autre membre du Comité Révolutionnaire de 1967 à 1968. Le général SEMENGUE a préféré tordre le cou à l’histoire où il ne sait pas grande chose de ses tristes et noirs événements parce que ses maitres blancs avaient le contrôle total.
SADOU DAOUDOU, ex ministre de la défense sous l’ère Ahidjo expose les bases juridiques du règne sanglant de Ahmadou Ahidjo dans Camaroes n0 34 d’août 2015. Le citant, SADOU DAOUDOU affirme qu’un rebelle « c’est celui qui s’oppose à un pouvoir établi. La France tenait sa légitimité de l’ONU. Le gouvernement tenait sa légitimité des élections. Les upécistes se sont soulevés contre ces deux pouvoirs. C’est pourquoi on les appelle rebelles (…) Un terroriste c’est celui qui sème la terreur dans son entourage. Les upécistes terrorisaient la population, ils entrainaient de force les gens dans les maquis et tous ceux qui ne voulaient pas y aller étaient exécutés. Qui sont les subversifs ? Ce sont les gens qui sans prendre les armes mènent des actions insidieuses auprès des populations par des mensonges et des calomnies. C’est la subversion. Toutes ces définitions justifient pleinement les qualificatifs accolés aux upécistes »

Le procès de SADOU DAOUDOU met en exergue ce que le régime Ahidjo puis Biya occultent ou falsifient. Il s’agit de la lutte ininterrompue de l’UPC de 1955 à 1991. Ce propos montre deux phases de la lutte sans discontinuité de l’UPC : phase armée 1956 à 1970, sous le vocable de « rebelle », « terroristes », puis la phase clandestine de 1971 à 1991 sous le vocable de « subversifs ». Les décisions actuelles de l’UPC sont une manipulation d’Etoudi. Quand au font du propos de SADOU DAOUDOU, comme Pierre SEMENGUE, il tord le cou à l’Histoire. La France a perdu sa légitimité onusienne quand elle a pris sur elle, en faisant usage de la force et de la terreur, le droit de saborder en violation totale et flagrante des textes internationaux en la matière, le processus d’émancipation du Kamerun à lui confier par l’ONU. En réprimant l’UPC en Mai 1955, en interdisant arbitrairement l’UPC en juillet 1955 et en usant des moyens militaires, financiers et diplomatiques contre l’émancipation du Kamerun. Le régime Ahidjo était dépourvu de toute légitimité car en décembre 1956 les élections législatives organisées par le gouvernement terroriste colonial français sans amnestie générale et sans réhabilitation de l’UPC, dans le feu et le sang, c’est le parti de André Marie MBIDA qui sort vainqueur. Par le feu et le sang, Ahidjo et les terroristes français refusent toute élection avant la proclamation de l’indépendance. De 1958 à 1982, c’est la terreur qui a hissé et maintenu Ahidjo au pouvoir. L’UPC affirmait à raison que l’armée camerounaise était aux mains du gouvernement raciste français. Le général Pierre SEMENGUE l’a admis. L’UPC affirmait que c’est la soldatesque franco-camerounaise qui terrorisait les populations. Mesmer, un autre terroriste serviteur du diable, l’a admis en parlant des camps de concentration et la déportation des populations en ex Sanaga Maritime, de la région actuelle de l’Ouest pour le Moungo et le Nkam de la région du Littoral. Ce n’est ni une calomnie, ni un mensonge, quand l’UPC affirmait que c’est la soldatesque franco-camerounaise exhibait les têtes sectionnées aux différents carrefours. Le général SEMENGUE l’admet quand il avoue que « l’armée camerounaise a été obligée, quand on tue un rebelle, on coupe sa tête pour venir l’exposer afin que les gens sachent que c’est possible. Par ce qu’on pouvait dire n’importe quoi que le chef rebelle est mort, personne ne croyait ». Contrairement aux allégations fausses de SADOU DAOUDOU, l’UPC a été soutenue par le peuple, d’où l’usage des horreurs illustrés par le général SEMENGUE pour tenter vainement de rompre ce lien très fort entre l’UPC et le peuple, jusqu’aujourd’hui malgré les contrefaçons UPC en cours. C’est une illustration du travestissement historique par l’impérialisme et ses valets. Grâce à la ténacité et au courage du peuple burkinabé, il a réussi à plier la réaction locale et la françafrique en faisant
échouer le putsch et en rejetant les freins à l’émancipation que la françafrique voulait lui imposer.

Jean Arthur AWOUMOU, Secrétaire National à la Formation et à l’Education Politique.
Contacts : akhaneton1@gmail.com. TEL. (+273) 656 648 757/676 776 794/664 676 093.