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RDC : Le dilemme des guerres dans le Kivu

D 31 décembre 2012     H 05:35     A Dr Gary K. Busch     C 0 messages


Le territoire africain où sont établis l’Ouganda, le Rwanda et la Rd Congo a pratiquement été en état de guerre depuis 1995 ; une guerre menée les uns contre les autres. Ceci a impliqué des armées nationales, des armées étrangères, des milices, des groupes de "défense civile", des pilleurs, des gens qui kidnappent les enfants et en abusent, des violeurs, des pyromanes et des meurtriers. A cette liste on peut ajouter les malfrats et les pilleurs des Nations Unies dont la gamme de défaillances sociales reproduit précisément celles de ceux dont ils sont supposés sauvegarder la paix.

Les guerres dans le Congo oriental sont responsables de la mort de millions de Congolais qui ont payé le prix pour vivre dans un pays très riche et non géré, aux institutions défaillantes ou non existantes. Ces guerres, concentrées principalement dans le Kivu oriental (Kivu du nord et du sud, et Maniema) ont impliqué neuf nations africaines et affecté directement la vie de 50 millions de Congolais

AU-DELA DU VIOL DES FEMMES, IL Y A LE PILLAGE DES RESSOURCES
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Entre août 1998 et avril 2004, quelque 3,8 millions de personnes sont mortes de mort violente en Rd Congo. Depuis 2004, ce chiffre a presque triplé. Pour une bonne part ces morts sont imputables à la famine ou à la maladie, ainsi qu’aux exécutions sommaires et à la capture par l’une ou l’autre bande de maraudeurs. Des millions d’autres sont devenus des déplacés internes ou ont cherché asile dans les pays voisins. Le viol était endémique, l’insécurité la règle et l’impunité le remède.

Initialement, ces guerres et les viols, meurtres et pillages qui y sont associés, provenaient des visées de l’Ouganda et du Rwanda pour tirer profit des précieuses ressources minières du Congo oriental. Pourtant, quelle qu’ait pu être pour eux la valeur du coltan, des diamants et autres gisements de minerais pillés, elle est insignifiante en comparaison de l’actuel objectif de pillage : le pétrole et le gaz. Les ressources minières sont immenses et impliquent des milliers de mineurs de fonds recrutés, qui travaillent selon des méthodes artisanales, mais leur valeur ne peut se comparer à celle du pétrole et du gaz.

LES NOUVELLES DECOUVERTES DE GAZ ET DE PETROLE

En 2009, Heritage Oil a découvert du pétrole en Ouganda. L’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est sont les régions du monde les plus prospectées par l’industrie du gaz et du pétrole au cours de ces neuf dernières années. L’Afrique est le continent où l’on découvre les nappes pétrolières et gazières les plus substantielles et avec la plus grande fréquence. Un rapport conjoint de l’African Development Bank, l’Union africaine et l’African Development Fund remarque que les réserves de pétrole en Afrique ont connu un accroissement de 25%, pendant que le gaz a augmenté de 100% depuis la fin des années 1980.

Il y a eu des découvertes majeures au Kenya. En mai 2012, Nairobi a annoncé la découverte d’un deuxième gisement de pétrole profitable en l’espace de deux mois, ainsi que de grandes nappes dans la région reculée du Turkana. Le Kenya est devenu le dernier pays africains en date à rejoindre le grand boom pétrolier africain qui fait suite aux découvertes en Ouganda et en Rd Congo. La Communauté de l’Afrique de l’Est, en formation, peut compter sur un meilleur futur énergétique avec cette découverte de pétrole au Kenya, venue s’ajouter à des réserves substantielles en Ouganda et au gaz découvert en Tanzanie. Des explorations sont encours dans le lac Kivu Graben au Rwanda. Le Soudan du sud, avec ses vastes réserves de pétrole, a déjà a déjà demandé son admission à la Communauté de l’Afrique de l’Est. De grandes nappes pétrolières et gazières existent en Somalie.

Malheureusement la bonne fortune qui a souri à l’Afrique centrale et à l’Afrique de l’Est n’a fait qu’apporter la guerre et la destruction dans son sillage. Le pétrole découverte en Ouganda, dans l’Albert Graben, est située au fond du lac Albert. La frontière entre ce pays et la Rd Congo passe au milieu du lac. L’Ouganda veut tout le pétrole et a financé diverses insurrections afin de contrôler le pétrole et le gaz du lac. Des escarmouches ont eu lieu entre les deux armées nationales et la frontière est très patrouillée.

VANOIL DU CANADA

On a également trouvé d’immenses réserves de pétrole et de gaz sous le lac Tanganyika qui fait frontière commune avec la Rd Congo. Ce pays voisin a évité tout rôle dans le conflit et a coopéré avec la Rd Congo dans l’extraction du pétrole et du gaz. Néanmoins, il a un intérêt dans l’instabilité actuelle.

Peut-être que le produit le plus disputé et le plus conflictuel concernant les découvertes de pétroles et de gaz dans la région, découle de la trouvaille pétrolière de Vanoil du Canada sous le lac Kivu. Cette étendue d’eau este unique en ce qu’il contient du gaz dans sa partie occidentale de la vallée du Rift. Elle est profonde de près de 500 mètres dans la partie nord du bassin et c’est dans cette profondeur que réside le danger. L’histoire de sa formation est turbulente. Petit lac et source du Nil au départ, il s’est ensuite élargi et a gagné en profondeur, parce que deux puissants volcans ont fait barrage il y a plus de dix mille ans, pour finalement inonder le sud du lac Tanganyika et le fleuve Congo. La géologie témoigne du fait qu’il "a été brassé" jusqu’à cinq fois. Ces "brassages" sont en fait des éruptions volcaniques gazeuses massives qui ont libéré des centaines de milliards de mètres cubes de gaz dans les "volcans" aqueux, tuant tout dans un vaste périmètre.

Vanoil détient les droits exclusifs d’exploration pour une surface de 1631 km² de concessions pétrolières et gazières dans la partie nord ouest du Rwanda, connue sous le nom de East Kivu Graben. Le Kivu Graben fait partie du grand système du Rift est africain et a une largeur d’environ 90 km pour une longueur d’environ 200 km. Le Graben chevauche le Rwanda et la Rd Congo, représentant l’extension méridionale de l’Albertine Graben en Ouganda où des découvertes majeures de pétrole ont été faites par Tullow Oil et Heritage Oil.

LE ROLE DE L’OUGANDA ET DU RWANDA EN RDC

En mars 2007, lorsque les gouvernements de la Rd Congo et du Rwanda se sont rencontrés avec les experts du lac et les développeurs à Gisenyi, sur la rive nord du lac Kivu, une initiative a commencé à définir les règles devant présider à une saine exploitation des réserves de gaz du lac Kivu et qui doivent être respectueuses de l’environnement. Sans une adhésion stricte à ces règles, le lac tout entier pourrait exploser. Ces règlementations étaient nécessaires afin de dégazer le lac par les moyens les plus sûrs mais également pour partager la définition et les ressources, de façon équitable, entre les deux pays concernés. Les travaux menés à bien par un groupe sélectif d’experts à la renommée mondiale, sur le développement du lac Kivu, ont été publiés en anglais (juin 2009) et traduit en français (janvier 2010) Les prescriptions de gestion pour le développement du lac Kivu fondent maintenant la réglementation du lac et le guide par lequel les autorités bilatérales vont contrôler le développement des ressources du lac. Le Rwanda essaie de changer cela en prenant le contrôle de l’autre côté du lac. Il a récemment occupé Goma par l’intermédiaire du M23 qui agit par procuration, prévoit d’exploiter les réserves de pétroles avec Vanoil et cherche des partenaires compétents.

LA LOI DE L’IMPUNITE

La question se pose à propos de la raison pour laquelle le Rwanda et l’Ouganda, dont les armées ont envahi la Rd Congo en 1998 pour destituer Laurent Kabila avant de se faire battre sèchement, par la Rd Congo, le Zimbabwe, l’Angola et la Namibie, ont maintenant le sentiment qu’ils peuvent reprendre la lutte pour conquérir la richesses minérales de ce pays avec une telle impunité. Après un bref répit, ils ont commencé à soutenir des armées par procuration, leur fournissant des armes, de la formation et des moyens de communication. Ceci est particulièrement vrai avec les Banyamulenge (les Tutsis qui vivent dans le Congo oriental et appartenaient à la diaspora tutsie de Kagame), qui ont continué à violer et à piller et ont contraint les mineurs de fond artisanaux du Kivu à travailler pour les bandes de maraudeurs, produisant du coltan et des diamants. Tel était le schéma d’exploitation de la Rd Congo et de sa richesse humaine et minérale, au moment même des accords de paix, comme les Accords de Lusaka, qui étaient supposés mettre un terme à la guerre.

En lieu et place d’armées en guerre, le Congo oriental était contrôlé par des seigneurs de la guerre et des groupes de miliciens dont le modus operandi avait pour nom le viol, le pillage et le meurtre. La plupart de ces groupes ont des affinités avec les gouvernements du Rwanda ou de l’Ouganda qui s’occupent de commercialiser la richesse exportée. Le Rwanda a soutenu des seigneurs de la guerre "rebelles" comme Laurent Nkunda ou Bosco Ntanganda qui, en retour, lui fournissent la feuille de vigne pour le viol du Congo. D’autres font la même chose pour l’Ouganda. Ces deux pays opèrent en toute impunité. Les responsables des atrocités persistantes sont protégés, comme Yoweri Museveni, Salim Saleh, Paul Kagame, James Kasini, Moses Ali, James Kabarebe, Taban Amin, Jean-Pierre Bemba, Laurent Nkunda, Bosco Ntanganda, feu Meles Zenawi et une longue liste de personnalités dont la culpabilité ne fait aucun doute. Nombre d’entre eux ont été accusés d’atrocités tant et tant de fois. Bemba a finalement été amené au Tpi pour un procès, mais ceci a plus à voir avec son opposition à la politique de Kabila junior et la République centrafricaine qu’avec ses déprédations dans le Congo oriental.

LES NATIONS UNIES ET LA PARALYSIE INTERNATIONALE

Théoriquement, les Nations Unies ont envoyé des équipes de Casques Bleus en Rd Congo. Depuis le 1er juillet 2010, la Moncu a été renommée Monusco. De l’une à l’autre, le bilan de la n’est pas très impressionnant. Deux des raisons fondamentales de ce manque de succès ont été, d’abord, le fait de se reposer au début sur les militaires français retranchés en Ituri et qui ont refusé de quitter la ville parce que des rebelles ont tué deux de leurs officiers lors de leur première sortie. Ensuite le fait de s’être reposée sur les troupes rwandaises pour coordonner la lutte contre les rebelles qu’ils soutiennent secrètement, au nom de la Monusco.

Ce programme offre un optimisme limité pour les Congolais. De nombreux Casques bleus engagés pour le maintien de la paix se sont adonnés au viol, au meurtre et au pillage pour leur propre compte. Certains ont été traduits en justice et renvoyés. Leur présence en Rdc ajoute à la peur de la population, du fait que leurs actions ne les distinguent pas des bandes de maraudeurs qu’ils sont supposés contrôler.

Néanmoins le monde entier semble paralysé dès lors qu’il s’agit d’aborder ce problème et les violations quotidiennes des droits humains auxquels la communauté internationale prétend croire. Le problème a été poussé hors des agendas. Aussi bien de celui des Nations Unies que de celui de l’Union africaine. Il ne resurgit que parce que les rebelles du M23 ont annoncé qu’ils allaient occuper toute la Rd Congo, c’est-à-dire recommencer la guerre de 1998. Ceci est une question différente.

LE SOUTIEN AMERICAIN AU RWANDA ET A L’OUGANDA EN RDC

La raison pour laquelle ce catalogue des horreurs se poursuit sans relâche depuis six ans est que les gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda sont protégés par les initiatives des militaires américains en Afrique du centre et de l’Est. Ils fournissent - au détriment du contribuable américain et au grand profit du clan de Museweni et Kagame - les troupes destinées à former une armée de substitution qui combat pour les Etats-Unis en Somalie, en Afghanistan et ailleurs dans la Corne de l’Afrique. Les Etats-Unis leur fournissent armes et équipements, soutien aérien, du cash et une immunité quant aux violations crasses des droits humains qu’ils commettent. Le commandement de l’Africom se repose sur l’Ouganda et le Rwanda pour mener à bien sa mission en Afrique de l’Est et du centre. L’ambassadeur américain auprès des Nations Unies, Susan Rice, qui a été un soutien principal de l’alliance anti-Kabila alors qu’elle était assistante pour l’Afrique du secrétaire du Département d’Etat, défend maintenant passionnément ces deux pays auprès des Nations Unies.

UNE HISTOIRE DE L’INTERVENTION AMERICAINE DANS LES GUERRES AFRICAINES

Les Etats-Unis ont été en guerre en Afrique depuis 1950, avec la Guerre froide. Les Etats-Unis ont ainsi une expérience concrète des guerres africaines. Ils ont combattu en Angola, en Rd Congo, en Somalie, au Soudan, en Ethiopie, au Maroc, en Libye, à Djibouti pour ne mentionner que quelques uns des pays. Dans certains cas ils ont fait appel à des troupes américaines, mais le plus souvent les Etats-Unis ont financé, armé, supervisé et soutenu des troupes autochtones. Dans son soutien aux forces anti-Mpla en Angola, ils ont envoyé des armes et de l’équipement à l’Unita (opposition). En Rd Congo, Larry Devlin, agent de la Cia, a été un ministre officieux dans le gouvernement de Mobutu. Les Etats-Unis avaient leurs propres forces aériennes au Congo à Wigmo. A partir de cette base, du personnel militaire de l’aviation a soutenu les forces sud africaines à Kwando, Fort Doppies et dans la base d’Encana dans le Caprivi Strip. Dans endroits où on pouvait également trouver des soldats provenant de la Rhodésie du Sud (dans leur DC3), des Allemands, des Français, des Portugais et d’autres troupes de l’Otan.

L’une des plus importantes bases était à Wheelus Field en Libye, sur la côte méditerranéenne, juste à l’est de Tripoli. Avec ses 4600 Américains, un ambassadeur américain en Libye l’avait surnommé "la petite Amérique". Durant la guerre de Corée, Wheelus a été utilisé par le commandement stratégique de l’aviation avant de devenir un centre de formation pour les troupes d’infanteries de l’Otan. Le déploiement stratégique des bombardiers par le commandement de l’aviation à Wheelus a commencé le 16 novembre 1950. Les bombardiers Sac ont mené 45 sorties en rotation dans la région, en prévision d’attaques contre l’Union soviétique. Wheelus est devenu un élément essentiel dans les plans guerriers du Sac, étant utilisée comme base pour les bombardiers, les avions de reconnaissance ainsi que pour le ravitaillement en carburant. Les Etats-Unis l’ont quittée en 1970.

Une autre base gigantesque était le Kagnew Field à Asmara. Etablie en 1943 comme une station radio de l’armée où était basé le US 4th Detachment of the Second Signal Servie Battalion, Kagnew Station est devenu la résidence de plus de 5000 Américains au moment où l’opération était à son apogée au cours des années 1960. Kagnew Station a été opérationnelle jusqu’au 29 avril 1977, date à laquelle le dernier Américain l’a quittée. Maintenant la lutte est tournée vers Al Qaeda dans le Maghreb (Aqmi) qui combine la contrebande de drogues et de diamants au terrorisme. Cette bataille a requis beaucoup de troupes sur le terrain comme conseillers et comme formateurs, ainsi que des agents de la Dea dans toute l’Afrique de l’Ouest. Les Etats-Unis sont prêts à soutenir les soldats qui chercheront à débarrasser le Mali des extrémistes fondamentalistes musulmans.

Selon une étude du US Congressional Research Service Study, publiée en novembre 2010, Washington a envoyé des milliers de troupes de combat, des douzaines d’avions et de navires de combat pour soutenir les dictateurs amis ou pour destituer des gouvernements inamicaux dans des douzaines de pays, presque sur une base annuelle. Les dossiers montrent que les forces armées américaines sont intervenues 47 fois dans des pays comme le Congo, le Zaïre, la Libye, le Tchad, la Sierra Leone, la Somalie, le Rwanda, le Liberia, la République centrale africaine, le Gabon, la Guinée Bissau, le Kenya, la Tanzanie, le Soudan, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, Djibouti et l’Erythrée.

Du milieu des années 1950 jusqu’à la fin des années 1970, seul quatre opérations militaires déclarées ont été enregistrées bien que des opérations militaires clandestines par procuration ont eu lieu un peu partout. Pendant l’ère Reagan/Bush Senior (1980-1991) le nombre d’interventions militaires s’est monté à huit, en plus des opérations clandestines à grande échelle menées par les "Special Forces" et des guerres par procuration en Afrique australe. Sous l’administration Clinton, ces interventions ont décollé. Entre 1992 et 2000, dix-sept incursions armées ont eu lieu sur le continent, y compris une grande invasion de la Somalie et le soutien militaire au régime du Rwanda. Clinton est intervenu au Liberia, au Gabon, au Congo, et en Sierra Leone afin de soutenir des régimes en difficulté et en place depuis longtemps. Il a bombardé le Soudan et a envoyé du personnel militaire au Kenya et en Ethiopie afin de soutenir des alliés dans leur assaut de la Somalie. Sous Bush Junior, quinze interventions militaires ont eu lieu, principalement en Afrique centrale et en Afrique de l’Est.

LES LIENS ENTRE LES MILITAIRES AMERICAINS ET LES ARMEES AFRICAINES

La plus grande partie de la main tendue américaine à l’Afrique est, hors de toute proportion, constituée de liens militaires avec des chefs armés alliés. Le Pentagone a des relations de ce type avec 53 pays africains (y compris la Libye avant la récente attaque). Les efforts de Washington de militariser l’Afrique et de faire de ses armées des mercenaires qui protègent les propriétés et combattent les terroristes se sont accélérés depuis le 11 septembre 2001. L’administration Bush a annoncé, en 2002, que l’Afrique était "une priorité stratégique dans la lutte contre le terrorisme". Dès lors, les stratèges de la politique étrangère américaine, avec le soutien aussi bien des représentants libéraux que néo-conservateurs au Congrès, ont manœuvré pour centraliser et coordonner la politique militaire sur la grande base continentale qui compose l’African Command (Africom). L’organisation des armées africaines par Africom est désigné par un euphémisme, "le partenariat coopératif", mais son but est de mener des guerres néocoloniales fondées sur des accords bilatéraux (Ouganda, Burundi, etc.) ainsi que des liens "multilatéraux" avec de l’Union africaine.

L’AGENDA IMPERIALISTE D’AFRICOM

Un élément typique de cette construction est "l’opération Flintlock" annuelle. Son le prétexte d’améliorer la sécurité des pays sahariens et sahéliens, des forces armées américaines, africaines et européennes se rejoignent pour donner cours à une série d’exercices militaires multinationaux dont le but est la promotion et le développement de la coopération internationale pour la sécurité en Afrique du Nord et de l’Ouest. L’exercice le plus récent faisait partie du Trans-Sahara Counter Terrorism Partnership (TSCTP). Quelque 1200 soldats ont participé s, y compris 600 Marines et Special Forces, des unités françaises et britanniques et de moindres contingents provenant d’Allemagne, d’Espagne, des Pays-Bas. Des pays africains y ont participé avec une représentation militaire, dont le Mali,l’Algérie, le Burkina Faso, le Niger, la Mauritanie, le Nigeria, le Tchad, le Sénégal, la Tunisie et le Maroc. Les exercices étaient dirigés depuis un centre multinational de coordination basé à Camp Baangre à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Des forces maliennes ont été formées pour répondre aux prises d’otages (selon la pratique de Aqmi). Beaucoup étaient des vétérans de la lutte contre les rebelles touaregs dans le nord du Mali. Ces Flintlocks sont un modèle reproduit en Afrique centrale.

L’IMPLICATION DE MUSWENI ET KAGAME EN RDC

En Afrique centrale, l’un des agents clé des relations entre l’Ouganda et le reste du monde et un bon indicateur du rôle de Museweni, est son frère, le général Salim Saleh (alias) Caleb Afande Akandwanaho. Il est prouvé que Salim Saleh s’adonne au blanchiment d’argent, fait du trafic de drogues et est un pilleur de ressources. Le général Salim Saleh (né Caleb Akandwanaho le 14 janvier 1960) est un conseiller du président ougandais pour les affaires militaires. Anciennement il était ministre ougandais pour la micro-finance. Auparavant il était un officier supérieur des forces armées ougandaises. Son nom fût cité dans des affaires de corruption et il a été accusé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies de pillage de ressources naturelles au Congo

Le gouvernement américain était pleinement conscient de ces crimes et de la participation de Museweni dans ces entreprises. Comme il était au courant des pratiques barbares de son despote africain favori, Paul Kagame du Rwanda, qui par ses armées de substitution, tuait des milliers de civils en RDC. Toutefois, leurs armées sont nécessaires à AFRICOM et il est donc peu probable que ces deux vont devoir répondre de leurs actes, à moins qu’ils entreprennent de tenter d’envahir la RDC

LES FAIBLESSES DE LA RDC

A la base d’une bonne partie du problème, il y a le fait que l’actuel président de la Rd Congo, Joseph Kabila, est faible, vacillant et dépourvu du soutien d’une nation unie. A la différence de son père, qui avait bénéficié de la loyauté d’une bonne partie de la population, il est perçu comme hautain, manipulateur et dépourvu d’un credo de base. Cette faiblesse lui vaut l’inimitié de l’armée nationale. Une armée qui a besoin de discipline, de raison d’être et du matériel pour affronter l’ennemi. Le gouvernement Kabila a été incapable de fournir ces éléments, rendant le pays vulnérable. Les citoyens de la Rd Congo ont grandement souffert depuis la courte période d’accalmie qui a suivir l’indépendance. Leur avenir ne se présente pas mieux.

Les pays qui ont soutenu la Rd Congo lors de la dernière guerre contre l’envahisseur ougandais et rwandais pourraient bien intervenir une nouvelle fois. Mais ce serait un désastre pour les politiques africaines régionales. Si les Etats-Unis parvenaient à se convaincre de prendre des mesures positives pour réfréner leurs substituts militaires en Ouganda et au Rwanda et indiquer, que tout bien considéré, ils ne sont pas à l’abri des inculpations pour crimes contre l’humanité, alors, peut-être, il y aurait une chance d’établir la paix dans le Congo oriental. A moins d’un sévère rappel à l’ordre de la part des Etats-Unis dans la région, l’attrait du profit rapide dans le business du pétrole et du gaz réduirait à néant toute impulsion humanitaire que Museweni ou Kagame pourrait avoir. La politique de Washington, qui consiste à geindre et à gémir sans rien faire, déshonore les valeurs qu’elle professe constamment pour le continent

** Gary. K. Busch est un auteur et analyste américain, spécialiste de la politique en Afrique - Texte traduit de l’anglais par Elisabeth Nyffenegger

Source : http://www.pambazuka.org

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