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RDC : Le Dialogue présidentiel et les délais constitutionnels – Notre opinion citoyenne

D 1er août 2015     H 05:17     A collectif FILIMBI (RDC)     C 0 messages


Depuis plusieurs semaines déjà, la question d’un dialogue, proposé par le Président de la République Démocratique du Congo, fait la une de l’actualité politique congolaise. Le collectif FILIMBI, bien que prioritairement fortement préoccupé par le sort des deux héros de la jeunesse congolaise, Fred BAUMA et Yves MAKWAMBALA, a suivi de près l’évolution des consultations entre le Chef de l’Etat et les forces politiques et sociales ayant répondu à son invitation. Après avoir écouté les déclarations des uns et des autres, mais surtout poussé par un nombre important de jeunes congolais, majoritaires dans la population, à qui le Congo appartient également et qui se reconnaissent dans son action, le collectif FILIMBI a décidé de partager son opinion citoyenne sur cette question.

De prime abord, il nous semble que le débat sur le dialogue a été volontairement mal posé et cela entraine une certaine confusion voire même une division au sein de l’opinion. Le dialogue, ou même l’échange d’opinions divergentes sur les politiques publiques, est l’un des principes démocratiques fondamentaux auxquels la grande majorité des congolais souscrivent. Il serait par conséquent inapproprié de diviser l’opinion publique entre, d’une part, ceux qui sont pour, et d’autre part, ceux qui sont contre le fait de dialoguer ou d’échanger.

En réalité la grande majorité des citoyens congolais ont un souci principal ; ils exigent un processus électoral qui aboutira à une alternance apaisée au sommet de l’Etat, après une élection présidentielle tenue dans le strict respect du délai constitutionnel. Dès lors, les citoyens congolais ne rejettent pas en soi l’idée d’échanger pour résoudre exclusivement les divergences importantes ayant trait au processus électoral. Néanmoins, au vu de l’expérience des précédentes rencontres de ce type, les citoyens congolais craignent que ce nouveau forum en gestation, dans le format que l’on tente de lui donner, n’aboutisse à la mise en place d’un gouvernement qu’on appelle suivant les époques, d’union nationale ou encore de cohésion, et donc en définitive à une nouvelle transition qui pourrait permettre au Président actuel de se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel.

Cette crainte légitime se fonde sur certains éléments notamment :

 1. La qualité du porteur initial du message personnel du Président de la République ; l’Administrateur Général de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR).

L’ANR est un service public, gardien de la sureté intérieure et extérieure de l’Etat, dont les missions sont clairement définies dans le décret-loi n°003-2003 du 11 janvier 2003. Se présenter comme émissaire du Chef de l’Etat sur cette question hautement politique, alors même que, les fonctions de l’Administrateur Général l’obligent à observer une neutralité sans faille dans ce domaine, prête à confusion et à suspicion. Par ailleurs, il est troublant de confier un message de paix au patron d’une agence dont les méthodes d’action sont fortement contestées car peu démocratiques et peu respectueuses des lois et des règles de procédure en vigueur en RDC.

 2. Le manque de visibilité sur l’ordre du jour desdites assises.

Cet ordre du jour varie d’un intervenant à l’autre. En outre, le Président de la République, pourtant initiateur dudit dialogue, n’a jusqu’à présent émis aucune proposition concrète et précise.

 3. L’expérience des dialogues passés.

Le dernier forum du genre, les Concertations Nationales, organisé en 2013, a abouti une fois de plus, à un partage du pouvoir et à un Gouvernement dit « de cohésion nationale ». Or la priorité était de résoudre les problèmes concrets des citoyens congolais. La grande majorité des résolutions adoptées pendant ces assises n’est toujours pas mise en œuvre.

En définitive, les citoyens congolais dans leur grande majorité exigent tout simplement le strict respect du délai constitutionnel pour l’organisation de l’élection du prochain Président de la République. Ce scrutin doit être convoqué par la Commission Electorale Nationale Indépendante quatre-vingt-dix jours avant l’expiration du mandat du Président en exercice (cfr. Article 73 de la Constitution). Le Collectif Filimbi joint sa voix à celles de ces (millions) concitoyens pour rappeler cette exigence constitutionnelle.

Ainsi le collectif FILIMBI considère qu’il n’est nul besoin de convoquer une énième « grande messe ». Ce dialogue aux contours imprécis n’est pas opportun. Nous soutenons plutôt la résolution en urgence de tous les points qui pourraient empêcher l’organisation d’une élection crédible, transparente et apaisée du prochain Président de la République dans le strict respect de l’échéance du délai constitutionnel.

Pour ce faire, nous exhortons le Gouvernement de la République, la classe politique, toutes tendances confondues, et la CENI, à s’accorder toutes affaires cessantes sur ces obstacles. En outre, nous demandons aux partenaires internationaux, dont l’importance du soutien n’est plus à démontrer, de s’impliquer fortement en faveur d’une résolution urgente desdits obstacles.
En effet, de notre point de vue, il existe certaines questions extrêmement importantes dont la résolution urgente est indispensable pour que le délai constitutionnel d’organisation de l’élection du prochain Président de la République soit respecté. Les voici :

 1. Le découpage des provinces et la mise en œuvre du processus de décentralisation, qui représentent, à l’état actuel, un défi financier et logistique difficilement surmontable.

 2. La question de l’enrôlement des jeunes congolais ayant atteint l’âge de voter après le processus d’enrôlement de 2011 et à qui le droit vote a été dénié au mépris de la Constitution alors qu’ils représentent des millions d’électeurs, et de candidats potentiels.

 3. La capacité du gouvernement à mobiliser l’intégralité du budget nécessaire, tout en rappelant une fois de plus que l’échéance de l’organisation de l’élection du prochain Président n’est pas négociable.

 4. Le calendrier électoral qui démontre clairement ses limites, tout en précisant qu’en aucun cas l’élection présidentielle ne peut se tenir au-delà du délai constitutionnel.

 5. Le fichier électoral, dont la fiabilité a été largement contestée lors des dernières élections.

Tous les autres problèmes non mentionnés ci-haut sont en réalité du ressort des institutions en place. Les animateurs de ces institutions sont tenus de régler ces problèmes selon les exigences de leur charge, pour servir l’intérêt général, en rendant compte de leur action. Ils recevront la sanction des citoyens au cours des prochaines échéances électorales.

Dans les prochains jours, le Collectif Filimbi publiera son opinion citoyenne détaillée sur les principaux obstacles repris ci-dessus.

Le Congo nous appartient à tous ! Par conséquent nous, citoyens congolais, nous engageons à jouer pleinement notre rôle de sentinelle en nous assurant que la Constitution qui est sacrée soit scrupuleusement respectée, notamment en ce qui concerne l’élection du prochain Président de la République. C’est un premier pas essentiel pour instaurer au Congo un attachement indéfectible à la légalité, à la culture démocratique et, donc, pour assurer l’avenir de toute une génération, copropriétaire du Congo.

LA COORDINATION FILIMBI