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TCHAD : Manœuvres pour la levée de l’immunité parlementaire de l’opposant Saleh Kebzabo

Le CNCD appelle la France a cesser son soutien au pouvoir absolu d’Idriss Déby Itno

D 27 décembre 2011     H 12:25     A CNCD (Tchad)     C 0 messages


LETTRE OUVERTE AUX AUTORITES FRANCAISES

Au moment où nous rédigeons cette lettre ouverte, le député Saleh Kebzabo, Président de l’UNDR, parti de l’opposition et Porte-parole adjoint de la CPDC (principale coalition des partis légalisés) est dans la ligne de mire du général Idris Déby Itno. En effet par des manœuvres dilatoires dont le régime a l’art, une tentative de lever l’immunité parlementaire de M. Kebzabo est en cours. Dans notre pays où, le crime politique est institutionnalisé, nous avons toutes les raisons de croire que cette cavale contre l’opposant n’augure rien de bienveillant et nous avons toutes les raisons d’exprimer nos craintes. Le CNCD exprime sa solidarité à l’opposant et se fait le relais de son cas auprès de l’opinion internationale.

Rappelons que le 1er décembre 2011, Idriss Déby Itno, Chef de l’État tchadien a célébré 21 ans de pouvoir absolu sous le regard condescendant de la Communauté Internationale et particulièrement de la France son principal soutien. Deux longues et terribles décennies durant lesquelles, le peuple tchadien a souffert dans une indifférence quasi-totale desdites grandes démocraties de ce monde, les affres d’une des dictatures les plus implacables en Afrique.

L’opposition tchadienne dans son ensemble, relayée par les organisations tchadiennes et internationales des droits de l’Homme, n’ont eu cesse de dénoncer les violations et atteintes systématiques des droits fondamentaux perpétrées par le régime en place mais en vain. Idriss Déby Itno, fort du soutien de la communauté internationale, a continué et encore aujourd’hui, de faire fi de toutes les valeurs républicaines en multipliant les actes de répression. Assassinats des défenseurs des droits de l’homme ou des leaders politiques dont les plus emblématiques sont les meurtres de Me Joseph Behidi, Président de la Ligue Tchadienne des Droit de l’Homme le 16 février 1992 et du Prof. Ibni Oumar Mahamat Saleh, Secrétaire Général du PLD et Porte Parole de la Coordination des Partis Politique pour la Défense de la Constitution (CPDC) en février 2008, modification de la Constitution et fraudes électorales pour pérenniser son pouvoir, musellement de la presse, arrestations arbitraires, exécutions extra judiciaires, détournement des deniers publics, mercenariat etc. Un climat politique exécrable doublé logiquement dans ces conditions, d’une situation socio économique insoutenable.

La situation politique est foncièrement délétère et le pouvoir en place n’est tout simplement plus viable malgré des stratagèmes aussi grotesques les uns les autres pour le conserver coûte que coûte. A trop tirer sur la corde elle finit par rompre. Des fissures profondes dans les fondations même du pouvoir apparaissent de plus en plus au grand jour et révèlent des dissensions dans le camp d’Idriss Déby Itno y compris dans son cercle proche et familiale.

Tous les verrous sautent un à un. L’exaspération de la population est à son comble et elle n’hésite plus à sortir dans la rue malgré l’impressionnante armada du régime, l’armée est en état insurrectionnel larvé, l’union sacrée du clan a volé en éclats au gré des intérêts personnels et les assassinats fratricides se multiplient, les Institutions Internationales après avoir porté à bout de bras le régime, jettent l’éponge et dénoncent sans ambages la faillite économique d’un système gangrené par une corruption galopante, un clientélisme et une mauvaise gouvernance exacerbés. De même, le changement de régime en Libye prive Idriss Déby Itno du soutien du colonel Kadhafi et son rapprochement du président soudanais El Béchir est loin de lui avoir apporté la sérénité escomptée. Fragilisé par une situation interne volatile, un environnement international hostile ainsi que des soucis récurrents de santé qui l’affaiblissent de plus en plus, le pouvoir de Déby Itno est à bout de souffle.

Le seul verrou qui persiste et semble résister à toutes les épreuves du temps, s’avère être l’indéfectible soutien des autorités françaises au dictateur tchadien, un dispositif majeur dans le maintien en place d’Idriss Déby Itno. C’est là où le bât blesse.

Dans ce monde en pleine mutation, où les peuples brisent les chaînes de la peur et se lèvent contre les dictatures les plus féroces pour affirmer leur droit à la liberté, à la dignité et au développement, on ne saurait comprendre que la France aille à contre courant de l’histoire en se maintenant aux côté de l’homme fort de N’Djamena.

Le CNCD en appelle à la solidarité des parlementaires français vis-à-vis de leur homologue tchadien le député Saleh Kebzabo et demande des autorités françaises des signes forts de leur désengagement auprès du président Déby Itno.

Se faisant l’écho du sentiment général de la population, le CNCD appelle les autorités françaises à cesser tout appui au pouvoir clanique de N’Djamena, et à soutenir le peuple tchadien et les forces de l’opposition pour une véritable alternance démocratique au Tchad ;

A l’aube de cette année 2012, le CNCD formule le vœu ardent que la lutte du peuple tchadien pour un État de Droit puisse enfin triompher des affres de la dictature. Le CNCD appelle une fois de plus, au rassemblement de toutes les forces vives du pays pour une action concertée pour un changement radical.

Fait à Paris le 19 décembre 2011

La Coordinatrice du CNCD

Annette Yoram Laokolé