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Combattre la mortalité maternelle en Éthiopie

D 19 février 2013     H 05:19     A IRIN     C 0 messages


ADDIS ABEBA - L’Éthiopie a fait des progrès dans la réduction du taux de mortalité maternelle, mais son système de santé fragile fait que beaucoup de femmes succombent encore à des complications (avant, pendant et après l’accouchement) qui peuvent être évitées.

Selon les estimations du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), 25 000 femmes décèdent chaque année des suites de complications pendant l’accouchement et 500 000 autres souffrent de handicaps à long terme du fait de complications liées à la grossesse et à l’accouchement [ http://www.unfpa.org/public/cache/offonce/News/pid/4210 ].

« Il y a eu des interventions, mais leur impact n’est pas aussi significatif. Le système de santé est toujours très fragile », a déclaré à IRIN Luwei Pearson, chef de la section Santé du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Éthiopie.

« Il faut faire des efforts pour s’assurer que les centres de santé ne soient pas seulement accessibles, mais également fonctionnels, en installant l’électricité et l’eau courante, par exemple ».

D’après un rapport de 2010, l’Éthiopie fait partie des cinq pays qui totalisent ensemble 50 pour cent des décès maternels dans le monde. En 2011, le pays a enregistré 676 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 673 décès en 2005. L’Éthiopie veut ramener ce chiffre à 267 d’ici 2015 [ http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736%2810%2960518-1/abstract ].

Selon l’Enquête démographique et de santé (EDS) menée en Éthiopie en 2011, la proportion de femmes enceintes qui accouchent en présence d’un soignant qualifié est passée de 6 pour cent en 2005 à 10 pour cent en 2011.

Limiter les décès maternels

Des études montrent que les complications liées à l’avortement, la rupture de l’utérus, la septicémie puerpérale, l’hémorragie post-partum et la prééclampsie/éclampsie sont les cinq principales causes de mortalité maternelle en Éthiopie [ http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19743789 ].

Le gouvernement affirme qu’il a pris des mesures pour limiter les décès maternels, telles que l’utilisation d’un tableau de bord pour mesurer l’efficacité du système de santé maternelle et infantile.

« Le tableau de bord est un outil très utile. Cela nous servira à suivre de près les taux enregistrés à l’échelle du centre de santé, de la communauté et du pays. Par conséquent, cela nous permettra aussi de garantir un système de soins médicaux équitable dans tout le pays et d’essayer de réduire les inégalités qui existent dans certains endroits », a déclaré Kesetebirhan Admassu, ministre de la Santé.

Le programme de vulgarisation sanitaire de l’Éthiopie, grâce auquel le gouvernement forme 30 000 agents de santé, doit également améliorer l’accès des femmes aux soins prodigués par un personnel qualifié lors de l’accouchement [ http://www.irinnews.org/Report/72371/ETHIOPIA-New-programme-boosts-village-health-service-delivery ].

Jusqu’à maintenant, cependant, seul un pour cent des femmes enceintes accouchent en présence d’un personnel soignant qualifié, selon l’EDS de 2011, en grande partie à cause du nombre très limité d’agents de santé. D’après le ministère de la Santé, chacun de ces agents s’occupe d’environ 2 500 personnes.

Zones rurales

De nouvelles approches sont particulièrement nécessaires dans les zones rurales, où vit 83 pour cent des 87,1 millions d’habitants que compte la population éthiopienne. Si 45 pour cent des naissances ont lieu en présence d’un personnel de santé qualifié dans les zones urbaines, c’est le cas pour seulement trois pour cent des naissances en zone rurale.

Dans ces régions reculées, les femmes sont confrontées au nombre limité de centres de santé adaptés et aux pratiques traditionnelles néfastes, telles que le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines, qui augmentent les risques durant la grossesse et l’accouchement. La sous-fréquentation des centres de santé existants ne fait qu’aggraver la situation.

« Diminuer les décès maternels, en particulier dans les zones rurales, ne demande pas seulement des soins médicaux, mais aussi une mobilisation de la société. Il est important de limiter les grossesses et les mariages précoces, et faire en sorte que les centres de santé soient accessibles », a déclaré Mme Pearson de l’UNICEF.

Une évaluation de la région rurale du Tigré, réalisée en 2009 par l’université d’Addis Abeba, a révélé que 80 pour cent de l’ensemble des décès maternels avaient lieu à domicile et que 50 pour cent de ces décès étaient dus à un transport tardif vers un centre de santé.

Dans les zones rurales, de nombreuses Éthiopiennes sont encore attachées aux pratiques traditionnelles qui accompagnent habituellement les naissances à domicile, mais qui ne sont généralement pas réalisées dans les centres de santé. Mme Pearson pense que l’intégration de certaines de ces pratiques dans le système de santé officiel pourrait augmenter le nombre d’accouchements en centre de santé.

« Il y a des mères qui voudraient, par exemple, accoucher en présence d’une voisine ou qui souhaiteraient une cérémonie traditionnelle du café. Cela pourrait être intégré afin de convaincre plus de femmes d’accoucher à l’hôpital », a-t-elle expliqué.

Services d’urgence et de planification familiale

L’Éthiopie pourrait aussi grandement améliorer la santé maternelle en investissant davantage dans les soins obstétricaux d’urgence. Une étude de Médecins Sans Frontières (MSF) de 2012, menée en Sierra Leone et au Burundi, a révélé que l’investissement dans des soins obstétriques simples et peu coûteux permettait de diminuer les décès maternels jusqu’à 74 pour cent [ http://www.msf.org/shadomx/apps/fms/fmsdownload.cfm?file_uuid=39A67349-18EB-49FC-A6F7-72A72F5A8B1E&siteName=msf ].

Le recours plus systématique aux services de planification familiale pourrait également réduire le nombre de grossesses précoces et non désirées, limitant à terme les décès maternels. Selon l’EDS de 2011, en Éthiopie, seuls 23 pour cent des femmes ont déjà eu recours à un service de planification familiale dans les zones rurales, contre 53 pour cent dans les zones urbaines.

« Nous avons bon espoir que [l’]objectif [de réduire la mortalité maternelle et infantile] soit atteint. car nous avons constaté une réduction de plus de 40 pour cent de la mortalité infantile [chez les enfants] de moins de cinq ans au cours des cinq dernières années en Éthiopie. Nous avons constaté une réduction de 39 pour cent en Afrique subsaharienne », a déclaré Rajiv Shah, administrateur de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), un des principaux partenaires de santé maternelle de l’Éthiopie.

« Nous avons désormais accès à de nouvelles technologies, de nouveaux vaccins, de nouvelles données et de nouvelles approches pour atteindre les populations vulnérables dans leurs communautés, dans les zones urbaines et rurales, et cibler les personnes démunies afin de continuer à améliorer ces résultats ».

Source : http://www.irinnews.org/