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SOUDAN : L’enrôlement forcé « demeure une réalité à Khartoum »

D 18 février 2012     H 05:13     A IRIN     C 0 messages


DJOUBA-KHARTOUM - Les groupes rebelles qui combattent le gouvernement du Soudan du Sud ont renforcé leurs rangs en ayant recours à l’enrôlement forcé de Sud-Soudanais à Khartoum, selon un haut responsable de Djouba, un « chef » rebelle et un homme qui a échappé à l’enrôlement forcé dans la capitale du Soudan.

Bien que les enrôlements forcés ne semblent plus être pratiqués depuis qu’une série d’enlèvements a été signalée à la fin du mois de décembre, le ministère de l’Information et porte-parole du gouvernement du Soudan du Sud Barnaba Marial Benjamin a indiqué que les enrôlements forcés se produisaient toujours de manière sporadique.

Ils se produisent « de temps en temps, à l’improviste ; ils ne sont pas organisés. Même si l’on constate une diminution [en fréquence], que rien ne se produit pendant deux ou trois jours, une semaine plus tard, on entend dire que la même chose s’est passée, encore et encore », a-t-il dit à IRIN.

M. Benjamin a accusé « les autorités nationales de sécurité de la République du Soudan [d’avoir] poussé les milices de Khartoum à enrôler certains des étudiants [originaires du sud] de l’université de Khartoum de force » et de les avoir envoyés dans des camps d’entraînement pour « qu’ils se joignent aux miliciens » qui combattent le gouvernement de Djouba.

Bien que le Soudan ait nié toute implication, M. Benjamin a indiqué qu’une délégation gouvernementale avait fait le voyage de Djouba à Khartoum en janvier pour exiger « que ce type d’activité prenne fin. Mais il semble que rien n’ait changé ... et je pense que cela va vraiment à l’encontre de l’idée de construction de relations entre les deux États ».

À la fin du mois de décembre, Simon*, un Sud-Soudanais âgé de 49 ans qui vit à Khartoum, a dit à IRIN qu’il avait échappé au recrutement.

« Sept d’entre nous se trouvaient au cour d’un grand marché de Khartoum aux environs de 14h00. J’ai vu sept hommes venir vers nous. Deux d’entre eux avaient des pistolets sous leurs vestes. "Suivez-nous", nous ont-ils dit. Ils nous ont ensuite conduits en pick-up dans une maison vide de l’ouest d’Omdourman.

« Il y avait cinq autres prisonniers. Ils nous ont mis des chaînes aux pieds et ne nous ont laissé qu’un jerrican vide pour faire nos besoins. Ils nous ont dit qu’ils voulaient nous emmener dans le Sud pour combattre le SPLA », a-t-il dit en référence à l’Armée de libération du peuple soudanais, l’armée régulière du Soudan du Sud.

Simon dit qu’il doit sa liberté à ses employeurs, qui ont versé l’équivalent d’environ 1 500 dollars pour que ses ravisseurs le laissent partir.

Il est difficile de quantifier le nombre des enlèvements. Un travailleur humanitaire présent à Khartoum a dit qu’à la fin du mois de décembre, « Les ambassades, les informations de presse, les organisations locales et les organisations non gouvernementales (ONG) ont indiqué que quelque 200 à 300 Sud-Soudanais auraient été enlevés à Khartoum au cours de ces deux derniers mois. Il n’y a pas de chiffres officiels, seulement des rapports non officiels ».

Un homme présenté à IRIN comme un commandant rebelle du Sud, William Goikang, a dit qu’il avait participé à la planification des enlèvements.

« Nous enlevons désormais des étudiants. Certains d’entre eux nous suivent sans offrir de résistance et d’autres nous obligent à faire usage de la force ... Nous n’enlevons que des hommes âgés de 20 à 30 ans », a-t-il dit à IRIN à la fin de l’année 2011.

M. Goikang a indiqué que les conscrits étaient emmenés dans l’un des six centres d’entraînement des États d’Unité et du Jonglei au Soudan du Sud, mais il a nié que des rançons aient été demandées ou que le gouvernement de Khartoum ait joué un quelconque rôle dans les recrutements.

Le porte-parole du ministère soudanais de l’Information Rabbie Abdellati Ebait a dit à IRIN que son gouvernement s’opposait « à tous les crimes, et notamment aux enlèvements. Si des enlèvements se produisent, la police est là pour retrouver les criminels et les arrêter. Cela n’a rien à voir avec la politique ».

Source : http://www.irinnews.org

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