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Bénin : DECLARATION A PROPOS DE LA SITUATION DE L’ECOLE

D 12 juillet 2012     H 05:03     A UNAPEEB     C 0 messages


Réunie en Congrès ordinaire le 30 juin 2012, l’Union Nationale des Associations des Parents d’Elèves et d’Etudiants du Bénin (UNAPEEB), après examen de la situation de la situation de l’Ecole au Bénin, a décidé de rendre publique la déclaration qui suit.
L’Ecole au Bénin est en train d’être détruite. Les performances de l’Ecole aujourd’hui sont décevantes. Deux enfants sur trois échouent au bac, près de la moitié au BTS. A l’université, dans les facultés classiques, il n’est pas rare d’avoir moins de 10 % de succès dans de nombreuses filières.
Les raisons de ces échecs massifs se trouvent dans l’insuffisance en quantité et en qualité des enseignants, des classes et amphis, absence quasi complète de matériels didactiques, de laboratoire, de bibliothèque fonctionnelle. Ne parlons pas de salles d’internet, mais également et surtout dans les programmes inadaptés.
Ces programmes en vigueur, les Nouveaux Programmes d’Etudes (NPE), enseignés en français, constituent un désastre.
L’instruction à travers une langue étrangère, le français en l’occurrence, vestige de l’époque coloniale constitue un handicap sérieux pour la promotion et les performances de l’Ecole au Bénin. Elle prive les parents de l’aide possible et nécessaire à leurs enfants. Elle induit chez nos enfants le sentiment de l’incapacité à nous développer sur la base de nos langues, cultures et richesses. C’est pourquoi, l’UNAPEEB continuera de se battre pour la suppression des NPE et pour le démarrage immédiat de l’instruction dans nos langues, à commencer par celle des parents pour s’étendre aux enfants.
Les libertés à l’Ecole et les franchises scolaires et universitaires sont bafouées. Tout récemment dans la crise qui oppose le Président Boni YAYI et son gouvernement aux enseignants des enseignements maternel et primaire et ceux des enseignements secondaires général, technique et professionnel (crise non encore résolue) on nous a présenté, sur les écrans de la télévision, des scènes horribles d’élèves chargés aux gaz lacrymogènes et aux matraques, des enseignants tabassés humiliés devant leurs élèves.
Les 15, 16 et 17 mai derniers, le campus universitaire d’Abomey Calavi a été le théâtre d’un affrontement d’une rare violence entre les forces de répression (appelées par le Recteur Brice SINSIN) et les étudiants ayant pour cause un problème académique porté devant la justice (une démission du décanat et du rectorat ?).
Plus généralement, le règlement intérieur dans les collèges prive les élèves d’une vie associative et militante autonome, entravant ainsi leur apprentissage et formation à la démocratie.
Aujourd’hui, un débat est engagé pour une nouvelle Constitution dans le pays. Il est indispensable que soit inscrit comme droit constitutionnel, le droit des enfants du Bénin d’être instruits à travers leur langue maternelle, le droit de tout adulte d’être instruit, administré, jugé dans sa langue maternelle. Bref, il faut que chacune de nos langues ait un statut constitutionnel de langue d’instruction et d’administration dans son terroir (comme le recommande l’UNESCO), que soit supprimée cette honteuse, coloniale, rétrograde et aliénante clause de la langue française comme seule langue officielle, comme seule langue d’instruction et d’administration au Bénin.
Il faut la démocratisation de l’Ecole avec l’instauration, à l’instar de l’Université, de l’élection des directeurs et proviseurs, le respect des franchises scolaires et universitaires.

En plus de ces revendications fondamentales pour le relèvement de l’Ecole au service du développement de notre pays, il y a des exigences pour de meilleures conditions de vie des enseignants, des élèves et de leurs parents. Il s’agit de :

 La résolution immédiate de la crise en cours avec les enseignants du primaire et du secondaire avant la prochaine rentrée 2012-2013 : rétrocession des salaires défalqués, paiement de l’augmentation indiciaire due, satisfaction des revendications de formation des ex-contractuels locaux reversés ;
 Le respect des franchises universitaires et scolaires ;
 La suppression des contributions scolaires ;
 Le recrutement de nouveaux enseignants et poursuite de la formation continue des anciens ;
 La suppression du règlement intérieur liberticide à l’Ecole afin de permettre aux élèves de faire l’apprentissage à l’Ecole, de la vie associative et de la démocratie.

Nous, à l’UNAPEEB, nous voulons le meilleur pour l’Ecole au service de l’émancipation de nos enfants, de notre pays ! Œuvrons partout à défendre ces revendications !
Les parents d’élèves et d’étudiants ne peuvent rester indifférents au débat sur la Constitution. Nous avons des droits à faire inscrire dans une nouvelle Constitution pour un meilleur devenir de l’Ecole et de nos enfants. Nous devons nous battre pour que soit inscrit comme droit constitutionnel, une instruction basée sur nos langues, nos cultures et la science au dernier cri.

Cotonou, le 30 juin 2012

Adoptée à l’unanimité et avec acclamations

Le Congrès

A NOTER : Monsieur KOUDOUKPO K. Paul a été réélu par le Congrès :
Président du Bureau Exécutif National de l’UNAPEEB.