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Bénin : Régime du Changement ou de la Refondation : une propension permanente aux scandales

Déclaration des centrales et confédérations syndicales du Bénin au sujet de l’affaire ICC Services

D 8 août 2010     H 19:38     A     C 0 messages


Depuis quelques semaines dans notre pays, l’un des plus gros scandales sous l’ère du régime du changement dirigé par le Docteur Président YAYI Boni a éclaté au grand jour avec l’affaire ICC Services où cette structure illégale de placement d’argent installée au Bénin depuis quatre (04) ans au vu et au su du Gouvernement a pu frauduleusement capter plusieurs milliards de nos Francs auprès des travailleurs mal rémunérés, des paysans pauvres, des étudiants, des militaires, gendarmes, des femmes des marchés etc... avec la complicité passive ou active des autorités qui nous gouvernent en désarticulant ainsi les structures traditionnelles de collecte d’épargne et de crédit que sont les Banques et autres institutions financières ou économiques régulièrement autorisées qui exercent leur profession dans les règles de l’art au Bénin.

Il n’est pas superflu de rappeler à la mémoire collective que outre les autres scandales honteux qui ont jalonné le système du pseudo changement depuis l’avènement de ce régime il y a bientôt cinq (05) ans, l’Affaire ICC Services, au regard des faits, a battu tous les records des affaires louches, de corruption active ou passive, de détournement massif de deniers publics, de l’impunité totale depuis l’indépendance du Bénin, etc… Par ailleurs, les travailleurs et les populations de nos villes et campagnes victimes de ce système mafieux et pernicieux constatent avec beaucoup d’amertume que le Chef du changement, le premier magistrat de la Nation qui a toujours choisi en toute liberté ses collaborateurs n’est jamais au courant des affaires sales qui éclaboussent de façon éblouissante son régime. Il en est ainsi des sulfureuses affaires de CEN-SAD où plus de cinq (05) milliards de nos francs se sont évaporés, des surfacturations à hauteur de cinq (05) milliards ont été dénoncées par un Député proche de la mouvance à l’issue de la livraison des machines agricoles commandées par une procédure de gré à gré en violation flagrante des textes régissant les marchés publics dans notre pays. De même, l’exploitation des véhicules d’occasion constitue une autre facette des affaires louches établies par le régime où des ressources dégagées par cette filière sont logées dans un endroit autre que celui du trésor Public. Enfin, pour boucler la boucle, nonobstant l’injection précipitée de plusieurs milliards de nos Francs dans la filière Coton, cette filière est littéralement détruite et les paysans désorientés se trouvent aujourd’hui plongés dans une paupérisation très avancée.
De tous les scandales cités ici ou non, l’affaire ICC-service est un fait qui heurte le plus la conscience nationale, le bon sens, la morale, l’éthique et suscite en même temps l’émotion, voire la révolte à l’échelle nationale. Car les effets de cette vaste escroquerie longtemps planifiée et organisée par les Responsables de ICC-Services de connivence avec les hommes du pouvoir sont lourds de conséquence sur les plans économique, social et politique avec à la clef, l’effondrement de l’épargne nationale.

Les interventions tous azimuts sur les médias de certains nervis du pouvoir et de quelques religieux mal inspirés tendant à rendre coupables tout le monde et à blanchir d’avance certaines autorités impliquées, en se substituant aux autorités judiciaires, constituent à nos yeux une fuite en avant, car comme l’a dit l’autre : "on peut tromper une partie du peuple une partie du temps, mais jamais tout le peuple tout le temps". Dans ce sale dossier d’escroquerie, la responsabilité ne peut en aucun cas être collégiale sinon c’est tout le monde qui sera embastillé. Le gouvernement qui est bien informé que les responsables de ICC Services avaient déjà opéré en Côte d’Ivoire et certainement sous d’autres cieux avant de débarquer dans notre pays pour installer leur machine d’escroquerie aux fins d’écumer les populations a laissé faire consciemment ou inconsciemment. Où sont les services de renseignements et à quoi servent les "Caisses noires" de sécurité ?

De notre point de vue, du moment où le gouvernement a délivré un permis de port d’arme et fourni des garde-corps aux membres d’une Association de malfaiteurs exerçant illégalement dans un secteur réputé réglementé, il ne saurait dégager maladroitement ses responsabilités. Au demeurant, en dehors de certains milieux religieux pourris et complices, à notre connaissance, aucune Confédération syndicale de notre pays n’a eu à bénéficier des largesses des membres de ce réseau mafieux qui ont poussé parfois leur outrecuidance en offrant des véhicules à des structures d’Etat donnant lieu souvent à des cérémonies de réception suivies de ripailles fortement médiatisées.

L’affaire ICC Services révèle donc au grand jour la duplicité du gouvernement avec une structure illégale de collecte d’épargne qui a mis en péril notre système économique et créée ainsi la désolation dans de nombreux foyers déjà confrontés aux effets pervers d’une crise capitaliste mondiale qui sévit depuis plusieurs années et dont la fin n’est pas pour demain.

Dans cette affaire dolosive, savamment planifiée, le gouvernement dit du changement doit faire un effort de discernement en évitant de faire des amalgames et ne pas mettre des initiateurs de cette opération frauduleuse, les autorités qui les ont couverts et les victimes innocentes dans le même sac. C’est parfaitement irresponsable de vouloir chercher à étendre une fois encore le champ de culpabilité à tous les citoyens.
C’est pourquoi, au-delà de vaines élucubrations des thuriféraires du système, nous proclamons haut et fort que tout le monde n’est pas coupable.

Au regard de tout ce qui précède, les Confédérations et Centrales syndicales signataires de la présente déclaration exigent du gouvernement ce qui suit :
1- Le remboursement immédiat des fonds perçus par les Responsables de ICC-Services et toutes autres structures illégales de placement aux déposants grugés sans discrimination aucune afin de prévenir ou d’éviter tout séisme social et économique ;
2- S’agissant du remboursement des victimes, il ne sera nullement question de faire recours à l’argent du contribuable c’est-à-dire le denier public ;
3- Pour être en phase avec la théorie "d’obligation de compte rendu et de transparence dans la gestion", il est nécessaire de faire au peuple un point exhaustif des impôts perçus par l’Etat auprès de ICC Services et consorts durant les quatre (04) dernières années d’activités ;
4- Tous les auteurs, co-auteurs ou complices de cette escroquerie à grande échelle doivent être traduits devant la justice pour subir des châtiments exemplaires à la hauteur de leur forfaiture ;
5- Ce dossier d’escroquerie doit être immédiatement transmis aux autorités judiciaires et non à une commission d’enquête gouvernementale pour éviter qu’il ne soit noyé à l’instar de l’affaire CEN-SAD et autres affaires ténébreuses de triste mémoire ;
6- Dans un esprit de justice et d’équité, les véhicules offerts gracieusement par les Responsables d’ICC Services à certaines structures du gouvernement doivent être récupérés au même titre que ceux déjà saisis auprès des citoyens par la commission présidée par un Magistrat ;

Par ailleurs :
1- Nous marquons notre solidarité agissante et notre compassion à tous nos compatriotes dont les épargnes se sont évaporées à cause des manœuvres dolosives de ICC Services avec la complicité, le laxisme et l’appât de gains faciles de quelques autorités ;
2- Nous dénonçons les rançonnements dont sont victimes les personnes spoliées sur les sites de recensement au vu et au su des autorités ;
3- Nous mettons solennellement en garde le gouvernement contre toute intimidation de citoyens et toutes velléités de bâillonnement des libertés publiques notamment celle de la presse ;
4- Nous invitons les travailleurs et les citoyens grugés à garder leur sérénité et à se tenir prêts pour les mots d’ordre à venir pour mettre fin à la gabegie à grande échelle ;
5- Enfin, seul le gouvernement sera tenu responsable de toutes perturbations sociales en utilisant des méthodes dilatoires pour faire traîner le remboursement des personnes spoliées ;

Et la lutte continue

Fait à Cotonou, le Lundi 26 Juillet 2010

Ont signé :

Gaston K. AZOUA Dieudonné LOKOSSOU
SG/ CSTB SG/CSA-BENIN

Pascal D. TODJINOU Georges K. GLELE
SG/ CGTB SG/ COSI

Emmanuel ZOUNON
SG/UNSTB