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Bénin : QUAND LES PREDATEURS AU POUVOIR QUALIFIENT LES PRODUCTEURS DE CONTREBANDIERS

INTERDICTION DE L’EXPORTATION PAR VOIE TERRESTRE DES NOIX DE CAJOU ET DU SOJA

D 24 mai 2023     H 05:00     A ABIB Ali     C 0 messages


Dans un communiqué radio diffusé n° 373-c en date du
20 avril 2023, le Directeur Général des Douanes, Mr
Alain HINKATI écrit : « Le Directeur Général des Douanes
rappelle que dans le cadre de la mise en œuvre de la politique
agricole et industrielle du Gouvernement, l’exportation par voie
terrestre des noix de cajou, du soja et des intrants agricoles
(engrais, herbicides, pulvérisateurs, etc.) est formellement
interdite.

En application de la réglementation douanière, le non-respect
de cette interdiction ainsi que toute tentative d’exportation
frauduleuse des produits agricoles par voie terrestre
constituent une infraction douanière de contrebande
sanctionnée par des peines d’emprisonnement pouvant aller
jusqu’à cinq (05) ans et par le paiement de fortes amendes….
A ces peines s’ajoute, conformément à la loi, la confiscation des
produits et des moyens de transport…..

En outre, suivant les dispositions du Code des douanes, les
complices et tous ceux qui auront, d’une manière ou d’une
autre, concouru à la sortie frauduleuse de ces produits,
notamment les transporteurs, les conducteurs, les propriétaires
des moyens de transport, sont punis des mêmes peines que les
contrebandiers… »

Ainsi, pour le Gouvernement de Talon et ses exécutants, le
producteur de soja qui veut vendre sa récolte dans les pays
voisins par voie de terre devient un contrebandier, puni de
peine d’emprisonnement allant jusqu’à cinq ans. Et pourquoi ?
Tout simplement, parce que Talon a décidé d’une politique
agricole et industrielle. Et pour cette politique agricole et
industrielle, il fait main basse sur la production des paysans et
les oblige à ne vendre leur récolte qu’à l’intérieur du pays, à des
prix fixés par lui. A partir de là, les compagnies acheteuses aux
mains des trafiquants de produits tropicaux peuvent, soit les
exporter par voie maritime, ou après transformation, les vendre
à prix d’or ?

Le problème qui est posé est celui-ci. Le Gouvernement
n’intervient en rien dans la production du soja. Ce n’est pas
comme le coton où le producteur est en fait un ouvrier à
domicile à qui le patron de SODECO (Talon) fournit semence,
engrais, herbicides (dont il récupère le prix à la vente) et sur
lequel il se donne un droit de propriété sur le coton produit.
Mais dans le cas du soja ou de l’acajou, le producteur supporte
tous les coûts, organise lui-même la production. Il s’agit d’un
marché libre de production. La commercialisation devrait être
également libre. Si le Gouvernement a une politique
industrielle, il doit assurer un prix rémunérateur au producteur
et s’adapter au marché. Le kilo de soja était fixé à 170F le kilo
par Talon pendant qu’il était acheté à au moins 400 frs au Togo
voisin et que le coût actuel de ce même soja avoisine les
750.000 F/Tonne sur le marché international. C’est après les
protestations et les menaces de zéro/coton que Talon a décidé
de porter ce prix à 270 frs le kg, encore largement en-dessous
du prix rémunérateur au paysan.

On voit ouvertement qu’il s’agit de ramasser à vil prix, comme
pratiqué au temps colonial par les sociétés d’intervention et de
traite. L’attitude du Gouvernement de Talon est une attitude de
prédateur qui arrache par la violence d’Etat le produit du petit
producteur au profit des hauts trafiquants compradores. Le
pouvoir exploiteur, comme naguère le colon, fait main basse
sur la production du petit producteur de soja, de noix d’acajou,
au profit du compradore (commerçant ou transformateur) qui,
lui, est exportateur par voie maritime ou aérien. Et pour
soumettre l’indigène, pardon le citoyen producteur, et justifier
la répression, le petit producteur, paysan ou commerçant qui
voudraient se défendre sont traités de contrebandiers.
Le fait de faire acte de prédation sur une majorité de petits
producteurs au profit d’une minorité de profiteurs se remarque
dans le déploiement des énormes moyens (hommes et
matériels) de répression.

Une véritable guerre est déclenchée
contre la masse des producteurs pour les traquer. Talon installe
le 12 avril 2023, un Comité pour empêcher la mobilité sur les
pistes frontalières non autorisées. Ce comité est chargé de la
mise en œuvre des infrastructures de contre-mobilité sur les
pistes frontalières non autorisées. Et l’on observe, chose
difficile à cacher à cette ère de communication par voie
électronique, le spectacle ignoble et honteux des engins
militaires creusant aux frontières des tranchées pour empêcher
la libre circulation des produits et au risque de provoquer des
conflits avec les pays voisins !

Or, la solution toute simple, appliquée par tous les pouvoirs qui
œuvrent au bien-être des petits paysans est de pratiquer des
prix rémunérateurs au paysan producteur. C’est ce qu’exigent
les producteurs. Une solution toute simple, disons-nous, au lieu
d’utiliser les impôts et taxes payés par les pauvres pour
entretenir la police, l’armée, le génie militaire pour creuser des
tranchées et surveiller les sentiers des campagnes.

ABIB Ali.

Source : https://www.la-flamme.org/