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Côte d’Ivoire : Trois journalistes arrêtés pour avoir publié un rapport sur la corruption

D 24 juillet 2010     H 18:30     A     C 0 messages


Trois journalistes arrêtés pour avoir publié un rapport sur la corruption ayant fait l’objet d’une fuite

Trois journalistes de Côte d’Ivoire, qui refusaient de divulguer leurs sources après avoir publié des extraits d’un rapport du gouvernement sur la corruption dans le commerce du café et du cacao, ont été arrêtés le 13 juillet, selon ce que rapportent la Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Media Foundation for West Africa, MFWA), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Reporters sans frontières (RSF) et l’Institut international de la presse (IIP).

Les journalistes ont publié en une du quotidien privé « Le Nouveau Courrier » un reportage dans lequel ils révélaient des constatations contenues dans un rapport du gouvernement sur 23 chefs d’industrie accusés de corruption à la suite d’une enquête, toujours en cours, ordonnée en 2007 par le Président Laurent Gbagbo.

Le directeur et rédacteur en chef Stéphane Guédé, le chef des nouvelles Théophile Kouamouo et l’éditorialiste en chef Saint-Claver Oula ont été arrêtés le jour même de la parution de l’article et accusés de vol de documents confidentiels. La police a effectué une descente dans les bureaux du journal, en quête du rapport qui a été coulé.

La loi de la Côte d’Ivoire ne prévoit pas pour les journalistes de peines criminelles ou de détention préalable ; cependant, dans les cas de délit de publication, le vol de documents secrets encourt une peine de prison, rapporte l’IIP. Les journalistes ont été formellement inculpés le 16 juillet de « vol de documents administratifs », délit qui encourt une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à dix ans. Saint-Claver Oula a entrepris une grève de la faim et refuse toute médication en dépit du fait qu’il était atteint, au moment de son arrestation, de troubles d’estomac, dit le CPJ.

Le 16 juillet, des groupes de médias présents à une conférence de presse à Abidjan, la capitale, ont menacé de publier dans son intégralité dans leurs médias respectifs le rapport sur des allégations de détournement de fonds si les trois journalistes n’étaient pas relâchés.

Devant le tribunal le 20 juillet, le procureur a requis une peine d’un an de prison et une amende de 15 250 euros contre chacun des journalistes, ainsi que la suspension du quotidien et la confiscation de l’ordinateur utilisé pour cette histoire.

« Les journalistes ont le droit de refuser de divulguer leurs sources lorsqu’il est dans l’intérêt public d’agir ainsi », dit l’IIP. « Ce droit constitue la pierre angulaire de la profession. »

Dans une autre affaire, le journaliste Guy-André Keiffer a été enlevé en 2004 tandis qu’il enquêtait sur la corruption dans l’industrie du cacao. Il est toujours porté disparu.

Source IFEX

English version

Three journalists arrested for leaking report on corruption

Three journalists in the Ivory Coast who refused to reveal their sources after publishing details of a government report on corruption in the coffee and cocoa trade were arrested on 13 July, report the Media Foundation for West Africa (MFWA), the Committee to Protect Journalists (CPJ), Reporters Without Borders (RSF) and the International Press Institute (IPI).

The journalists published a front-page story in the private daily "Le Nouveau Courrier" leaking findings of a government report on 23 industry figures charged with corruption in an ongoing investigation ordered by President Laurent Gbagbo in 2007.

Managing editor Stéphane Guédé, news editor Théophile Kouamouo and editor-in-chief Saint-Claver Oula were arrested the same day the article hit the newsstands and accused of stealing confidential documents. Police raided the newspaper’s office in search of the leaked report.

Ivory Coast law does not permit criminal penalties or pre-trial detention for journalists ; however, for publishing offences, the theft of secret documents carries a prison sentence, reports IPI. The journalists were formally charged on 16 July with "theft of administrative documents", which carries a penalty of up to 10 years in prison. Saint-Claver Oula began a hunger strike and has refused medication despite suffering from a stomach ailment at the time of the arrest, says CPJ.

On 16 July, media groups at a news conference in Abidjan, the capital, threatened to publish the full report on the alleged embezzlement in their respective media outlets if the three journalists were not released.

In court on 20 July, the prosecutor called for a one-year prison sentence and a fine of 15,250 Euros against each journalist, as well as for the daily to be suspended and for the confiscation of the computer used in the story.

"Journalists have the right to refuse to divulge their sources where it is in the public interest to do so," said IPI. "This right is the cornerstone of the profession."

In another case, journalist Guy-André Keiffer was abducted in 2004 while investigating corruption in the cocoa industry. He remains missing.

From IFEX source