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La COD fait un bilan négatif du pouvoir en Mauritanie

D 20 juillet 2010     H 13:59     A Amadou Seck     C 0 messages


La Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), un collectif d’une dizaine de partis politiques, a dressé un bilan négatif du pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz, en guise de "célébration" du premier anniversaire de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, en organisant un forum sous le thème "2 années d’une crise multidimensionnelle" dimanche soir. La manifestation s’est déroulée sous la direction du président en exercice de la COD, Bodiel Ould Houmeid, leader du parti El Wiam.

Elle a été animée par les interventions de Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Forces de Progrès (UFP) et Nah Mint Cheikhna, député du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), qui sont revenus sur l’accord de Dakar, base de l’organisation du scrutin présidentiel du 18 juillet 2009, dans une démarche visant à expliquer les raisons du prolongement de la crise politique bien au delà du retour à l’ordre constitutionnel.

Le professeur Lô Gourmo Abdoul, cadre de l’UFP, a traité de la crise des institutions.

Quant à Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed, vice président de la Convergence Démocratique Nationale (CDN), ex ministre du pétrole, il a abordé la "mauvaise gestion économique" du pays avec à titre d’illustration le secteur pétrolier.Mohamed Lemine Ould Natty, vice président de l’Alliance Populaire Progressiste (APP), ancien ministre, s’est élevé contre "l’instrumentalisation" des médias publics au profit du pouvoir..

Premier à prendre la parole, Mohamed Ould Maouloud a justifié la signature de l’accord de Dakar par les 2 camps de l’opposition ; le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD)" pour mettre la Mauritanie sur la voie d’une situation de sortie de crise d’une manière politique et pacifique, éviter l’escalade de la violence et les dérapages incontrôlables".

Il rappelle par la suite que l’accord a été l’objet d’un "coup d’état" avec un premier Ministre signant de manière "illégale" le décret convoquant le collège électoral, en dehors de la réunion du gouvernement ; D’ou l’exigence de la démission de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, accusé d’avoir commis un acte de trahison.

En définitive, pour le président de l’UFP, les raisons profondes du prolongement de la crise politique sont à rechercher dans le refus de la mise en oeuvre des clauses de l’accord de Dakar relatives au dialogue politique inclusif et aux réformes démocratiques, de la part du pouvoir, selon Ould Maouloud.

Nana Mint Cheikhna a déploré l’attitude de la communauté internationale, impliquée dans le processus électoral à travers le Groupe de Contact International sur la Mauritanie (GCIM), qui consentit des garanties pour un bon déroulement du scrutin présidentiel de juillet 2009 "avant de se rétracter par une alliance avec le camp du coup d’état, en dépit des multiples protestations des autres candidats".

le premier coup d’état de l’histoire de la Mauritanie.

En présentant la "crise" dans laquelle se débattent les institutions de la Mauritanie, le professeur Lô Gourmo a rapidement choisi un angle d’attaque "le coup d’état du 6 août 2008 est le premier véritable coup d’état de l’histoire de la Mauritanie au plan politique et sociologique : pour avoir renversé le seul président de la République démocratiquement élu et donc investi de la légitimité populaire" Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Un coup de force dont les conséquences sur les institutions de la République resteront "désatreuses" pendant de longues années . Et là le coeur de "l’instabilité" actuelle, avec "un chef suprême, qui concentre tous les pouvoirs par la violation des prérogatives du parlement et l’instrumentalisation d’un appareil judiciaire entiérement dévolu à la volonté du prince" a martelé le professuer Lô.

Pour illustrer "l’instabilité" des institutions, le responsable de l’UFP a donné les exemples de la Cour Suprême et de la Banque Centrale de Mauritanie, dont le président et le gouverneur, investis d’un mandant de 5 ans, font l’objet de limogeages réguliers au gré des circonstances et des "humeurs".

Mohemed Ali Ould Sidi Mohamed, vice président de la CDN a rappelé le gel des financements extérieurs à la suite du coup d’état de 2008 "les résultats de la table ronde de Bruxelles de juin dernier n’étant que la promesse de dégel des engagements pris à Paris en décembre 2007 lors du Groupe Consultatif sur la Mauritanie (GCM)".

Il a fustigé la gestion "désastreuse" des resoources intérieures, par l’évocation "nombreuses violations" des lois et réglements dans le secteur du pétrole, notamment en matière de Contrat Partage de Production Pétrolière (CPPP). l’ex ministre du pétrole sous la transition a cité l’exemple de sociétés continuant à opérer dans l’exploration offshore au delà de l’expiration du lien contractuel, sur "simple autorisation" du gouvernement au détriment des prériogatives du parlement "un scandale dont on devrait certainement reparler à l’avenir".

Des actes de mauvaise gouvernance en décalage total avec le discours portant sur la lutte contre la gabegie. Ould Sidi Mohamed a également déploré le désengagement progressif de la Mauritanie de l’Initiative Internationale pour la Transparence dans les Industries Extractives.

Compte rendu pour Sahara Médias, Amadou Seck.

www.cridem.org