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NIGER : Areva joue les prolongations...

D 16 juin 2009     H 22:47     A Robin Guébois     C 0 messages


la suite du passage de Nicolas Sarkozy au Niger en mars
dernier, Areva et les autorités nigériennes ont célébré le
renforcement du « partenariat historique et solidaire qui
lie le groupe au Niger depuis plus de quarante ans », selon la
définition évidemment angélique de la patronne du groupe
nucléaire, Anne Lauvergeon. Début mai, se déroulait une
cérémonie d’inauguration du futur
gisement géant d’Imoumaren, qui
doit faire du Niger le deuxième
producteur mondial d’uranium.
Coïncidence remarquable, les
mouvements rebelles touaregs,
jusque-là simplement qualifiés de
« bandits » et de « trafiquants de
drogues » par Mamadou Tandja,
malgré l’insistance de
parlementaires et de la société
civile pour l’ouverture de
négociations, se sont vu proposer
une rencontre officielle la veille de
l’inauguration, accompagnée de la
promesse d’une amnistie
générale. Certains de leurs
représentants ont même assisté à
la cérémonie.
Ce revirement répond visiblement à la demande pressante
d’Areva et des autorités françaises de sécuriser la future zone
d’extraction, la solution militaire ayant pour l’instant échoué. On
pourrait se réjouir de cette amorce en vue d’une solution
politique, mais rien ne dit pour l’instant qu’il ne s’agit pas d’un
simple effet d’annonce. Les principaux mouvements rebelles ont,
pour l’instant, jugé plus qu’insuffisantes les propositions
présidentielles (simple amnistie contre
désarmement), et la loi martiale a été
reconduite pour 3 mois dans le Nord du pays. La question de
l’intéressement aux ressources tirées de l’uranium constitue
vraisemblablement aussi un des enjeux des négociations. Reste à
voir si les intérêts des populations civiles ne seront pas oubliés au
passage. Le pacte de « stabilité » franco-nigérien comporte un
autre volet, qui pourrait se révéler hautement explosif. Après
avoir promis qu’il ne modifierait
pas la constitution pour briguer
un troisième mandat, Tandja avait
laissé entendre, suite à des
manifestations « spontanés » de
ses partisans, qu’il pourrait
prolonger de quelques années
son mandat actuel. Hypothèse
validée par Sarkozy lors de sa
visite. Le président Tandja vient
de franchir une étape
supplémentaire dans la
perspective d’une présidentielle à
vie. Certes, il ne modifiera pas la
constitution actuelle : il propose
simplement de la remplacer…
Cette décision a suscité une forte
opposition au Niger, y compris
parmi les rangs de la coalition présidentielle de l’Assemblée
nationale. Alors que la cour constitutionnelle s’est prononcée
contre la tenue d’un référendum pour changer la constitution, le
président Tandja a répliqué par la dissolution de l’Assemblée
nationale, ce qui peut s’apparenter à la première étape d’un coup
d’Etat.
Désormais, le bras de fer est engagé entre le clan présidentiel
et un large « front pour la défense de la démocratie » qui réunit
organisations syndicales, politiques et associatives.

Robin Guébois