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Niger – Pollution et pillage des ressources en eau

D 3 décembre 2009     H 16:53     A     C 0 messages


Communiqué du collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger », 21 octobre 2009 A l’occasion des élections législatives nigériennes du 20 octobre 2009, le Collectif Areva ne fera pas la loi au Niger a tenu une conférence de presse hier, mercredi 21 octobre 2009 à l’Assemblée Nationale. [...]

Le Niger vit une très grave crise : un coup d’Etat
constitutionnel du président Mamadou Tandja qui, passant outre
les règles de la démocratie parlementaire, a organisé le 4 août
dernier, un référendum pour se maintenir au pouvoir. […] Après
s’être trop faiblement émue de cette situation, la communauté
internationale a réagi fermement : La Communauté économique
des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a « suspendu » le Niger
« jusqu’à ce que la légalité constitutionnelle soit rétablie », et a
alerté l’Union Africaine ; l’Union Européenne menace de
suspendre son aide au développement conformément aux
prescriptions de l’article 96 des accords de Cotonou, en laissant
toutefois place aux négociations. Quant à la France, elle a
maintenu une position particulièrement ambiguë jusqu’à la veille
des élections législatives, contribuant à l’attentisme général. Cette
attitude revient à cautionner le coup d’Etat constitutionnel et à
contribuer à la normalisation d’une situation illégale.
A nouveau, la France privilégie ses intérêts économiques sur
la promotion de la démocratie et le respect de l’Etat de droit. En
effet l’exploitation de l’uranium par Areva se poursuit et la mise
en exploitation de la mine d’Imouraren lui offre d’énormes
perspectives. Cette exploitation uranifère au nord du pays conduit
à la contamination des ressources en eau et à l’épuisement et la
pollution des deux grandes nappes phréatiques fossiles de la
région d’Agadez, qui assuraient jusqu’ici la survie des populations
locales. Cela est tout aussi dramatique que la spoliation des
terres agro-pastorales exploitées par les populations locales, la
destruction de la faune et de la flore ou la contamination
radioactive de l’air dues à cette même industrie.

Depuis des millénaires les populations nomades fréquentent
l’immense plaine de l’Irhazer et gèrent de façon traditionnelle les
ressources nécessaires à l’économie pastorale. L’aquifère des grès
d’Agadez, seule ressource en eau de cette plaine, est fossile. Or
la région regorge d’uranium, qui est en partie déjà exploité par
l’industrie uranifère avide d’eau : ce réservoir est fortement
menacé par l’octroi anomique de concessions minières et par
l’exploitation en cours et se vide inexorablement. Cela ne
perturbe aucunement les sociétés minières dont le comportement
se résume à « prendre, polluer et partir ». Les quantités
quotidiennes d’eau consommée par les miniers sont effarantes :
10.000 m3/j sont prélevés à Rharous depuis 1980, pour les mines
de charbon (qui alimente en électricité les installations d’Areva à
Arlit) ; 20.000 m3/j sont prévus par Areva, pour sa nouvelle
exploitation uranifère d’Imouraren ; 4000 m3/j sont prélevés pour
la mine d’uranium d’Azelik, exploitée par une compagnie chinoise.
En comparaison : moins de 2 000 m3 par an et par habitant
sont consommés dans les pays où les ressources en eau sont
faibles. Et ce n’est pas tout : les sociétés COMINAK et SOMAÏR
(filiales d’Areva) qui exploitent les mines d’Arlit envisagent
d’utiliser un pipe line de 30 km et de déplacer leurs pompages
vers l’ouest c’est-à-dire dans la nappe des grès d’Agadez ! En
effet, ils ont déjà épuisé à 70% la nappe phréatique carbonifère
qui se trouve plus au nord, à raison de 22 000 m3/j depuis 38
ans. […] A ce rythme là, on peut s’attendre au dénoyage, c’est à
dire à l’épuisement complet de toute la partie ouest de l’aquifère
d’ici 40 ans.

Les effets pervers de l’exploitation uranifère : loin
d’avoir amélioré le niveau de vie des populations, elle condamne
leur avenir à moyen terme. Le Niger deuxième producteur
mondial d’uranium figure paradoxalement à la dernière place de
l’IDH. Les populations nigériennes victimes d’un pillage organisé
des ressources naturelles, y compris de l’eau ressource vitale,
récoltent désordres et désolation et non pas les richesses
émanant de cette industrie stratégique et très lucrative. Les
compagnies minières ne s’inquiètent guère de cette catastrophe
annoncée : une fois les gisements d’uranium épuisés, une fois
l’eau épuisée, la région ne présentera plus d’intérêt pour elles et
leurs actionnaires. Ils quitteront cette région dévastée, désormais
impropre au tourisme et à l’économie pastorale et sans
développement pour aller piller ailleurs. L’avenir de toute une
population, les impératifs de protection de l’environnement et de
la santé, sont sacrifiés sur l’autel des profits à court et moyen
terme.

À l’heure où la notion de développement durable, admise par
tant d’occidentaux, est mise en avant, le nucléaire, est présenté
par les industriels, dont Areva, comme une énergie « propre ».
Or l’extraction de l’uranium est terriblement polluante et
dangereuse puisqu’elle s’attaque à l’homme et ses ressources
hydriques vitales et épuisables. Il est hypocrite de nous vendre
une énergie prétendue sans effets négatifs et sans conséquences,
alors que loin de nous des populations, aux conditions de vie déjà
très précaires, en souffrent et en meurent.

Nos revendications

Nous demandons instamment, pour l’exploitation de l’uranium
au Niger, le respect des droits de l’homme et des règles de
transparence fixées dans le cadre de l’initiative sur la
transparence des industries extractives (ITIE) à laquelle le Niger
a adhéré en mars 2005 ainsi que la fixation de normes sociales et
environnementales, notamment sur l’eau et la mise en oeuvre
d’organismes indépendants de contrôle qui sanctionnent leurs
manquements.

Pour plus d’informations sur le collectif : http://areva.niger.free.fr/