Vous êtes ici : Accueil » Afrique de l’Ouest » Sénégal » Arbitraire est un terme très faible pour qualifier l’arrestation et (…)

Arbitraire est un terme très faible pour qualifier l’arrestation et l’incarcération de Guy Marius.

D 25 août 2019     H 13:29     A Mademba F ara Bàngoy, Samba GUEYE DIAMA     C 0 messages


Le régime n’est pas dupe des bruits et des fureurs qui sourdent malgré tout dans notre jeunesse empêchée d’un regard sur elle-même par les fabriques de conscience que sont les télés pourvoyeuses de drogues : foot et lutte et autres. Guy Maruis est l’UN conscient d’une société plus juste, plus égalitaire de ce MULTIPLE, une jeunesse confrontée au chômage, à une absence totale de perspectives durant tous ces régimes. L’avènement de Sonko a re-connecté une bonne base de cette jeunesse à la chose politique. Elle se veut plus regardante, plus demandeuse d’équité, de justice. La catégorie par laquelle elle pense la politique est celle de SYSTEME. LE SYSTEME-MACKY est conçu comme une oligarchie politico-financière organisée en un Parti-Etat corrompu et oublieux des masses pourvoyeuses des richesses matérielles et immatérielles.

La touche que Guy apporte à la jeunesse est UN PAS DE PLUS. Il s’agit de son anti-capitalisme. Le système que SONKO propose de défaire relève d’une vision de la politique sous l’angle de la morale. C’est-à-dire Que dans cette vision de la politique,il s’agit de remplacer le régime de MACKY par un autre très sérieux. FRANCEDEGAGE PROPOSE en plus de se déconnecter progressivement du SYSTEME CAPITALISTE. Dans France DEGAGE, il faut lire TOTAL DEGAGE, AUCHAN DEGAGE etc. CE SONT LES MULTINATIONALES QUI PILLENT LES RICHESSES DES PEUPLES DE LA TERRE. Parce que Guy sait que les gouvernements ne sont que des fondés de pouvoir du Capital. Le combat de Guy sans se délier de tous les autres combats, dont celui de Sonko, interpelle les jeunes sur un registre. Toute une génération des années 60 à 81 portait cette lutte contre le Capitalisme avant qu’une bonne partie de celle-ci ne la dilue dans la collaboration avec les régimes libéraux de Senghor, Diouf, Wade et Macky très souvent au nom d’agendas personnels.

Guy est, ainsi, un ALERTEUR SUR UN NIVEAU PLUS ELEVE QUE CELUI DE TOUS LES AUTRES. Il est alors la proie rapace des Capitalistes français, britanniques, américains, saoudiens, sénégalais et de leurs suppôts, les ETATS etc.

Seulement, dans la digne rage que nous avons de décrier son arrestation, nous pouvons aussi penser la politique sous la catégorie de l’autonomie de pensée et d’action des masses en rupture avec ce monde d’injustice et d’inégalités en termes non de la seule surrection de dirigeants tenant le flambeau d’appel à leur ralliement par des actions d’éclats, ou par des figures médiatiques de rap ou de société civile. Dans la politique de réel changement ces types d’actions peuvent être très utiles mais elles ne peuvent pas constituer à elles seules la politique.

La politique, la vraie , est de l’ordre d’un travail patient au sein des masses. Elle consiste, entre autres, à travailler patiemment, durablement avec elles à se constituer, à partir de leur vécu de délaissées du capitalisme, en pouvoirs de re-construction des liens horizontaux de pouvoirs, de prise en main de leur vie. Avec les masses, dans des luttes pour le quotidien sans jamais perdre de vue le monde anticapitaliste à construire, il s’agit de travailler inlassablement à se déconstruire par rapport à cette société de consommation qui nous prend pour des valeurs d’échange, des marchandises. Dans ce monde qui se crée progressivement un Guy ou un Sonko et les autres militants ne seront pas vus comme des héros (ce qu’ils ne veulent pas être) mais des figures simples du peuple. Les masses se mettront à ne plus donner leur pouvoir à qui que ce soit mais le mettront en place, le surveilleront, le contrôleront et le protégeront. LE POUVOIR PAR EN BAS ET A GAUCHE (pour les peuples constitués en pouvoirs pour un monde où l’humain et la Terre sont au centre).

Samba GUEYE DIAMA

DIALOGUE AVEC SAMBA GUEYE DIAMA SUR CERTAINS ASPECTS DE SA CONTRIBUTION PARUE DANS YERIMPOST : « AU-DELA DE L’ARRESTATION DE GUY, PENSER LA POLITIQUE » / AOUT 2019

Guy se pose comme un éveilleur de conscience en actes. Comment élever et tirer le niveau de conscience du MULTIPLE- collectif, vers celui de l’UN –individuel, sans qu’« un Guy ou un Sonko et les autres militants ne [soient] pas vus comme des héros (ce qu’ils ne veulent pas être) mais des figures simples du peuple » ? Comme l’écrit SONKO lui-même en guise d’exorde au Programme JOTNA : « Le Sénégal n’a pas besoin de messie ni de héros, mais d’une masse critique de citoyens conscients des enjeux et qui ont le courage d’agir ».

Le PAS DE PLUS de GUY est que c’est un marxiste-léniniste, un révolutionnaire communiste. Par conséquent, un anticapitaliste jusqu’à la moelle des os, ce qu’il partage du reste avec SONKO qui, quant à lui, est un patriote révolutionnaire, loin d’être, à ma connaissance, un moraliste prêchant « une vision de
la politique sous l’angle de la morale ». Pour sûr cependant, la politique a besoin de la morale, mieux, de l’éthique, en tant qu’esthétique de la morale : plus de sérieux, plus d’équité, de justice et de vertu EN ACTES CONCRETS, participent de manière incontournable de la construction pédagogique de l’alternative en marche (pédagogie par l’exemple).
Par ailleurs, je m’interroge sur la récurrence des concepts de lanceur d’alerte et d’activiste
Ne serait-ce pas une façon plus ou moins commode, plus ou moins tendance mais de fait pernicieuse, de discréditer, d’enterrer ou à tout le moins de décréter obsolète l’organisation de type parti, voire la nécessité tout court de l’organisation des militants et des masses, au profit « des actions d’éclats, ou des figures médiatiques »
 ? Ici surgit une autre question, « la construction des liens horizontaux de pouvoirs » : peut-on ignorer que, tant qu’il existera des classes et la lutte des classes, cette exigence d’horizontalité ne saurait nullement se passer du dialogue fécond horizontal/ vertical, vertical/Horizontal : partir des masses pour retourner aux masses.

En définitive, après la libération de Guy, continuer de penser et d’agir la politique, d’organiser et de mobiliser la conscience militante collective, demeure un invariant impératif, toujours actuel, de la politique, de la praxis communiste et révolutionnaire !

24 août 2019
Mademba F ara Bàngoy