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DECLARATION DE LOME

D 18 octobre 2016     H 05:34     A     C 0 messages


COLLOQUE DE CAP 2015
THEME : LA PROBLEMATIQUE DE L’ALTERNANCE POLITIQUE EN AFRIQUE

A l’initiative des quatre partis de l’opposition togolaise, Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA), Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR) et Union pour la Démocratie et la Solidarité-Togo (UDS-TOGO), regroupés au sein de la coalition CAP 2015, s’est tenu à Lomé, République togolaise, les 10 et 11 octobre 2016, dans la salle BACK UP, rue Bassar, ex Jacob Adjallé (Nyékonakpoè), un colloque sur le thème : La problématique de l’alternance politique en Afrique.

Six exposés ont été présentés au cours de trois panels de discussions, par d’éminents conférenciers :

 Les Commissions électorales indépendantes : mythe ou réalité ? par le Professeur Ata Messan Zeus AJAVON, Avocat à la Cour, Enseignant à la Faculté de Droit de l’Université de Lomé.

 Les Cours Constitutionnelles dans les processus électoraux en Afrique : garanties ou illusions démocratiques ? par le Professeur Komi WOLOU, Doyen de la Faculté de Droit de l’Université de Lomé.

 Les peuples, complices ou victimes des dictatures en Afrique ? par le Professeur Adovi Michel GOEH AKUE, Professeur d’Histoire à l’Université de Lomé, auteur et co-auteur de nombreux ouvrages.

 L’égalité des moyens dans les compétitions électorales en Afrique (Note introductive par M. Michel GALY Politologue, Journaliste indépendant.)

 Successions dynastiques et exigences démocratiques en Afrique par M. Michel GALY, Politologue, Journaliste indépendant

 La communauté internationale et l’alternance politique en Afrique par M. Richard Comla ABOKI, Socio économiste, Enseignant à l’Université de Lomé, Consultant en politiques de développement en Afrique.

Ces exposés ont donné aux participants l’occasion d’un riche débat sur l’alternance au pouvoir à travers l’organisation d’élections libres, transparentes et équitables, dans les pays africains et singulièrement au Togo.

Le colloque constate que les mascarades électorales, qui ont cours depuis des décennies sur le continent, permettent à des hommes sans aucune légitimité de confisquer le pouvoir et de s’y accrocher indéfiniment, empêchant ainsi le libre jeu de l’alternance politique.
Le colloque constate également que c’est dans ce même contexte que s’instaure insidieusement, à la tête du pouvoir, une succession dynastique de père en fils, contraire à la nature républicaine des Etats et considérée comme un archaïsme politique en Afrique.

Le colloque note en particulier, qu’en matière d’organisation des élections, les pays africains, à de rares exceptions près, s’illustrent par des fraudes massives, délibérément planifiées et mises en œuvre par des régimes despotiques qui imposent, face à des partis d’opposition opprimés, démunis et sans grands moyens, une compétition électorale injuste et inéquitable, en monopolisant à leur seul avantage, toutes les ressources publiques humaines, matérielles, financières et même institutionnelles.

Ces fraudes vont du tripatouillage du fichier électoral à la falsification des résultats des scrutins, en passant par les entraves liées à des textes biaisés, la manipulation et le harcèlement des électeurs et du personnel électoral, la violation des procédures en vigueur, la coupure des réseaux téléphoniques et Internet, le sabotage des équipements de transmission des résultats par satellite (V-SAT), l’interruption de la fourniture du courant électrique, etc.

Le dispositif de fraudes électorales utilisé est généralement piloté et géré par les institutions en charge de l’organisation, de la supervision, et de la proclamation des résultats du scrutin, notamment, les Autorités de la communication et de l’audio-visuel, les Commissions électorales et les Cours Constitutionnelles.

Le colloque observe que ces institutions, de même que l’ensemble des institutions de la République, sont inféodées au pouvoir en place, la plupart des membres étant nommés sur des critères de tribalisme et de népotisme avérés. Dans ces conditions, l’autorité en charge de l’audio-visuel et de la communication ferme les yeux sur les inégalités d’accès des candidats et des partis politiques aux médias publics, la Commission électorale manipule à sa guise et en faveur du pouvoir en place, les résultats provisoires publiés, la Cour Constitutionnelle rejette systématiquement les recours de l’opposition, valide et consacre de tout son poids les faux résultats transmis par la commission électorale et proclame des résultats définitifs frauduleux.

L’armée, la police et la gendarmerie ainsi que les milices de la dictature, sont systématiquement mis à contribution sur l’étendue du territoire national pour réprimer dans le sang, toutes contestations populaires.

Le colloque note avec satisfaction que les peuples africains n’ont de cesse de démontrer leur volonté inébranlable de s’affranchir des méthodes désuètes et caricaturales, caractéristiques des processus électoraux en Afrique.

En saluant la mobilisation déterminée des populations africaines, notamment celle de la jeunesse et des femmes africaines, qui ont engagé avec succès une lutte pour mettre fin à la dictature, au péril de leurs vies, et ouvrir la voie à l’alternance démocratique, le colloque :

 1) encourage vivement les forces vives des nations africaines à poursuivre sans relâche leur noble combat libérateur ;

 2) appelle les acteurs politiques africains, la société civile notamment les confessions religieuses à tout mettre en œuvre pour éviter que des hommes ou des femmes sans aucune légitimité, s’accrochent au pouvoir, comme c’est souvent le cas sur le continent ;

 3) appelle en particulier la jeunesse et les femmes du continent à demeurer vigilantes et constamment mobilisées pour mettre fin aux régimes despotiques et corrompus qui régentent les pays africains ;

 4) invite instamment les gouvernements des pays africains concernés, à se ressaisir et à prendre en considération les aspirations profondes de leurs peuples respectifs, pour engager résolument les réformes politiques et électorales nécessaires à l’instauration de la démocratie, de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance, gages de paix, de développement harmonieux et de bien-être social ;

 5) demande à la communauté internationale dans son ensemble d’être plus rigoureuse, plus exigeante et plus ferme dans les accompagnements qu’elle apporte aux pays africains, en vue de la mise œuvre des réformes nécessaires à l’organisation d’élections justes et transparentes, de la promotion de l’éthique républicaine et de l’enracinement de la culture démocratique.

Fait à Lomé, le 11 octobre 2016
Le colloque