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Guerre contre la liberté d’expression en Tunisie et au

D 3 décembre 2009     H 16:26     A Gisèle F     C 0 messages


Alors que la télévision et la presse sont aux mains du pouvoir
tunisien, ce dernier veut réduire au silence toutes les voix
discordantes ou oppositionnelles. La dernière période de
répression, si elle n’est pas exceptionnelle, a néanmoins été
justifiée et revendiquée officiellement par la dictature. Ecroués :
Taoufik Ben Brik et Zouhaïer Makhlouf, journalistes. Interpellée et
poursuivie : la blogueuse Fatma Riahi. Agressés : les journalistes
Mouazz Elbey et Slim Boukhdhir. Harcelés : les journalistes Lotfi
Hajji et Mouldi Zouabi. Refoulée en France : Florence Beaugé,
journaliste. Expulsée : Manuela Gumucio, journaliste. Condamné
à quatre mois d’emprisonnement : Mohammed Soudani, qui avait
accordé une interview à une journaliste étrangère. Censurée : la
chaîne satellitaire El Jazira. Effacés : les blogs kitab.nl,
moncefmarzouki.com, fatma-arabicca.blogspot.com,
elclandestin.blogspot.com, rafiik.blogspot.com, ou encore
dawwen.blogspot.com. Hackés : les sites internet nawaat.org et
Réveiltunisien.org. Saisi, le numéro
préélectoral de Ettarik Eljadid. Assiégés
 : les locaux de Radio 6. Sans compter
les mesures qui perdurent : privation
de passeport pour Slim Boukhdhir et
Mokhtar Yahyaoui (blogueur) ; déférée
en justice : Sihem Ben Sedrine :
fondatrice de Radio Kalima ; banni au
sud du pays : Abdallah Zouari,
journaliste ; condamné par contumace
et contraint à la clandestinité : Fahem
Boukaddous, journaliste.
Un constat guère plus riant au
Maroc, où il ne fait pas bon évoquer la
famille royale. Un véritable
harcèlement orchestré par le Palais témoigne de la crispation du
pouvoir sur les lignes rouges et déclenche l’instrumentalisation de
la machine judiciaire : emprisonnement, amendes, fermetures de
locaux, saisie de publications...Au mois d’Août, les revues Tel
Quel et Nichane ont été sanctionnées pour avoir réalisé en
partenariat avec le journal Le Monde, un sondage sur le bilan des
10 ans de règne de Mohamed VI. Bien que les résultats
s’apparentaient à un plébiscite, 100 000 exemplaires ont été
détruits et Le Monde interdit. En octobre, Tawfik Bouachrine,
directeur de Akhbar Al Youm, et Khaled Gueddar, caricaturiste se
sont vu infliger des peines de prison avec sursis et 270 000 euros
d’amende, ce qui met la survie du journal en danger. Poursuivis à
la fois par le ministère de l’intérieur pour atteinte à l’emblème du
royaume, et par Moulay Ismaïl, cousin du roi et sujet du dessin,
pour non respect dû à un membre de la famille royale, c’est pour
eux la double peine au nom de la sacralité de la monarchie. Un
an de prison ferme pour le patron de l’hebdo Al Michaal, et 3
mois pour 2 de ses journalistes, avec amende, pour avoir évoqué
l’état de santé du roi et une éventuelle prise de cortisone.
Accusés de publication de mauvaise foi et allégations erronées ! Et
c’est au prétexte de l’intégrité territoriale que le journaliste
sahraoui Mustafa Abdedayem est détenu depuis octobre 2008 ; les
maltraitances subies en prison ont entrainé des pathologies qui
ont nécessité son hospitalisation à Tiznit. D’autres journaux sont
asphyxiés financièrement par des amendes faramineuses pour
n’avoir pas ménagé les puissants.
C’est en soutien de cette presse en danger que le collectif
Maghreb Solidarité a appelé à un rassemblement mercredi 18
novembre place de l’Opéra à Paris.

Gisèle Felhendler et Luiza Toscane