MAROC : Le tournant répressif
30 avril 2012 05:35 0 messages
Une répression féroce qui s’abat depuis plusieurs
semaines : expulsion sanglante des militants de
chômeurs diplômés à Nador et al Hoceima au prix de
dizaines de blessés des locaux qu’ils occupaient , un tabassage
en règle des salariés des collectivités locales avec une violence
inouïe, l’arrestation à nouveau d’al haked, rappeur contestataire.
Peu de temps auparavant, les démolitions des logements au prix
d’expulsions massives à coup de bulldozer et de gaz lacrymogène
dans plusieurs villes du royaume, la guerre ouverte contre le
peuple des pauvres à Taza. Et ce qui a ressemblé à une vaste
opération de pacification dans la région d’Al hoceima. Est-ce en
raison de la volonté de briser net tout climat de revendications
sociales ? pour assurer un passage en force des politiques
d’austérité qui se profilent à l’horizon ?
Ces mêmes
revendications sociales, nombreuses, irriguant tout le pays dans
de nouveaux front de luttes, et qui ont le défaut pour le pouvoir,
de ne pas être solubles dans un tour de passe-passe
constitutionnel ou une quelconque alchimie électorale ?.
Est-ce qu’il s’agit, par une volonté délibérée d’affrontement, de
tester les capacités d’intervention des forces de l’ordre
entièrement rééquipées et formatées pour faire face aux «
débordements sociaux » ? une manière de se préparer sur le
terrain réel à la guerre civile qui vient ?. Tant le matériel utilisé
que les tactiques d’intervention montrent que le régime a bien
travaillé pendant nos manifestations « silmia » du dimanche. Il
s’est doté d’un commandement unifié et mobile capable de
coordonner dans les conditions les plus diverses l’action
répressive : dans les périphéries des villes sur la question du
logement, au coeur des grandes villes contre les manifestations
syndicales et les actions revendicatives, dans les régions plus
enclavées. Mettre sous état de siège, expéditions punitives,
répression de masse et ciblée, tactiques de harcèlement et de
dispersion, combinaison des services sécuritaires et armées.
Faut-il y voir le début d’un scénario plus tragique : la recherche
maitrisée de l’affrontement, militarisé si nécessaire, en espérant
qu’elle paralysera pour toute une période l’action des forces
militantes et du mouvement populaire ? .
Que cherche donc le pouvoir ? Affaiblir les équipes militantes,
démanteler es mouvements sociaux combatifs, décourager la
participation populaire. Éviter ce qu’il perçoit comme la
maturation d’un « lent embrasement » car le feu couve partout,
ne s’éteint pas. Ce n’est pas non plus un hasard que des
étudiants en grève de la faim, pour certains depuis de 100 jours,
sont l’objet d’un harcelement digne des années de plomb. La
dictature est entrain d’enlever sa façade démocratique avec le
silence complice des puissances impérialistes.
Amin Nasser
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