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Maroc : "Le prisonnier est privé de liberté mais non de dignité"

D 20 décembre 2017     H 05:53     A Ahmed Sbaï     C 0 messages


Ahmed Sbaï,défenseur des droits de l’homme et prisonnier politique sahraoui, témoigne sur les dix jours passés dans les WC de la prison centrale de Kénitra

"Au moment où le monde se préparait à commémorer la Journée Internationale des Droits de l’Homme, l’Etat marocain la célébrait aussi mais à sa manière.

Ainsi le 4 Décembre 2017, j’ai été traîné dans une petite salle de toilette, ainsi que mon camarade du même Groupe, Abhah Sidi Abdallah, lui aussi jeté dans autre toilette non loin de moi. Cette toilette est un espace très réduit avec des odeurs nauséabondes et de petits insectes qui sortent durant la nuit ainsi qu’une petite fenêtre permettant l’entrée du froid la nuit. Les salles de toilettes se trouvent au deuxième étage surnommé "Quartier de repentance".

Tous les incarcérés sont des prisonniers de droit commun, qui crient jour et nuit, tout en frappant la porte, ainsi que l’odeur de fumée de cigarettes. Il faut ajouter à cela les ampoules allumées tout le long de la nuit.

La nourriture était sale et ils ne m’ont pas permis ni d’avoir mes effets personnels, ni de changer de vêtements durant 10 jours, ni de me laver, à tel point que je ne pouvais plus discerner mon odeur corporelle de celles des toilettes. Ce qui n’a fait qu’aggraver mon état de santé déjà précaire puisque je souffre de difficulté respiratoire, de problèmes cardiaques et d’allergie.

J’avais des démangeaisons dans différentes parties de mon corps. Chaque soir, j’étouffais et je ne trouvais personne pour me venir en aide. Ils m’ont empêché de communiquer avec mon avocat. Ils m’ont interdit de disposer de papier et d’un stylo pour écrire aux autorités et aux organisations afin qu’elles interviennent pour me faire sortir de ce cauchemar.

J’avais annoncé l’entrée en grève ouverte de nourriture dès le premier jour et tout au long des dix jours. Je souffrais de la faim et du froid, et surtout j’étais sans nouvelles de ma famille qui vit à El Aaiún au Sahara occidental.

Je n’ai pas pu revoir mon père depuis 7 ans en violation de la loi marocaine régissant les centres pénitenciers n ° 93 / 28 et toutes règles et coutumes liées à rapprocher le prisonnier de sa famille.

Tout écrivant ce témoignage, je ne peux pas exprimer tout ce que je ressens et décrire les souffrances réelles vécues et tant de mépris, foulant aux pieds la dignité humaine, et la manière dont j’ai été jeté dans cet endroit qui pendant 10 jours, surtout dans un pays qui prétend avoir parcouru un long chemin dans le domaine des droits de l’homme et cherche à blanchir sa réputation à l’étranger.

J’espère que grâce à ce témoignage, ma voix puisse arriver à toutes les organisations afin d’intervenir et faire les pressions nécessaires sur l’Etat marocain et l’amener à mettre fin à ses violations flagrantes des droits de l’homme commises à l’encontre des prisonniers politiques sahraouis."

Ahmed Sbai, prisonnier politique Sahraoui (Groupe Gdeim Izik), Membre du Conseil de Coordination de l’ASVDH, Président de la Ligue de protection des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines

Prison centrale à Kenitra numéro d’écrou : 29794

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