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Tunisie : l’Assemblée constituante par qui, pour qui ?

D 8 mars 2011     H 16:01     A HAMDI Béchir     C 0 messages


Révolution de la liberté et de la dignité : l’Assemblée constituante n’est pas une mission du ressort des reliquats de la dictature, ni celle des forces libérales et réformistes

La réduction des objectifs et des tâches de la révolution à la seule dimension politique consacrée par le slogan d’Assemblée constituante, – dont est évacuée la dimension sociale –, ainsi que l’exclusion des forces révolutionnaires véritables de l’action dans la période transitoire qui a vu les résidus de la dictature s’autoproclamer légataires, à savoir les illégitimes Premier Ministre et président de la République, font de l’Assemblée constituante une tâche relevant des prérogatives des résidus de la dictature et des forces libérales et réformistes.

De cet alignement résulte que la revendication d’Assemblée constituante est vidée de tous contenu et dynamique reflétant la volonté du peuple, les reliquats de la dictature, les libéraux, les réformistes et les opportunistes de toute obédience ajustant toutes les lois, procédures et mesures qui mèneront à l’élection de l’Assemblée. La première revendication des masses et qui est partie intégrante des revendications de la révolution, – celle d’un gouvernement provisoire débarrassé du RCD et des personnalités qui ont occupé des postes du temps du dictateur ou qui l’ont aidé, préparant l’élection de l’Assemblée constituante débouchant sur un pouvoir reflétant la volonté du peuple et la poursuite des tâches de la révolution –, est toujours de mise.

La mise entre parenthèses de cette revendication et la reconnaissance des reliquats de la dictature comme gestionnaires des affaires pendant la phase transitoire au plus haut niveau des autorités de décision dans le gouvernement, l’Etat et la préparation de l’élection de l’Assemblée constituante, rendront cette dernière dépourvue dès le départ de tout contenu démocratique car les forces de la révolution seront restées extérieures aux décisions et n’auront pas d’influence.

Le fait que le pouvoir soit resté aux mains des vestiges de la dictature fera de cette assemblée un organe aux mains des forces bourgeoises et libérales fondamentalement anti démocratiques, un dispositif qui ne se différencie en rien de tous les parlements bourgeois dont nous savons le rôle trompeur, ennemi des travailleurs et de la majorité représentative du peuple, et qui confère un caractère faussement démocratique à la dictature de la classe bourgeoise sur tous les domaines de la vie politique, économique et sociale.

La réalisation de la revendication des masses et des tâches de la révolution politique, cristallisées dans la revendication d’Assemblée constituante, supposent une dynamique liée à la révolution et aux forces véritables de la révolution, une dynamique qui soit vraiment l’expression de la volonté du peuple de mettre en place, pour le pouvoir populaire, des institutions réellement démocratiques dans lesquelles le premier et le dernier mot ainsi que les décisions reviennent au peuple, c’est-à-dire à la majorité des travailleurs et des classes et couches sociales paupérisées et marginalisées à l’exception des exploiteurs ; toute réalisation de revendication d’une Assemblée constituante hors de cette dynamique ne signifiera en fin de compte que l’arrêt de la révolution. Il n’y aura pas de réalisation de ses revendications politiques et sociales, mais leur contournement et la poursuite du régime de Ben Ali sans Ben Ali. La majorité qui l’a fait tomber le 14 janvier se verra interdire de mettre en place son pouvoir et de consacrer le régime politique qu’elle estime être le sien.

Tunis, le 4 mars 2011

HAMDI Béchir

* Traduction ni revue ni corrigée par l’auteur de la version en arabe, Luiza Toscane. Titre de la rédaction.

Source : http://www.europe-solidaire.org