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AFRIQUES, 50 ANS DE DÉPENDANCE NÉOCOLONIALE.

D 27 juillet 2010     H 11:48     A Pierre Sidy     C 0 messages


Nous mettons en ligne un aide-mémoire écrit par Pierre Sidy sur le cinquantenaire des indépendances africaines du moins pour la plupart des pays africains colonisés par la France. Ce texte peut s’avérer utile pour l’animation de réunions sur ce sujet. Nous en profitons pour rappeler notre disposition pour participer à des rencontres sur ce thème et plus généralement sur les luttes du continent africain. Notre adresse : afriquesenlutte@yahoo.fr

La France célèbre en grande pompe le 50e anniversaire des Indépendances des anciennes colonies d’Afrique. Elle est la seule ancienne puissance coloniale européenne à vouloir ses festivités à domicile. Pourquoi et pour qui, bien que ce passé colonial reste un moment honteux de l’histoire nationale ?... Un passé dont la digestion est loin d’être terminée malgré des assaisonnements mythologiques. Les festivités répètent l’indigestion d’une histoire continuée par un néocolonialisme prédateur en Afrique. Cet anniversaire est éminemment politique.

Rappel :
Résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations Unie sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, du 14 décembre 1960 (extraits)
« Reconnaissant le désir passionné de liberté de tous les peuples dépendants et le rôle décisif de tous ces peuples dans leur accession à l’indépendance,
Consciente des conflits croissants qu’entraîne le fait de refuser la liberté à ces peuples ou a y faire obstacle, qui constituent une grave menace à la paix mondiale,
Reconnaissant que les peuples du monde souhaitent ardemment la fin du colonialisme dans toutes ses formes,
Convaincue que le colonialisme empêche le développement de la coopération économique internationale, entrave le développement social, culturel et économique des peuples dépendants et va à l’encontre de l’idéal de paix universel des Nations Unies, (…)
Déclare ce qui suit :
1 La sujétion des peuples à une subjugation, à une domination et à une exploitation étrangère constituent un déni des droits fondamentaux de l’homme, est contraire à la Charte des Nations Unies et compromet la cause de la paix et de la coopération mondiales.
2 Tous les peuples ont le droit à la libre détermination ; en vertu de ce droit ils déterminent librement leur statut politique, et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel. (…)

1. Vie sociale et politique précoloniale

Après des sociétés organisées sur la base de la parenté, de nouvelles structures apparaissent, marquées par de fortes hiérarchies de genre et de génération. Elles se développent autour de royaumes et d’empires. Des arts religieux et profanes diversifiés et souvent raffinés témoignent de ces civilisations.
La Méditerranée et le Nil ont fait qu’une partie de l’histoire de l’Afrique a été intégrée à celle de l’Europe.
La pénétration de l’Islam par le biais de commerçants arabes a marqué le dynamisme propre de certaines sociétés africaines.
L’histoire de l’Afrique occidentale révèle l’existence de différentes cultures dès l’âge de fer.
Au VIIe siècle deux grands empires : le Ghana et le Songhaï aux économies prospères et à l’activité intellectuelle très développée.
Puis au IXe siècle se créent deus autres empires : la Mali et Nord Kanem marqué par la présence des Berbères.
Le royaume Bamum au Cameroun fut fondé au XVIe siècle. Au début du XXe siècle, le Sultan Njoya crée un alphabet de quatre-vingts signes pour écrire en langue Bamum l’histoire de son royaume et crée des écoles pour enseigner cette écriture. Il institue un état civil, introduit dans l’agriculture des plantes européennes inconnues en Afrique, installe un haut-fourneau et une imprimerie. Il refusera de se soumettre quand la France prend le relai de la colonisation allemande. L’administration qui imposa le parler français, détruisit l’imprimerie et s’acharnera sur le souverain le plus moderne de l’Afrique équatoriale française qui mourut en exil en 1933.

2. Indépendances gagnées

Les résistances n’ont jamais cessé de s’exprimer durant les décennies de colonisation, marquées par les massacres des conquêtes, le travail forcé, la répression. Les indépendances ont été imposées par les luttes des peuples africains, après des épisodes sanglants.
Maroc
Pendant 6 ans, à partir de 1919, se déroule la sanglante « guerre du Rif ». Elle opposera les armée espagnole et française à la guérilla conduite par Mohamed Ben AbdelKrim El Khattabi, faisant des dizaines de milliers de victimes.
La défaite du nazisme en 1945 a condamné les Empires coloniaux européens. En 15 ans, les Empires britannique, néerlandais, allemand, sont brisés en états indépendants (Inde, Indonésie, Nigéria…) du fait de l’affaiblissement des puissances européennes concurrencées par les USA.
En 1954 la lutte victorieuse du peuple vietnamien résonne en Afrique où le monde progressiste apportera son aide aux mouvements de libération.
Algérie
L’insurrection de novembre 1954 se situe dans la continuité du refus de la soumission au joug colonial exprimé par de nombreuses révoltes : 1871 en Kabylie contre le vol des terres, 1917 dans les Aurès contre la conscription. Le 8 mai 1945 une manifestation populaire pour l’indépendance à Sétif et Guelma cause la mort d’une centaine d’Européens. La répression qui suit organisée par l’armée française et les milices européennes entraîne le massacre de plus de 10 000 Algériens, ce qui exclura toute décolonisation pacifique et conduira à l’insurrection nationale du 1er novembre 1954.
Madagascar
Dès l’annexion, guérilla menalamba dans le centre du pays puis guérilla sadiavahe dans le Sud. Résistance intellectuelle dans les années 1910. Développement des luttes syndicales dans les années 1920-1930. Luttes politiques légalistes et électoralistes dans les années 1940, notamment avec le MDRM (Mouvement démocratique de rénovation malgache). Insurrection nationaliste en mars 1947 : la répression fera 100 000 morts.
Le choix des Guinéens
Ils répondent « NON », lors du référendum de septembre 1958, à la proposition du Général De Gaulle d’intégrer la Communauté française. Ce coup de tonnerre influencera les autres peuples colonisés par la France qui accèderont à l’indépendance.
L’Afrique australe a connu a connu un des systèmes coloniaux les plus longs et les plus sévères. Elle fut le théâtre d’une des formes de racisme, de domination et d’exclusion raciales les plus systématiques et les mieux institutionnalisées de l’histoire humaine. La lutte armée a joué un rôle majeur dans la libération des anciennes colonies portugaises d’Angola, du Mozambique, de la Zambie et du Zimbabwe. La Namibie, sous la tutelle de l’Afrique du Sud depuis 1949, parviendra à se libérer avec l’aide de l’Angola et de Cuba.

3. La Solidarité internationale des progressistes avec les peuples colonisés

La Conférence de Bandoeng en avril 1955, à l’invitation d’Ahmed Soekarno, président de l’Indonésie, fut l’acte fondateur du « tiers-monde ». Au programme des 1 500 délégués de 29 pays d’Afrique et d’Asie figurait l’achèvement de la décolonisation politique. Ils entendaient tous que l’indépendance politique reconquise n’était que le moyen, la fin étant la conquête de la libération économique, sociale et culturelle.
Les figures des indépendances
* Mehdi Ben Barka opposant du roi Hassan II du Maroc, leader tiers-mondiste. Enlevé par les services secrets marocains à Paris le 29 octobre 1965 : « L’indépendance est la condition, la promesse d’une libération, elle n’est pas la libération elle-même. Le colonialisme n’a pas été uniquement un fléau pour les peuples colonisés (...), il a été néfaste pour les peuples des pays colonisateurs eux-mêmes. Si la majorité de la population est maintenue dans la misère et l’inculture, et si en plus elle voit se fermer devant elle les portes de l’espérance, comment s’étonner que l’impatience prenne le masque du désespoir ? Ce qui nous définit réellement c’est notre position anti-impérialiste. »
* Ruben M’Nyobé Secrétaire général de l’Union des Populations du Cameroun tué le 13 septembre 1958 par des soldats français : « Le tribalisme est l’un des champs les plus fertiles des oppositions africaines. Nous ne sommes pas des « détribaliseurs », comme d’aucuns le prétendent. Nous reconnaissons la valeur historique des ethnies de notre peuple. C’est la source même d’où jaillira la modernisation de la culture nationale. Mais nous n’avons pas le droit de nous servir de l’existence des ethnies comme moyens de luttes politiques ou de conflits de personnes. »
* Patrice Lumumba Premier ministre de la République Démocratique du Congo, assassiné le 17 janvier 1961 par des responsables katangais avec la complicité de la sureté belge : « Cette indépendance du Congo si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, aucun congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente une lutte dans la quelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. »
Thomas Sankara : Président de la république du Burkina Faso, assassiné le 15 octobre 1987 : « Les promesses de la révolution sont déjà réalités chez les hommes. Chez les femmes par contre, elles ne sont encore que rumeurs. Et pourtant c’est d’elles que dépendent la vérité et l’avenir de notre révolution : questions vitales, questions essentielles puisque rien de complet, rien de décisif, rien de durable ne pourra se faire dans notre pays tant que cette importante partie de nous-mêmes sera maintenue dans cet assujettissement imposé durant des siècles par les différents systèmes d’exploitation. Les hommes et les femmes du Burkina Faso doivent dorénavant modifier en profondeur l’image qu’ils se font d’eux-mêmes à l’intérieur d’une société qui, non seulement, détermine de nouveaux rapports sociaux mais provoque une mutation culturelle en bouleversant les relations de pouvoir entre hommes et femmes, et en condamnant l’un et l’autre à repenser la nature de chacun. »
Kwame N’Kruma, Militant du panafricanisme, Président du Ghana : « La vérité, c’est que nous ne sommes pas encore libres, nous avons seulement atteint la liberté d’être libres. »
Modibo Keita, Président de la République du Mali, empoisonné en détention après un coup d’Etat : « Vingt années de lutte faite de sacrifices de tous ordres, vingt ans de lutte farouche pour sauvegarder notre dignité et notre indépendance que nous ne devons jamais dissocier de la dignité et de l’indépendance réelle de toute l’Afrique. »

4. Les effets de l’indépendance

« Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage. » (Ahmed Sékou Touré, 1958)
L’essor suscité par les indépendances sera bridé par l’encadrement étroit des partis au pouvoir, qui freinent son expansion. À l’enthousiasme de la première décennie, succède la cristallisation de contradictions qui étaient latentes. C’est le début de coups d’Etats militaires ; plus tard il y aura les Plans d’Ajustement Structurels et, dans le même temps, le déclenchement de nouveaux mouvements sociaux.
Le premier effet de l’indépendance c’est la liberté, le droit de se gouverner et la reconnaissance internationale. Le deuxième c’est le panafricanisme, ce mouvement culturel et politique qui a précédé les indépendances et vise à unir les Africains et l’Afrique. Il a imprégné les constructions politiques des premières années et continue de nourrir la pensée africaine progressiste.
L’éducation et la santé, des priorités nationales
En 1960 on dénombrait moins de dix bacheliers, dans un grand nombre de colonies (Gabon, Mauritanie, Niger, Oubangui-Chari, Tchad… « Au sortir de la colonisation, au Congo belge, neuf Congolais avaient fait des études supérieures. En 30 ans de régime Mobutu, l’un des régimes les plus ignobles qu’on ait eu dans l’histoire, ce chiffre se compte par centaines de mille. » (Samir Amin)
Avec les indépendances, de véritables politiques de santé publique sont mises en place. Des professionnels nationaux (médecins, paramédicaux…) ont été formés en nombre et des établissements de santé mis en œuvre jusque dans des régions reculées : ces avancées n’ont pas résisté à la mal-gouvernance et aux offensives destructrices des ajustements structurels.
La culture
Longtemps niée quand elle n’a pas été réduite à la fonction rituelle et au folklore par le monde occidental, la culture africaine a fini par conquérir ses lettres de noblesse, portant haut la voix du continent et contribuant à son rayonnement.
Les infrastructures de transport, d’électrification, d’eau et d’assainissement réalisées durant la colonisation répondaient aux besoins de l’exploitation des richesses et des familles de colons. Avec les indépendances, des universités vont naître et des voies de communication commenceront à désenclaver des régions. Même si cela reste en de ça des attentes des populations la situation est incomparable avec le bilan d’un siècle de domination absolue.

5. La souveraineté confisquée : le néocolonialisme

À l’enthousiasme de la première décennie, succède la cristallisation de contradictions qui étaient latentes.
Diviser pour régner
La loi Deferre (1956) octroie une autonomie de gestion des affaires intérieures par des assemblées locales sous dépendance française, leur vice-président est africain. En détournant l’idée du panafricanisme, elle favorise de nouveaux nationalismes.
Les ressources naturelles restent monopole de la France.
Le carcan du pacte colonial
Concocté par le gouvernement français avec les « élites » africaines, il définit le cadre des rapports dans les différents domaines entre les États et la France. Il se concrétisera par les accords de coopération.
  Le Franc CFA, indexé sur le Franc puis l’Euro, est utilisé dans 16 pays africain. En 1993 le gouvernement Balladur décide sa dévaluation de 50%. Les Etats sont contraints de placer 65% de leurs réserves de change sur un compte du Trésor français qui a la main sur les opérations financières dont il est seul à connaître les résultats.
  La « dette odieuse » : Les Etats du Nord prêtent aux pays du Sud à condition qu’ils achètent des marchandises produites au Nord. Les prêts servent essentiellement à extraire les richesses naturelles du Sud et à les transporter vers le marché mondial.
  L’OMC organise la concurrence agricole mondiale aux conséquences dévastatrices pour les paysanneries du Sud.
  La politique de la francophonie fut utilisée en premier lieu pour une « élite utile » : en détournant la mise en valeur des diversités culturelles francophones, elle devient un outil d’impérialisme linguistique, un moyen de domination et d’assimilation culturelle.

6. Présence militaire : maintien de l’ordre colonial

L’indépendance des pays africains n’a pas mis un terme à l’ingérence militaire française en Afrique. Les prétextes aux interventions sont le « respect des accords de défense », la « protection des ressortissants français » ou encore le « maintien de la stabilité face au risque de chaos », quand bien même s’agissant de la « stabilité » d’une dictature prédatrice.
Depuis 1960 on a dénombré 52 interventions militaires françaises dans 22 pays d’Afrique.
Le soutien à l’annexion du Sahara occidental : « Les Jaguar français engagés de novembre 1977 à mai 1978 depuis Dakar contre les colonnes du Front Polisario, alors en conflit avec la Mauritanie » (Opération Lamentin) Blog de Fusiliers Commandos de l’air. http://commando-air-forum.forum2discussion.com/opex-f45/lamantin-t923.htm Le cas emblématique des Comores. L’Assemblée générale de l’ONU a condamné plus de 20 fois la France pour non respect de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores et l’occupation illégale de Mayotte après le résultat du vote des comoriens de décembre 1974 à 94,88% pour l’indépendance. La « patrie des droits de l’Homme » persistera en déstabilisant le jeune État comorien par mercenaires, sous la férule de Bob Denard, Jacques Focard et consorts, multipliant les coups d’États et les assassinats de présidents.
La France est le 3ème fournisseur d’armes en Afrique après les USA et la Russie. Au vu du rapport 2008, les exportations françaises vers le continent africain ont plus que doublé en un an, passant de 16 à 38 milliards d’euros (dont 5,4 millions pour le Tchad).
Les pays africains sont peu nombreux à pouvoir investir dans l’armement lourd ou sophistiqué. Ils servent surtout à écouler le surplus de production de l’industrie de l’armée. Les exercices militaires et les interventions réelles permettent d’expérimenter ou d’assurer la publicité des nouveaux matériels (Opération Licorne en Côte d’Ivoire). Leur utilisation par l’armée française est un gage de crédibilité pour les acheteurs potentiels.
De 2003 à 2006, la France a vendu à la Guinée pour 6 millions $ d’armes. Lansana Conté les a utilisées pour réprimer dans le sang la grève générale de 2007 et son successeur les pour tirer sur les manifestants de 2009. Au Cameroun, c’est du matériel français qui a servi à mater l’insurrection populaire de février 2008.

7. Indomptable Afrique : Résistances populaires et nouveaux mouvements sociaux

Politisation des populations
Guinée, février 2007 et Niger, décembre 2009 : mouvements pour la démocratie
Cameroun : Emeutes contre la paupérisation et le système Biya. 2008, répressions dramatiques de nombreuses manifestations. La police a tiré à balles réelles, et commis des viols et des vols. La colère des Camerounais fut attisée par l’annonce de Paul Biya de modifier la Constitution pour se faire réélire en 2011 et briguer une présidence à vie. De la marche organisée par le Front du non à la Constitution à Douala, les murs en gardent souvenir : « 25 ans de vol, ça suffit », « Biya va au diable ».
Pour l’auto-détermination du peuple sahraoui
Forums sociaux : « Une autre Afrique est possible ! »
L’année 2007 a marqué une étape dans l’internationalisation des forums sociaux, huit ans après les mobilisations de Seattle contre l’OMC et sept ans après la première rencontre de Porto Alegre de 2001 : le 7e Forum social mondial officiel s’est tenu du 20 au 25 janvier 2007 à Nairobi (Kenya).
Plus de 1 000 activités auto-organisées et autogérées ont au lieu au forum de Nairobi. Au plan africain, ce forum a notamment eu pour objet, suite au forum « polycentrique » de Bamako de 2006, d’organiser la coopération des organisations du continent. Pour les délégations venues d’Europe, il a été l’occasion de poursuivre le travail engagé à Bamako avec les organisations syndicales et sociales africaines pour s’attaquer au rôle de l’Union européenne en Afrique et pour renforcer les campagnes en défense des émigrés.
« L’Afrique des peuples en marche contre la mondialisation avilissante », tel était le thème général de la 5e édition du Forum social africain (FSA) 2008 au Niger…
Le choix d’un tel thème se justifiait par la nécessité de replacer les peuples africains au cœur des politiques économiques et sociales, c’est-à-dire au cœur de leur destin. Ces peuples qui vivent dans le silence, le plus souvent ignorés par les dirigeants africains et les institutions sous régionales, régionales et internationales ont décidé de briser le silence. Le FSA 2008 à Niamey a été une tribune de laquelle ces peuples ont dit : « Nous sommes là, prêts à être maîtres de notre destin commun ».
Pour le Travail décent
Soutenue par la Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B) et la solidarité internationale, la lutte courageuse et déterminée des Gaciliennes a gagné ! Quatre mois de lutte des Gaciliennes, quatre mois de campagne de solidarité internationale : Yves Rocher a plié et payé ! Signature effective le jeudi 19 janvier 2006 du procès-verbal de règlement à l’amiable du dossier des ex-travailleuses de la Gacilienne, filiale d’Yves Rocher. L’accord ainsi signé règle définitivement le différend qui opposait les ouvrières de la Gacilienne au Groupe Yves Rocher.
4 novembre 2009, les détenus du Bassin minier de Gafsa enfin libérés
Emprisonnés depuis près d’un an et demi suite au soulèvement de la population de Redeyef protestant contre abus, favoritismes, chômage et pauvreté... Leur libération constituait une des demandes les plus importantes du mouvement démocratique – politique, syndical et associatif tunisien.
Les luttes syndicales se multiplient sur tout le continent noir depuis une dizaine d’années. Ils traduisent les aspirations des populations au travail décent, au progrès social et à la démocratie, les immenses richesses de l’Afrique faisant toujours l’objet d’un vaste pillage international avec la complicité des élites locales.
Le Forum social mondial de 2006 à Bamako (Mali) et celui de 2007 à Nairobi (Kenya) ont notamment eu pour objet de replacer ces luttes dans le cadre de la remise en cause d’un ordre économique international injuste et de tracer des perspectives.
Luttes paysannes
Mali, Madagascar… Pour la souveraineté alimentaire contre les accaparements néocoloniaux de terres arables.
APE (Accords de partenariat économique) : Échec libéral au Sommet UE-Afrique de Lisbonne
8 et 9 décembre 2007, désaccord entre Europe et pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) sur l’essentiel de leur « coopération », particulièrement sur les APE (Accords de partenariat économiques) que les anciens colonisateurs et leurs associés veulent imposer aux partenaires du Sud... La majorité des 53 Etats africains, à l’exception de quelques pays à revenus intermédiaires, ont en fait refusé de signer les APE car la conscience des pièges de pillage et de mise sous tutelle (« de recolonisation », disent certains analystes plus clairement !) qu’ils déploient est de plus en plus largement partagée dans les populations.

8. LES DEFIS DE L’AFRIQUE

L’Afrique a des atouts :
• 1 milliard d’habitants estimé en 2030
• Les ressources naturelles du sol et du sous-sol, utiles aux technologiques du futur
• Les richesses immatérielles : savoir-faire, culture, patrimoine
• Les organisations de la société civile
• L’expérience des luttes émancipatrices
Rompre avec :
• Les modes de développement sous l’optique des dominations impérialistes
• Le bradage des ressources naturelles
• La soumission aux institutions financières internationales imposant les Plans d’Ajustement Structurels et le surendettement
• Les pesanteurs sociales (relégation des femmes à des rôles subalternes, emprise des « élites » sur l’organisation sociale)
Faire des choix émancipateurs
• Démocratisation réelle
• Développement d’industries
• La formation des populations aux métiers de l’industrie et des nouvelles technologies
• Le développement des services publics
• Les infrastructures d’énergie
• La maîtrise d’un développement durable et soutenable sous le contrôle des populations

Pierre Sidy