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Cachez ces biens mal acquis que je ne saurais voir !

D 20 août 2011     H 05:27     A Paul Martial     C 0 messages


Il serait vraiment injuste de reprocher au gouvernement français
le manque d’ardeur et de volonté pour étouffer les plaintes pour
« recel de détournement de fond public », appelées plus
communément les Biens Mal Acquis, de trois présidents africains
Sassou Nguesso pour le Congo Brazzaville, Ali Bongo pour le
Gabon et Teodoro Obiang pour la Guinée Equatoriale.
La première plainte a été déposée en 2007. Huit mois plus tard,
le Parquet qui dans le système judiciaire français représente le
ministère de la justice, classe la plainte sans suite.

Quelques mois plus tard, en 2008, l’association Transparency
International France remet le couvercle et, coup de théâtre, la
doyenne des juges d’instruction du pôle financier accepte
d’instruire le dossier. Le Parquet fait de nouveau appel. En vain, la
Cour de cassation donne son feu vert, l’enquête peut commencer.
Deux juges sont donc désignés et demandent un réquisitoire
supplétif afin d’étendre leurs instigations avant la plainte de 2008.
Fait exceptionnel cela sera refusé par le vice procureur de la
République à Paris qui dépend hiérarchiquement du ministère de
la justice.

Pourtant, les services de douane, Tracfin chargé de la lutte contre
le blanchiment de l’argent et l’Office centrale pour la répression
de la grande délinquance financière (OCRGDF), ont tous remis
des rapports détaillés particulièrement accablants. La Bentley d’Ali
Bongo à 200 000 euros dans un pays où l’espérance de vie arrive
tout juste à 52 ans. L’épouse de Nguesso qui s’offre une
Mercedes type E. Son neveu qui porte son dévolu sur une
Porsche à 137 000 euros et soupape sur le moteur ! Le fils
Obiang, lui, a un parc automobile dont la valeur est estimée à
plus de 18 millions d’euros ce qui représente le tiers des
dépenses annuelles de santé de son pays !
Mais à côté des quatre roues, on pourrait évoquer les comptes
bancaires…Une centaine pour les Nguesso, les sociétés, les villas,
les hôtels particuliers à Paris, plus d’une trentaine pour Bongo, les
objets d’arts …

Contrairement à la sérénité affichée, ces présidents africains sont
inquiets du risque de la condamnation qui pourrait aboutir à la
saisie de leurs biens et qui empêcherait leurs proches de venir en
France, sans parler des répercussions à l’intérieur de leur propre
pays, au moment où les révolutions arabes ont mis en exergue
l’importances des sommes détournées par les clans de Moubarak
et de Ben Ali.

Obiang a porté plainte contre le Comité Catholique contre la Faim
et pour le Développement (CCFD) pour son rapport « Biens mal
acquis, à qui profite le crime ? », et récemment Bongo vient
d’ester en justice contre un élu européen d’Europe Ecologie Les
Verts (EELV). Mais ces contre feux juridiques de plainte pour
diffamation apparaissent bien dérisoires et risquent de se
retourner contre leur auteur, d’autant que le CCFD et l’élu d’EELV
restent ferme et entendent bien faire de ces procès ceux de la
corruption et du pillage des pays africains.

A coups de claquements de talonnette, Sarkozy nous avait promis
de moraliser le capitalisme, de lutter contre les paradis fiscaux,
d’instaurer une nouvelle gouvernance… il avait seulement oublié
de nous dire que cela ne concernait ni la France ni ses amis
africains…

Paul Martial