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Afriques, années zéro. Du bruit à la parole

d’Anne-Cécile Robert et Jean-Christophe Servant

D 18 juin 2009     H 22:13     A Isabel Ferreira     C 0 messages


L’Afrique, continent noir vivant les pires affres : dictatures,
misère, famine, sous-développement, pauvreté,
endettement, analphabétisme, pillages, guerres civiles
entre tribus, ethnies ou clans, corruption, maladies… Devant cet
état désastreux et miséreux de ces 905 millions d’Africains, les
sociétés, tant civiles que politiques, internationales se mobilisent
depuis les indépendances à coups de projets humanitaires,
d’aides de toutes sortes, d’allégements de dette, de plans
d’ajustement structurel et autres cataplasmes visant à démontrer
un intérêt feint pour le continent ou en tout cas tout à fait voués
à l’échec. Cette image misérabiliste de l’Afrique, maniant les
stéréotypes, les imaginaires et les certitudes les plus vulgaires
autour d’un continent semblant se résumer à ses problèmes et
immature pour la démocratie, reste ancrée et alimente largement
le complexe de supériorité de l’Occident.
C’est exactement pour lutter contre ces simplifications et ces
préjugés créant l’ « insoluble complexité » du contient noir
qu’Anne-Cécile Robert (rédactrice en chef adjointe du Monde) et
Jean-Christophe Servant (journaliste au magazine Géo Histoire)
se sont attelés à écrire : Afriques, années zéro. Contrairement au
regard réducteur et biaisé par le petit bout de la lorgnette que
propose l’Occident, les auteurs démontrent, en se plaçant de
façon objective, réaliste et actuelle, que les choses ne sont pas
moins compréhensibles en Afrique qu’ailleurs. Non, le continent
noir, malgré les apparences, n’est pas résigné, l’Afrique se bat, les
Africains luttent. Qu’elles se traduisent par un foisonnement du
secteur associatif, par un altermondialisme, par un renouveau
artistique et culturel mais aussi par des « émeutes de la faim »
ou une tentative de reconstruction de la société civile, ces années
zéro du début du XXIe siècle peuvent sonner le glas de ce qu’il
est tenu d’appeler les « démocraties FMI ».
La période charnière que traverse le continent depuis le début
des années 2000, notamment avec l’avènement de la
« Chinafrique » devrait définir et amorcer une nouvelle ère
ouvrant un espace de tous les possibles voyant émerger de
nouveaux discours et imposer de nouvelles grilles de lecture. L’un
des enjeux à venir sera l’appropriation de ces questionnements
par les Africains eux-mêmes, l’insertion du continent dans
l’« économie-monde »
indépendante des logiques de
domination et des stratégies
définies à l’extérieur.
Evidemment, pour cela, la
question des moyens est, comme
partout, cruciale. Mais, en Afrique,
elle s’inscrit dans la problématique
générale du « sousdéveloppement
 », du manque
d’équipements et de ressources
qui fragilisent toute action. Elle se
double de celle des rapports avec
les institutions internationales et
les ONG du Nord.
Un livre revigorant,
éclaircissant, stimulant !

Isabel Ferreira