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La lutte entre camps patriotique et néocolonial en Afrique et la question de la Démocratie

Diagne Fodé Roland

D 27 août 2023     H 14:04     A Diagne Fodé Roland     C 0 messages


Si au Sénégal, après la Centrafrique, la seconde phase de la libération nationale prend la forme d’une lutte ouverte entre les camps patriotique et néocolonial sur le plan électoral, au Mali, au Burkina, au Niger, c’est l’armée qui prolonge au pouvoir l’option souverainiste exprimée par les mobilisations populaires contre les répressions sanglantes des pouvoirs néocoloniaux.

Cette polarisation est consécutive à l’émergence d’une rébellion patriotique de la jeunesse civile et militaire, notamment intellectuelle, qui a d’abord cru aux sirènes de la re-mondialisation libérale née de la défaite du camp socialiste d’Europe qui vantait les illusions de la « fin de l’histoire », du « ruissellement de la réussite individuelle », de « l’aide au développement » par l’emprisonnement des États, des nations et des peuples dans le système de la dette et des plans libéraux d’ajustement structurel sous le pilotage du FMI et de la Banque Mondiale.

Les diktats libéraux ont été accompagnés par l’imposition de la pensée unique prônant la « démocratie pluraliste, électorale » et même des « alternances démocratiques » entre libéraux, sociaux libéraux et même des gauches communistes reconvertis au libéralisme. Mais tout le monde se rend compte au bout de ces expériences que la « démocratie » n’a servi que comme couverture à l’enrichissement éhontée d’une bourgeoisie bureaucratique nationale soumise à la françafrique, l’eurafrique et l’usafrique.

Le néocolonialisme a non seulement engendré des paroles d’une inconscience comme « quand est ce que l’indépendance va finir ? » pendant que la « démocratie » de rapine des deniers publics va engendrer des paroles comme « la démocratie, on ne la mange pas, on a faim » et même « quand est-ce que la démocratie va finir ? ». La réalité socio-économique entrait en contradiction inconciliable avec l’idéologie et la politique des impérialistes reprises en chœur par la bourgeoisie bureaucratique et une prétendue intelligentsia déclamant que « l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts », ce qui est une terrible aberration niant la dialectique qui fait que ce sont les humains qui élaborent, appliquent les lois et qui animent les institutions dans toute société qui s’est définit des règles communes.

Il est donc plutôt rassurant que l’on en revienne aujourd’hui à l’exigence de souveraineté nationale et à l’exigence d’une démocratie au service de la libération nationale et panafricaine. Le lien souveraineté, démocratie et développement national dans une optique panafricaine se fraye un chemin au sein de la jeunesse patriotique civile et militaire en Afrique.

C’est pourquoi, il est important que ces notions soient éclairées pour être dépouillées de tous les pièges conceptuels et pratiques élaborés par la bourgeoisie impérialiste et ses suppôts bourgeois dans nos néo-colonies.

Même si des alliances stratégiques et/ou tactiques sont souvent nécessaires dans la lutte pour l’émancipation sociale et nationale, la souveraineté, la démocratie, le panafricanisme et l’internationalisme n’échappent pas à la dimension de classe et de lutte des classes. Le contenu de ces concepts n’est pas le même pour la bourgeoisie, les féodaux, la classe ouvrière, les classes laborieuses.

Voilà pourquoi, nous revisitons ces notions à travers les luttes actuellement en cours des travailleurs et des peuples.

La « démocratie » n’est pas le pouvoir du peuple, mais celui de classes sociales

Formatés par l’hégémonie idéologique impérialiste de la démocratie formelle, l’à-priori d’une condamnation de principe des coups d’états est systématique. Or, le cas Sankara vient contredire cette imposture consécutive à l’injonction capitaliste impérialiste sacralisée par la formule devenue célèbre de Winston Churchill selon laquelle « La démocratie est le pire des systèmes de gouvernement, à l’exclusion de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l’histoire ».

La démocratie formelle républicaine ou parlementaire a été historiquement le soubassement idéologique du renversement des féodalités dans les pays où est né le capitalisme. La révolution bourgeoise a renversé la monarchie absolue qui représentait politiquement le pouvoir de classe de la noblesse, de l’aristocratie foncière.

La sacralisation de la « démocratie » par la formule selon laquelle « la démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes » (Winston Churchill) fait du multipartisme (en réalité souvent le bipartisme), des joutes électorales, des urnes et des institutions bourgeoises républicaine ou parlementaire monarchiste, présidentielle ou parlementaire soumises au lobbying des milliardaires l’Alpha et l’Oméga d’une « démocratie pure » dont la caractéristique fondamentale est d’être séparée de sa base économique et sociale. Le procédé consiste ici à cacher le lien pratique intrinsèque entre la superstructure politico-idéologique et la réalité socio-économique.

C’est ainsi que la démocratie définit comme « pouvoir du peuple » a été dévoyée pour camoufler, par la séparation entre les sphères politique et économique de la société, la mainmise sur l’État des riches, des capitalistes, des impérialistes et de son prolongement néocolonial qu’est la bourgeoisie bureaucratique associée à la bourgeoisie de « l’import-import », à savoir les « opérateurs économiques » improductifs locaux appendices du commerce mondial dans les semi-colonies et les pays dépendants.

Les pouvoirs Exécutif, législatif, judiciaire, médiatique, au-delà des élections auxquelles le peuple est invité à voter, sont détenus par le biais d’un mécanisme où l’argent à travers le lobbying joue le rôle décisif au profit des Actionnaires milliardaires détenteurs du capital financier et industriel. Quand ce système est en crise et sa duperie est démasquée, la bourgeoisie se dépouille de ses plumages démocratiques au profit du fascisme totalitaire.

La bourgeoisie bureaucratique a le pouvoir politique dans les néo-colonies. Elle utilise le pouvoir d’État pour pérenniser la domination économique de l’impérialisme sur l’économie nationale et donc prolonger sous les couleurs du drapeau national et des institutions nationales l’oppression économique impérialiste qui freine et empêche par l’extraversion économique la sortie du sous développement.

Voilà pourquoi en résumé Engels précise que « L’Etat … est bien plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer. Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elles et la société, en une lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de « l’ordre » ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger, c’est l’État » (L’origine… de l’Etat).

Il est donc important d’en revenir à l’approche de classe de ce concept de « démocratie » en le dépouillant de la vaste duperie pour attrape-nigaud que Nina Andreeva, première communiste opposante soviétique à la perestroïka et à la glasnost a démasqué ainsi : « l’exacerbation de la conscience de lutte de classe jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat avait été considérée par Lénine comme étant un des acquis fondamentaux de Marx et Engels. Staline n’a fait que confirmer et maintenir cette position.

C’est précisément cette partie de l’enseignement marxiste- léniniste qui a été de plus en plus soumise aux attaques des politiciens et idéologues bourgeois et qui a finalement pratiquement disparu du programme de toute une série de partis communistes.

Il ne s’agit pas d’une question de terminologie mais bien de contenu, du contenu de ce concept. Tout État est une dictature, dictature de l’une ou de l’autre classe. Classe qui dispose du pouvoir économique. Cependant il ne faut pas confondre la teneur du pouvoir – c’est-à-dire dans l’intérêt de qui on met en application et on défend le pouvoir de classe - avec la forme, les moyens, le régime d’exécution de ce pouvoir. C’est ainsi que le fascisme est une forme terroriste de la dictature de la bourgeoisie. Le fascisme apparaît lorsque le capital est obligé de se départir des formes démocratiques de gouvernement pour passer à un régime de soumission directe et brutale des travailleurs.

La dictature du prolétariat est assurée par la classe des travailleurs et par leurs alliés. La dictature du prolétariat peut apparaître dans des formes extrêmement diversifiées de pouvoir. Les travailleurs souhaitent que cette méthode de mise en application de leur pouvoir soit elle-même démocratique. Cependant comme l’histoire l’a montré, cette possibilité ne dépend pas toujours des travailleurs eux-mêmes. L’opposition à la bourgeoisie peut nécessiter des formes de pouvoir beaucoup plus brutales. La révolution doit être à mesure de se défendre de façon à pouvoir subsister.

Les idéologues et les opportunistes bourgeois confondent volontairement le contenu de la dictature du prolétariat en tant que substance de classe du pouvoir de l’État du prolétariat, avec les méthodes et formes de sa mise en application. Ceci est fait dans le but d’identifier le socialisme et le fascisme de façon à désorienter les travailleurs. Les sociaux-démocrates et « l’Eurocommunisme » se sont embarqués sur cette voie. Le malheur est que certains communistes n’y voient même pas un piège.

Cependant, il ne faut pas opposer dictature et démocratie en tant que contenu du pouvoir. Dictature et démocratie ne peuvent être opposées que seulement du point de vue de la forme, des moyens, du mode de mise en application du pouvoir par l’une ou l’autre classe. C’est cela la substance de l’opposition qui est faite entre dictature et démocratie.

Le leitmotiv des opportunistes Gorbatcheviens du PCUS a été la paix civile dans une période où la contre-révolution s’attaquait aux victoires du socialisme dans le pays.

L’expérience des trois et quatre dernières décennies de l’histoire de l’URSS a montré que l’ennemi principal de la gestion stalinienne, l’opportunisme, mène inévitablement à la restauration ouverte du capitalisme. L’hystérie anti-stalinienne jouait un rôle de paravent dans le renforcement de la campagne anti-léniniste et anti-communiste » (Conférence de presse tenue le 2 mai 1992 à Bruxelles, publiée dans le journal belge Solidaire N°823 du 27 mai 1992).

Les grandes étapes des luttes des peuples africains et la démocratie

Les luttes multiformes et protéiformes des peuples pour l’indépendance nationale ont pris diverses voies : luttes armées (Algérie, Angola, Mozambique, Guinée Bissau, Zimbabwe, Afrique du Sud, Sahara, etc), luttes politiques (Guinée Conakry, Ghana, Mali, RDC, etc). Dans beaucoup de pays, la décolonisation a très vite pris le pli d’une entente concertée nommée « accords de coopération » pour organiser le passage de colonies à néo-colonies (Sénégal, Côte d’Ivoire, Maroc, Tunisie, Bénin, Togo, etc). Dans d’autres pays, les impérialistes ont assassiné les leaders et massacré les peuples en révolte pour imposer l’indépendance néocoloniale (Madagascar, Cameroun, etc). Les velléités post-indépendance de rupture avec les « accords de coopération » ont été stoppées par des coups d’Etats ramenant ces pays dans le « pré-carré » françafricain (Togo, Gabon, Bénin, Congo, Mali, Niger, Tchad, Centrafrique, Comores, etc).

Les « conférences nationales » des années 90 ont restructuré la domination françafricaine pour juguler et récupérer les révoltes populaires au-delà des gains indéniables en termes d’avancées démocratiques. L’Afrique du franc colonial CFA fut ainsi intégrée dans la dissolution monétaire des monnaies nationales européennes dans l’Euro, étape de l’évolution progressive de la françafrique vers l’eurafrique.

L’ère dite du « vent d’Est de la démocratisation » a été marquée par la dévaluation du franc CFA consécutive à plus d’une décennie d’imposition des plans libéraux d’ajustement structurel pour payer la dette inique. La dévaluation a ouvert la voie aux privatisations bradages des secteurs économiques stratégiques (eau, électricité, telecom, ports, chemins de fer, aéroports, mines, terres, etc) détenus auparavant par les Etats africains afin, selon les « accords de coopération » léonins, de rembourser à la puissance coloniale une prétendue « dette » coloniale pour la construction des infrastructures de l’époque coloniale. Ce procédé spoliateur est identique à l’indemnisation des esclavagistes lors de l’abolition de la traite et de l’esclavage des noirs au 19éme siècle.

Cette ère de la démocratie pluripartite a succédé à l’ère des coups d’états civils et militaires néocoloniaux et des dictatures néocoloniales civiles (Sénégal, Côte d’Ivoire) et militaires ailleurs des années 60/70/80 marquées par l’instauration partout du pouvoir des partis uniques ou unifiés pro-impérialistes de droite ou de ‘gauche’ socialistes.

Corsetée par les politiques économiques libérales néocoloniales, la « démocratisation » africaine des années 90 s’est embourbée dans l’explosion exponentielle de la corruption qui a emporté les libéraux, les sociaux libéraux et même la gauche historique révolutionnaire, voire communiste dans le marais du népotisme, de la gabegie, de l’enrichissement illicite.

La sphère de la bourgeoisie bureaucratique a été ainsi étendue à la majorité de la classe politique. Faire la ‘politique’, devenir ministre est devenu le chemin le plus court pour devenir milliardaire dans les néo-colonies où l’essentiel de l’activité économique se partage entre secteur formel détenu principalement par les entreprises impérialistes et secteur informel où se débattent les entrepreneurs nationaux.

Toute cette évolution prédatrice en Afrique reflète au plan local l’aggravation de la crise systémique de surproduction et de sur-accumulation du capital mondialisé qui va engendrer des résistances sociales à l’intérieur des pays impérialistes et des résistances nationales dans les pays dominés. Les pays rescapés du camp socialiste comme la Chine populaire, le Vietnam, la Corée du nord et Cuba socialiste seront en pointe dans la résistance au diktat de la pensée unique libérale développant une alternative socio-économique et politique qui ont fait de la Chine populaire la première économie mondiale, du Vietnam une puissance en devenir, de la Corée du nord une puissance nucléaire défensive et de Cuba une puissance médicale internationaliste. D’autres pays capitalistes comme l’Inde, le Brésil et la Russie vont aussi combiner protectionnisme et libéralisme économique pour monter en puissance. L’impérialisme Occidental US/UE vont se lancer dans un nouveau cycle de guerres dont l’objectif est de contrôler les sources de matières premières à travers le monde pour contrer les pays émergents qui concentrent de plus en plus l’essentiel de la production mondiale de marchandises, de biens et de services. C’est là d’où vient le lancement par les impérialistes Otano/US/UE de leur fameuse « guerre contre le terrorisme ».

Dès lors que la stratégie impérialiste de la « guerre au terrorisme » a été étendue à l’Afrique doublée de la « crise migratoire », la révolte d’une jeunesse en quête d’une vie meilleure au pays est devenue une réalité qui s’impose avec force. Le sous développement imposé contraint les enfants de l’Afrique à suivre le chemin pris par les matières premières pour fuir la misère vers « l’eldorado » chimérique européen ou étatsunien où ils sont maltraités comme « esclaves sans papiers » qui alimentent l’économie souterraine capitaliste des pays impérialistes. L’équation se ramène donc à choisir la mort lors de la traversée du désert ou des mers ou encore la maltraitance raciste à l’arrivée aux USA et en Europe et rester au pays, se battre pour changer le pays pour y gagner une vie meilleure.

Partout en Afrique, la jeunesse, de plus en plus vaccinée des illusions de la « mondialisation libérale pour tous », « du monde devenu un village planétaire pour tous », « de la mondialisation de l’enrichissement individuelle qui ruisselle sur le collectif », « de la globalisation une chance pour chacun et pour tous les pays », découvre peu à peu la réalité de l’exploitation de classe et de l’oppression des peuples et cherche à renouer avec la lutte collective patriotique contre l’hégémonie séculaire de l’impérialisme Otano/US/UE.

Selon les pays, les luttes des peuples prennent la forme d’un coup d’État souverainiste comme parachèvement temporaire et conjoncturel des mobilisations populaires comme au Mali, au Burkina, au Niger ou bien prennent la forme de la conquête du pouvoir par les urnes comme en Centrafrique ou en voie de l’être au Sénégal et ailleurs.

Ces coups d’État à l’instar de l’arrivée au pouvoir de Sankara ne peuvent pas du tout être assimilés aux putschs françafricains des années 60/70. Les ingérences militaristes actuelles dans la scène politique résultent à la fois du besoin grandissant de sécurité face au djihado-terrorisme, de la prise de conscience du double jeu de la soi disant « lutte contre le terrorisme » de l’impérialisme, de soulèvements populaires inaboutis et sauvagement réprimés et du discrédit de la classe politique civile fortement corrompue.

Ces facteurs objectifs favorisent la prise de conscience progressive dans la jeunesse et dans l’armée, qui est en première ligne contre le « terrorisme djihadiste », de la nécessité de la souveraineté nationale, du panafricanisme souverainiste et de l’opportunité de mettre à profit l’avènement progressif du monde multipolaire porté par l’opposition des puissances montantes à l’hégémonie séculaire de l’impérialisme occidental.

Ces facteurs politisent non seulement la jeunesse mais aussi les armées nationales dont Sankara disait fort justement « un militaire sans formation politique est un criminel en puissance ».

Ces coups d’états d’aujourd’hui au Mali, au Burkina, au Niger ont donc une signification politique différente de ceux françafricains des années 60/70 et de celui du Mali en 91 qui fut récupéré puis intégré dans la stratégie de « la démocratisation pluripartite des conférences nationales » lancées par le sommet françafricain de la Baule présidé par le socialiste Mitterrand. La démocratisation multipartite est une conquête des luttes populaires qui a été ainsi dévoyée par l’intégration de la classe politique de droite et de gauche dans la mondialisation de la pensée unique libérale qui proclame en parole des libertés individuelles et collectives tout en en excluant en pratique la majorité désargentée. C’est la démocratie de dupe par laquelle on invite les pauvres, les travailleurs, le peuple à voter pour celui ou celle qui va gouverner au service des profits des riches.

Si dans les pays impérialistes le pouvoir est directement ou indirectement au service des gros actionnaires bourgeois, dans les néo-colonies les fonctions ministérielles ou à la tête de la haute administration sont la voie royale de l’enrichissement illicite de la bourgeoisie bureaucratique, moyen aussi par lequel le « politicien » remplit sa cagnotte d’électeurs pauvres pour les échéances électorales.

L’élection peut être « un piège à con » comme le disent nos cousins politiques anarchistes, mais c’est aussi un moment où nous autres communistes pouvons mesurer le degré de conscience des classes laborieuses. C’est donc un critère important mais pas suffisant pour vanter la démocratie bourgeoise comme le fin du fin. Il en est de même du multipartisme, du monopole des milliardaires sur la presse faiseurs d’opinion.

La démocratie est en soi au fond une dictature de classe dont les formes peuvent être démocratiques ou fascistes donc terroristes. La forme, le mode d’exécution, les institutions, les lois sont déterminés par le rapport des forces entre les classes sociales d’un pays, d’une nation.

Coups d’états, démocratie pluripartite et souveraineté nationale

Ces coups d’états s’opèrent dans un contexte où se posent dans l’immédiat deux équations à résoudre pour commencer à envisager la libération nationale africaine : se débarrasser de l’occupation militaire de l’impérialisme françafricain, eurafricain, usafricain, occupation que nous avions prédit en titrant dès septembre 2010 « OTAGES, AREVA, TOTAL, AFRICACOM : LES ENJEUX CACHES D’UNE OCCUPATION MILITAIRE DU SAHEL ! » et vaincre l’agression djihado-terroriste fomentée par la destruction de l’État national libyen par l’impérialisme. Voilà ce que nous écrivions alors : « Des prises d’otages se multiplient dans le Sahel. Après la libération de P. Camatte contre de l’argent, Michel Germaneau a été tué à la suite d’ une attaque militaire franco-mauritanienne en territoire malien et dans des conditions non éclaircies si l’on en croît des journaux africains (Algérie, Mali, etc.). Sept autres ont été enlevés au Niger. Chaque enlèvement a été l’occasion d’un accroissement de la présence militaire française, laquelle est maintenant doublée d’un appui de troupes d’élites et de la technologie spatiale de surveillance US. C’est à se demander si, après avoir perdu la bataille d’Alger, les terroristes islamistes fascistes armés qui ont ensanglanté l’Algérie dans les années 90, ces « combattants de la liberté » financés, armés, entraînés par les USA contre l’Afghanistan laïque et progressiste soutenu par l’URSS, ne se sont pas repliés dans les pays du Sahel ? Mais justement la prise d’otages d’Arlit au Niger des employés du monopole capitaliste françafricain AREVA ne lève t-il pas un coin de voile sur les dessous cachés par la presse bourgeoise impérialiste ? ».

D’autres étapes à conquérir doivent combiner ces tâches immédiates urgentes du moment ou les faire se succéder selon l’évolution du rapport évolutif des forces aux plans national, africain et international entre camps patriotique et néocolonial : souveraineté monétaire, budgétaire, diplomatique, militaire sécuritaire, sur les richesses nationales et la reconstruction d’une démocratie élective qui respecte réellement à la fois la séparation des pouvoirs, le rôle régulateur et punisseur des corps de contrôle de l’État et la démocratie participative populaire.

Contre la dépendance séculaire qui a été infligée à notre chère terre d’Afrique, ne faut-il pas définir comme un des critères démocratiques de reconnaissance des partis politiques le respect de la souveraineté nationale constitutionnelle ? Critère que l’on retrouve par exemple en Chine Populaire, au Vietnam socialiste et à Cuba socialiste qui ne légalisent que les partis ou mouvements qui ont participé à la libération nationale et non les partis apatrides pro-impérialistes. Ces partis apatrides y sont formellement interdits.

Il faut vraiment en finir avec le totalitarisme idéologique du prétendu « universalisme » du modèle dit démocratique né des expériences révolutionnaires anti-féodales en Europe qui ont donné la République bourgeoise et la monarchie parlementaire ou encore la république nord-américaine indépendantiste mais esclavagiste que le féodalisme a légué au capitalisme naissant. L’antithèse historique sur le plan démocratique de l’expérience US est la révolution haïtienne indépendantiste et abolitionniste de la traite et de l’esclavage des noirs. La « plus grande démocratie » supposée être les USA garde encore, malgré les conquêtes démocratiques du mouvement anti-raciste des droits civiques contre l’apartheid US, les stigmates du racisme endémique que l’on peut établir par la comptabilité macabre des noirs tués et du chiffre qui fait que 13 % de la population, les noirs font 90 % de la population carcérale aux USA.

En outre, il y a un travail de décolonisation mentale à faire sur la notion, le concept de démocratie et son opérationnalité évolutive en intégrant les valeurs positives anté-coloniales ou pré-coloniales de démocratisation africaine comme celle de Thierno Souleymane Baal en 1776 et la Charte du Mandé au 13éme siècle.

25/08/23