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Adresse au futur président des Comores à propos de Mayotte

D 29 janvier 2011     H 04:21     A Groupe de réflexion de réflexion sur le devenir des Comores     C 0 messages


Nous vous interpellons depuis Mayotte afin de vous exhorter à prendre la mesure de la situation qui prévaut ici et à définir un plan d’action clair concernant l’occupation de l’île comorienne de Mayotte par la France.

Chaque jour, nos frères sont agressés verbalement, physiquement, au mépris de leur vie quotidienne, au mépris du droit international et du droit français lui-même.
Chaque jour leur dignité est bafouée par des mesures, des actes, qui les déshumanisent : séparation de familles, rafles à tout moment : en pleine nuit, à l’heure de la première prière du matin, et partout : à domicile, devant les écoles, dans les mosquées, les centres de santé, dans les champs, sur le bord des routes.

Chaque jour, les gens guettent, fuient, sont agressés par des forces qui se déguisent, qui utilisent des véhicules banalisés, qui menottent et qui vont jusqu’à frapper…

Les chiffres des “reconduites“ atteignent des records inégalés : le monde accepterait il que plus de 8 millions de personnes soient “reconduites“ aux frontières de l’Hexagone (en proportion c’est ce que représentent les 25.000 reconduites de Mayotte en 2010) ?

En conséquence, nous vous engageons à :

* ne pas relâcher la pression sur la communauté internationale (continuer à travailler pour constituer un véritable lobbying qui permettra de réinscrire la question de l’île comorienne de Mayotte à l’ordre du jour de l’Onu),

* saisir l’Union européenne au sujet de la “départementalisation“ de Mayotte,

* poursuivre la politique amorcée pour ouvrir les Comores à d’autres espaces et à d’autres alliances que celles de la France,

* dresser un état des lieux sans concession concernant la dépendance réelle des Comores vis-à-vis de la France dans tous les domaines, afin de mesurer la possibilité pour le pays de s’affranchir des menaces françaises qui l’obligent trop souvent à se renier. Le contexte international actuel limite assurément la marge de manoeuvre de petits pays comme le nôtre, toutefois certaines mesures sont à la portée d’un président profondément patriote

* refuser au sein du gouvernement, toute prise de position, toute initiative qui pourrait remettre en question l’intégrité territoriale des Comores et discréditer la détermination de l’Etat,

* instaurer une vigilance de tous les instants pour que Mayotte reste partie intégrante du pays et soit vivante dans les esprits de tous les Comoriens au quotidien,

* privilégier la logique nationale quels que soient les enjeux en présence (un Comorien ayant commis un crime à Mayotte, territoire comorien, doit être jugé par la justice comorienne et il ne saurait être question d’extradition),

* supprimer tout ce qui entretient la confusion sur la perception des frontières (taxes spécifiques, visa de sortie vers Mayotte), sur l’identité géographique du pays (absence de Mayotte sur certaines cartes des Comores),

* analyser avec vigilance les actions proposées à titre culturel ou humanitaire mais qui débouchent en réalité sur une collaboration favorable à la politique française d’occupation de Mayotte (projet d’implantation de structures associatives destinées à traiter le cas des mineurs isolés revenus sur Anjouan,…),

* oeuvrer dans tout l’archipel à la sécurisation de tous les déplacements en mer en imposant des règles fermes pour tous (gilets de sauvetage et moyen de communication),

* mettre en place une réelle politique de suivi de la question des “reconduits“ (instaurer des cellules d’écoute et d’accueil afin de pouvoir constituer un dossier qui permettra la saisie du tribunal pénal international pour crime contre l’humanité commis par la France au titre du déplacement forcé de populations depuis maintenant quinze ans),

* à défaut de pouvoir empêcher, au moins pour le moment, les "reconduites" mettre en place une politique claire, ferme et durable pour refuser toutes celles qui portent atteinte encore davantage à la dignité humaine (personnes à peine vêtues), et toutes celles qui ne respectent même pas le droit français (mineurs sans leurs parents),

* mettre en place au titre de l’Etat une action pour rendre leur visibilité à tous les morts en mer victimes de l’occupation de Mayotte (monument de type mémorial comportant les noms de tous les disparus recensés - édifié sur le point culminant d’Anjouan d’où l’on voit les trois autres îles des Comores).

A terme, cette politique aussi bien internationale qu’intérieure devra conduire à un rapport de force qui se concrétisera d’abord par l’interdiction à tout moyen de transport immatriculé aux Comores ou possédé par un Comorien de transporter des “reconduits“, puis par l’arrêt pur et simple des entrées de “reconduits” aux Comores.

Ce n’est qu’ainsi que les Comores pourront contraindre la France à accepter l’abolition du visa Balladur, et à ouvrir de réelles négociations concernant le statut de Mayotte. Faute d’une telle politique, la montée de la violence générée par les forces d’occupation à Mayotte et la pression engendrée par la dignité bafouée quotidiennement déboucheront inévitablement sur des modes d’expression aux lourdes conséquences.

Il est urgent d’agir !

Le Groupe de réflexion de réflexion sur le devenir des Comores (Grdc),

15 décembre 2010