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Îles Éparses, la France s’obstine contre le droit international

D 28 décembre 2014     H 17:09     A Parti Communiste Français     C 0 messages


A la veille de l’indépendance de Madagascar, l’État français a refusé de lui rendre les îles Éparses.

L’île Europa, Bassas da India, Juan de Nova et les îles Glorieuses sont situées dans le canal du Mozambique. L’île Tromelin est dans l’océan indien entre Madagascar et l’île Maurice. Elle est revendiquée par cette dernière.
En 1960, pour le Général de Gaulle l’intérêt des îles était stratégique et militaire. Aujourd’hui, les richesses du sous-sol marin, des réserves immenses de pétrole et de gaz, sont au cœur de toutes les attentions.
Unilatéralement, la France a légiféré en février 2007 pour intégrer les îles éparses au sein des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF - 5e district).

Contre le droit international, l’État français poursuit une politique du fait accompli visant à coloniser ces territoires qui ne lui appartiennent pas. Les citoyens français n’en sont pas informés. C’est en toute discrétion que Paris avance ses pions.

Pourtant, il y a 35 ans, l’Organisation de l’unité africaine réclamait déjà la rétrocession des îles.

En 1979, l’assemblée générale de l’ONU demandait à la France d’entamer « sans plus tarder des négociations avec le gouvernement malgache en vue de la réintégration des îles qui avaient été séparées arbitrairement de Madagascar ».

Aujourd’hui, les îles sont placées sous l’autorité de l’administration françaises et des installations militaires ont été développées. Depuis 2005, des prospections d’hydrocarbures sont autorisées. L’environnement marin et l’écosystème des îlots sont fragiles. Cette riche biodiversité sera exposée aux risque de pollution si les activités de forage off-shore se développent.
Au lieu de tenter d’apporter une réponse s’inscrivant dans le respect du droit international, les autorités françaises opèrent une ultime manœuvre en proposant au gouvernement malgache une « co-gestion » des îles. De quoi s’agit-il ? Un tel accord a été conclu avec l’île Maurice concernant Tromelin. Paris faisait miroiter des contreparties, sonnantes et trébuchantes. Il y a la promesse de participer au financement du développement de Madagascar.

Cela ressemble à un marché de dupe : un deal en quelque sorte pour faire main-basse sur les îles, à moindre coût...

Au nom de quel droit ? Les citoyens français et malgaches sont tenus à l’écart de telles tractations. Les décisions se font à huis-clos, entre Paris et Antananarivo. Pourtant, il y aurait besoin d’un large débat sur notre conception vis à vis du droit, sur la préservation d’un environnement riche et fragile. Sur l’opportunité et les conséquences de forages d’hydrocarbures, et le cas échéant sur la destination des richesses issues du sous-sol. Qui devrait en profiter, et comment les partager ? La Commission de l’océan Indien (COI), organisation intergouvernementale réunissant cinq pays de la région Océan Indien occidental (Union des Comores, France - au titre du département de La Réunion - Madagascar, Maurice, Seychelles) pourrait être un cadre de discussion à cet effet.

Nous le voyons, ce problème dépasse largement celui de quelques autorités franco-malgaches. Il concerne les peuples. Le peuple français qui doit avoir la maîtrise des décisions. Le peuple malgache à qui appartiennent les îles, mais également les Nations-unies sans qui il n’y a pas de droit international respecté.

Pour toutes ces raisons, le Parti communiste français appelle au débat et soutient la revendication de souveraineté du peuple malgache.

Au piège de la « co-gestion », déséquilibrée par définition, nous opposons une logique de restitution des îles éparses à Madagascar dans un processus accompagné par les Nations Unies et la COI. La France aurait tout à gagner à veiller au respect des règles internationales, à condition de commencer par les appliquer elle-même dans la sous-région. Sans attendre, notre pays pourrait engager une démarche de coopération mutuellement avantageuse, participer à aider à bâtir des projets régionaux de développement durable et à préserver les ressources naturelles dont les populations de l’Indianocéanie dépendent fortement. Le territoire de La Réunion pourrait être pleinement partie prenante d’une telle démarche.