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Madagascar : Opacité et mendicité au menu

D 7 avril 2016     H 05:28     A     C 0 messages


L’observatoire de la vie publique, Sefafi, a dit tout haut ce que tout le monde, du moins la population, pense tout bas : l’organisation du Sommet de la francophonie, notamment le côté financier se fait dans l’opacité totale. Sans oublier que les éventuelles retombées de ce Sommet ne sont pas forcément au bénéfice de la population mais aux dirigeants et leurs proches. Selon le Sefafi, « les informations sur les coûts éventuels de la tenue du Sommet sont confuses et fragmentaires.

On sait que la loi de finances 2016 lui alloue 20 milliards d’Ariary. À quoi correspond pareille somme ? À l’équivalent, voire au double, du budget de plusieurs ministères, et pour toute l’année 2016. Si l’on se réfère aux frais de fonctionnement de la SAMVA, réputée nécessiter 400 millions d’Ariary par mois, cela représente 4 ans de collecte des déchets de la ville d’Antananarivo ; ou d’après le ministre des Travaux publics, à deux fois le montant réservé à la réparation de 32 kilomètres de rues de la capitale (à supposer que ce soit réalisé) ; ou encore à une petite moitié du budget du Fonds d’Entretien Routier pour toute l’année 2016 et pour tout Madagascar (environ 46 milliards d’Ariary).

Comme la transparence n’est toujours pas de mise, le citoyen se voit contraint d’éplucher la presse pour en savoir davantage ». Or, la presse elle-même peine à trouver des informations sans parler de la menace directe ou indirecte des tenants du pouvoir à son endroit.

Selon toujours le Sefafi « à lire la même loi de finances 2016, cette allocation semble correspondre à la ligne « Opérations d’Investissement (PIP) » de la Présidence. On entrevoit déjà cette dernière investir dans l’organisation de galas et payer les émoluments des experts israéliens en sécurité. Les 20 milliards d’Ariary ne concernent donc pas les budgets de ministères clés tels que le MEPATE (Ministère d’État en charge des Projets présidentiels, de l’Aménagement du territoire et de l’Équipement) : son budget passe de 75 milliards d’Ariary en 2015 à 206 milliards en 2016 - dont environ 144 millions d’Ariary pour les « infrastructures et équipements ». De même, le budget du ministère des Transports a presque quadruplé (29 milliards Ar en 2015, 113 milliards en 2016).

Ces fortes augmentations s’expliquent peut-être par le fait que ces deux ministères sont les porte-fanions du projet aéroportuaire et des infrastructures comme le Village de la Francophonie et l’Hôtel 5 Étoiles d’Ivato. »

De même, le Sefafi note que « le coût du Village de la francophonie d’Andohatapenaka ainsi que celui de rénovation et de l’équipement de l’Hôpital Manara-penitra à Andohatapenaka sont inconnus. A quels prix, dissimulés par des montages parfois hasardeux de projets de Partenariat Public-Privé (PPP), ces travaux verront-ils le jour ?

Qu’en est-il vraiment des infrastructures, censées être les seules retombées pour la population ? Plusieurs bailleurs potentiels de la famille de la Francophonie se sont empressés d’annoncer que leur soutien sera limité à « la logistique, au protocolaire et au sécuritaire », ce qui exclut les infrastructures note le Sefafi. « le coût d’un nouveau terminal international à l’aéroport, dont la première pierre a été posée en grandes pompes le 9 juin 2015, est estimé à 150 millions d’Euros, soit 525 milliards d’Ariary.

Même si les investisseurs apportent la majorité de cette somme, ils la récupéreront sur les redevances et autres frais payables par nous, les voyageurs. Par contre, l’État peine à décaisser des sommes relativement minimes auprès des instances internationales : 40 millions USD seulement auprès du FMI et 11,5 millions d’Euros (sur 13 disponibles) auprès de l’Union Européenne.

Le Sefafi dénonce cette attitude des nos dirigeants qui ne ratent aucune occasion pour mendier, et toujours mendier - mangataka, mangataka foana. C’est une honte pour le pays !

Finalement, seul un nombre restreint de bénéficiaires profitera de ce sommet d’une semaine : les dirigeants, peut-être, mais surtout les affairistes en tout genre. Les hôteliers et restaurateurs peut-être, les concessionnaires de véhicules, les agences évènementielles et leurs jeunes hôtesses, sans oublier les repreneurs des résidences de luxe du complexe Voara.

Mirana Rabakoniaina

Source http://www.madagascar-tribune.com