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Six militants socialistes zimbabwéens condamnés

D 21 mars 2012     H 17:18     A     C 0 messages


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Le 21 mars. Les 6 camarades de l’ISO Zim ont écopé 2 ans de prison avec sursis, 420 heures de travaux d’intérêt général et une amende - une demi-victoire au vu de ce que demandait la proséction (une peine de 10 ans ferme), mais une décision scandaleuse quand même. Le régime de Mugabe veut clairement faire taire des opposants courageux et coriaces.
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Six militants socialistes ont été condamnés lundi au Zimbabwe pour « incitation aux troubles à l’ordre public ». Environ 160 supporters ont exprimé leur indignation dans la galerie du tribunal.

Les six hommes avaient été arrêtés en février 2011 lors d’une réunion de l’International Socialist Organization au cours de laquelle étaient diffusées des images du Printemps arabe. Ils débattaient des « leçons » à tirer des révoltes mais le procureur a estimé qu’ils préparaient un soulèvement similaire.

A l’annonce de la condamnation, des centaines de militants ont manifesté devant la cour. Beaucoup d’entre eux se sont dits choqués par le verdict, le dossier de l’accusation semblant s’effondrer en raison du manque de preuves.

Les six hommes ont l’intention de faire appel et des militants du monde entier se mobilisent contre ce simulacre de justice.

Le principal condamné est Munyaradzi Gwisai, un ancien député de l’opposition. Ses co-accusés sont Tafadzwa Choto, Tatenda Mombeyarara, Edson Chakuma, Hopewell Gumbo et Welcome Zimuto.

Munyaradzi a dit à la Cour que les accusations étaient « complètement idiotes » et qu’il s’agissait d’une affaire de « harcèlement politique par l’Etat ».

Le principal témoin de l’accusation est un policier qui avait espionné la réunion. Il a déclaré sous serment s’appeler Jonathan Shoko et faire partie de la police criminelle.

Mais les avocats de la défense ont dévoilé qu’il se nommait en réalité Rodwell Chitiyo et qu’il faisait partie de la très redoutée police secrète, l’organisation centrale de renseignement.

Même le journal Herald, financé par l’Etat, a considéré qu’il n’était pas un témoin crédible et que son témoignage avait des failles.

La défense a plaidé pour que l’affaire soit classée car il n’y avait aucune preuve mais le tribunal a décidé de poursuivre le procès.

« Le soulèvement est allé bien au-delà de la phase de planification. Ils s’étaient mis d’accord sur la date (1er mars 2011), le lieu (Square de l’Unité africaine), les méthodes de communication (email, SMS) », a estimé le procureur.

« Le crime était complet à ce stade », a-t-il ajouté.

Les six militants encourent une peine de 10 ans de prison et une amende de 2.000 dollars. Leur peine sera prononcée demain (mardi).

Le verdict est un exemple de la répression menée par le régime du dictateur Robert Mugabe qui craint que la vague de révoltes au Maghreb et au Moyen-Orient ne s’étende au sud de l’Afrique.

La police avait fait irruption dans un meeting de l’ISO à Harare, la capitale du Zimbabwe, le 19 février 2011. Les participants avaient visionné des reportages sur les révolutions en Egypte et en Tunisie et avaient organisé un débat.

La réunion devait également rendre hommage à Navigator Mungoni, un militant de la lutte contre le sida et membre de l’ISO décédé.

Les accusations originales de trahison, qui auraient pu leur valoir la peine de mort, avaient été abandonnées.

La majorité des personnes arrêtées lors de la réunion avaient été emprisonnées et torturées. « Nous avons été battus et mon nez a été cassé. D’autres ont eu diverses blessures selon l’instrument utilisé et la partie du corps visée », a déclaré Hopewell Gumbo.

Lors de leur détention, des soins médicaux ont été refusés aux militants, y compris les personnes séropositives. L’un d’entre eux, David Mpatsi, est décédé depuis.

Trente-neuf personnes avaient finalement été relaxées.