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Cameroun : Dépénaliser les pratiques homosexuelles

D 20 août 2010     H 05:24     A     C 0 messages


(New York, le 19 août 2010) - Le Cameroun doit dépénaliser les pratiques sexuelles entre adultes consentants de même sexe, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et Alternatives-Cameroun. Les deux organisations demandent au gouvernement camerounais d’appliquer, sans délai, les recommandations du Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies, publiées le 29 juillet 2010, dans la perspective de rendre la loi camerounaise conforme au Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PICDP).

Depuis 2005, Alternatives-Cameroun, Human Rights Watch et d’autres organisations camerounaises et internationales dénoncent les abus et violences dont sont victimes les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) au Cameroun. Des hommes soupçonnés d’être homosexuels sont arrêtés et battus sur l’abdomen, la tête, voire la plante des pieds, pendant qu’ils sont en garde à vue. Toute femme suspectée d’être lesbienne est victime de violence au sein de sa famille. Dans certains cas, elle est forcée à quitter son domicile et perd la garde de ses enfants.

« Le Cameroun doit assurer aux personnes lesbiennes, gay, bisexuelles et transgenres les mêmes droits qu’à tout autre citoyen », a déclaré Boris Dittrich, directeur chargé du plaidoyer pour le programme Droits LGBT à Human Rights Watch. « Il n’existe aucune raison pour laquelle une personne devra vivre dans la peur d’être poursuivie en justice ou abusée à cause de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. »

Dans une déclaration faite le 12 juillet auprès du Comité des Droits l’Homme des Nations Unies, Alternatives-Cameroun et Human Rights Watch ont dénoncé les violations et abus subis par des Camerounais sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. Les deux organisations ont informé le Comité du fait qu’au Cameroun, les programmes de prévention du VIH ne prévoient aucun service ni à l’égard des hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes, ni pour les femmes qui ont des relations sexuelles avec d’autres femmes. Alternatives-Cameroun a également découvert dans ses activités quotidiennes que la pénalisation est une barrière à l’accès de ces personnes aux services de santé, aux traitements et aux soins.

Le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies a donc recommandé au gouvernement camerounais de mettre fin aux préjudices sociaux et à la stigmatisation dont sont victimes les personnes LGBT et d’adopter des programmes de santé publique « d’une portée universelle et qui assurent un accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à la prise en charge du VIH/SIDA ». Human Rights Watch et Alternatives-Cameroun insistent sur l’application de cette recommandation par le gouvernement camerounais.

« L’application de cette recommandation constitue le strict minimum dans la réalisation des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution nationale » a déclaré Steave Nemande, président d’Alternatives-Cameroun. « Pour sauver des vies, le gouvernement gagnerait à développer, sans tarder, des programmes efficaces de sensibilisation dans la lutte contre le VIH/SIDA. »

Le Cameroun est signataire du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques dont les articles 2 et 26 affirment, respectivement, le droit à un traitement égal et le droit à une protection égale devant le loi, sans discrimination aucune. Le Comité des Droits de l’Homme des Nations unies, ayant l’autorité d’interpréter le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques et de suivre la mise en pratique par les Etats membres des dispositions dudit Pacte, a affirmé dans sa décision sur l’affaire Toonen contre l’Australie (1994) que l’orientation sexuelle est incluse dans les protections contre la discrimination sous les articles 2 et 26.