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Cameroun : La situation du pays est critique mais pas désespérée.

MESSAGE DE NOUVEL AN 2013

D 6 janvier 2013     H 05:48     A UPC     C 1 messages


Mesdames et Messieurs,

Chers compatriotes

L’année 2012 a été une année de lutte.

Les Kamerunais de plusieurs couches sociales, de plusieurs catégories sociales ont manifesté leur mécontentement et le besoin de voir leur condition de vie s’améliorer.

Rappelons-nous : au Chantier Naval et Industriel du Cameroun (CNIC), au Cameroon Tee Estate, à l’Université de Buéa, devant la primature ou le palais des congrès à Yaoundé, à Sitrafer, à Ndokoti et à Deïdo-Douala, dans les plantations de Nyété, à Garoua, à Loum, à Angossas, dans toutes les régions du pays, des voix ont tonné !

La plupart de ces mouvements ont contraint les autorités administratives et professionnelles à bouger un peu. Le journal « Luttes Populaires » édité par le département presse et communication de l’UPC en a fait l’écho tout au long de l’année, en relevant très opportunément que la lutte déterminée paie toujours. Pour preuve, la levée de boucliers a empêché une augmentation imminente du prix des carburants à la pompe qui aurait enfoncé un peu plus les couches populaires déjà bien en difficulté.
L’UPC salue cet état d’esprit que notre message de fin d’année dernière appelait comme un vœu salutaire.

Mais il faut se rendre à l’évidence : la vie reste bien précaire et la préparation des prochaines élections inquiète.

Le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) reste ridiculement fixé à 28 000 FCFA. De sources bien informées, les travailleurs dans le pays ont produit 5.8% de richesse de plus qu’en 2011 ; mais les salaires n’ont pas connu d’augmentation. Qui va donc dire comment les 13 488 milliards ainsi produits ont été répartis ? Le règne des forces de l’argent constituées d’une poignée de personnes est en effet sans partage. La Justice du pays continue d’être la risée des observateurs sérieux. A titre d’exemple, la Cour d’Appel du Littoral contre toute logique, a rejeté les exceptions présentées par la défense de l’UPC à propos du ridicule procès sur l’utilisation du sigle « protégé » à l’OAPI par Kodock Bayiha et ses héritiers.

La loi électorale reste inique et Elecam est toujours en charge de l’organisation des élections malgré son incurie, malgré le rejet et l’indifférence de la population à venir s’inscrire sur les listes électorales.

Pour l’essentiel donc, le pouvoir insolent et destructeur de Paul Biya ne cède rien.

La grande question demeure : que faire ?

2013 pourrait être d’abord une année électorale.

Même si le pouvoir Rdpc a dévoyé ce mode d’expression du peuple, de peur d’être sanctionné, lui-même, son équipe et leur politique de misère, les élections sont importantes.
Le peuple kamerunais traîne les pieds pour s’inscrire sur les listes électorales. Il a raison ! Rien du tout ne rassure dans cette opération malgré l’apport technologique de la biométrie. Aux questions posées et dont les réponses pourraient ramener la confiance et la sérénité, le pouvoir répond par une de ses boutades favorites : « le chien aboie, la caravane passe ! ».

Tous les efforts de propositions, de médiation, et même de menaces fondées ou non, buttent sur l’intransigeance, la suffisance du pouvoir Rdpc et une certaine insouciance complice de ses supporters.

N’y a-t-il pas lieu d’être inquiet ? Faut-il croire qu’il ne reste que le préambule de la Constitution de la République du Cameroun qui donne le droit à la révolte comme recours ultime ? A moins que M. Biya et son groupe dirigeant soient persuadés d’avoir détruit cette fois pour de bon, toute velléité de réaction sérieuse de la part du peuple kamerunais ?

Il ne faut pas jouer avec le feu !

Les conditions sont pourtant réunies pour que le Kamerun se dote enfin d’un système électoral démocratique, capable de montrer la pleine mesure des potentialités dont dispose notre pays.

Les upécistes fidèles sont de ce combat. La campagne pour la déchéance d’Elecam doit être l’affaire de tous ceux qui aiment encore notre pays. Elle doit être une lutte acharnée tout au long de l’année 2103.

Elle doit aboutir !

Toutes les initiatives allant dans le sens d’empêcher le pouvoir d’organiser les élections seul ou par Elecam interposé, doivent être encouragées.
L’UPC remercie les milliers de kamerunais qui ont déjà signé la pétition initiée pour exiger la déchéance d’Elecam. Elle appelle d’autres milliers, dizaines et centaines de milliers de kamerunais pour se joindre à ce vaste cri de protestation.

Ensuite, notre proposition pour la mise en place d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) est actualisée ; elle est désormais publique. Elle interpelle tout kamerunais de bonne foi qui se soucie du devenir de notre pays ; l’UPC vous convie à l’examiner avec attention. Pour notre part, nous restons en effet convaincus que malgré le degré de déliquescence de notre société, l’on peut encore trouver aujourd’hui, environ 25 personnalités désignées de manière consensuelle, capables de se mettre au-dessus de l’intérêt partisan pour conduire de manière juste et transparente les élections dans notre pays.

Le peuple kamerunais doit ainsi continuer de refuser que son droit à des élections justes et équitables soit bafoué. Dans le contexte actuel, c’est la seule voie capable d’éviter au pays, de nouveaux drames, alors même que des séquelles de conflits précédents ne sont pas réparées.

C’est l’enjeu majeur pour cette année 2013. Il faut que cette juste revendication aboutisse Tout est encore possible !

En 2013 la vie va également se poursuivre avec toutes les luttes quotidiennes pour la survie dans un environnement marqué par la précarité des couches populaires et la politique de désengagement de l’Etat.

La Loi de finances 2013 qui vient d’être votée par l’Assemblée nationale prévoit un accroissement du PIB de 6.1% ; c’est-à-dire environ 1000 milliards de FCFA. Mais la même loi ne prévoit pas un franc CFA de plus pour les salaires des quelques employés encore en service. Le gros des troupes, près de 90% de la population active, est constitué de sans-emploi et autres débrouillards dont on a depuis longtemps arrêté de se soucier sauf pour élargir l’assiette fiscale.

Les « chantiers des grandes réalisations » se félicitent de SMIG sectoriels améliorés et négociés, à grand renfort de publicité. Ils sont moins fiers après les dénonciations de la Conac à propos des milliards volés sur les indemnisations, à peine au début effectif des travaux. A quelle sauce vont encore être mangés les travailleurs et les villageois de ces localités. Et puis, après ces chantiers, « on fait comment » ?

La corbeille des problèmes brûlants déborde littéralement :

 Où en est-on avec la sécurité sociale pour tous les kamerunais ?

 L’occupation des terres cultivables va-t-elle se conclure par la confiscation que de soi-disant élites véreuses, associées à des Ong bien ciblées exercent sur les terres disponibles ; par l’annonce récente du Gicam à savoir « un patron, une plantation » ; enfin par l’expropriation suivie de la délocalisation ou la prolétarisation des populations villageoises ?

 Qui tranchera le langage de sourds entre les responsables du ministère du commerce apparemment rassurés sur le marché des vivres et le panier de la ménagère constamment pris dans l’étau entre la rareté des produits de première nécessité et les prix qui sont incontrôlables.

 Les accidents sur les routes n’épargnent aucune famille ; allons-nous nous satisfaire des « démonstrations burlesques » télévisées du ministre des transports ?

 Les récentes inondations dans les régions septentrionales du pays ont rappelé à la nation toute entière les conditions de précarité et d’incertitude dans lesquelles vivent les populations de ces localités, sans un véritable plan d’aménagement capable de gérer de manière durable ce phénomène récurrent ; allons-nous encore nous contenter de quelques grains de riz et de belles promesses électoralistes ?

 La Cour Suprême du pays et la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) sont saisis du procès ridicule de 2004 que continuent d’entretenir les héritiers de Kodock Bahiya ; faudra-t-il maintenir une faible mobilisation devant une injustice aussi criarde ?

 Le pouvoir n’a toujours pas procédé à sa célébration du cinquantenaire de la Réunification après plusieurs annonces et des dépenses inutiles. Les démocrates et patriotes kamerunais ne doivent pas céder à cette provocation de plus et se concentrer sur les véritables enjeux politiques du moment.

 La diaspora kamerunaise, particulièrement en Afrique, a mal d’une présence toujours trop discrète, sans proportion avec les atouts qu’offre notre pays. Qu’en sera-t-il en 2013 ?

Non ! Il faudra encore se battre pour gagner un sous de plus, pour manger et faire manger sa petite famille, pour refuser l’arbitraire et l’injustice, pour éviter de plonger dans les mailles de l’insécurité, pour réclamer un peu d’eau potable, c’est-à-dire en fait, pour survivre.

L’année 2013 sera donc encore une année de lutte. Les upécistes seront encore de ces combats-là.

Notre position est que c’est l’action conjuguée de ces luttes quotidiennes avec la conquête d’un processus électoral démocratique qui constituent la clé du changement dont a besoin notre pays, aujourd’hui.

Nous redoublerons d’effort pour mieux nous organiser. Nous resterons disponibles pour nous associer aux autres efforts de lutte effective. Notre journal « Luttes Populaires » continuera plus qu’en 2012 à se faire l’écho des luttes à travers le pays pour l’amélioration des conditions de vie des kamerunais.

L’UPC demande également à chaque kamerunais de participer à ces luttes. Chacun peut faire quelque chose et au moins ne pas rester indifférent à ce qui se passe. Chacun peut faire quelque chose pour contribuer à refuser la culture de l’injustice et de l’impunité, dans la famille, dans son quartier, au travail, dans l’association, au syndicat, dans le parti, partout.

C’est à ce prix qu’ensemble nous changerons positivement notre pays et que des générations auront droit à une vie décente.

« Un autre Kamerun est possible, d’autres choix sont nécessaires »

Le Peuple kamerunais vaincra !

Bonne Année 2013 à vous tous !

Douala, le 31 Décembre 2012.

NDEMA SAME Alexis

Président de l’UPC

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