Vous êtes ici : Accueil » Afrique centrale » Centrafrique » Les services de santé toujours perturbés en République centrafricaine

Les services de santé toujours perturbés en République centrafricaine

D 25 février 2013     H 05:48     A IRIN     C 0 messages


NAIROBI - Selon les organisations d’aide humanitaire, malgré un retour au calme relatif depuis l’accord de paix du 11 janvier, l’accès aux soins de santé reste difficile dans certaines régions de la République centrafricaine (RCA) contrôlées par l’alliance rebelle Séléka. Ces régions manquent notamment de personnel de santé et de fournitures médicales.

« Pour l’instant, la capacité d’intervention des ONG [organisations non gouvernementales] en matière de santé est insuffisante. De nombreux endroits sont sous le contrôle des rebelles et les services de santé y sont perturbés. L’accès aux soins de santé payants est également restreint dans bien des lieux », a dit à IRIN Ellen Van Der Velden, chef de mission de Médecins Sans Frontières (MSF) en RCA.

« Là où les soins de santé sont disponibles, les patients doivent payer. Le trafic commercial étant impossible dans les régions sous le contrôle des rebelles, on peut supposer que moins de personnes peuvent supporter ces frais qu’avant. »

De nombreux professionnels de la santé des régions sous le contrôle de la Séléka n’ont pas repris le travail. Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), cela « affecte les prestations de services de santé vitaux ». Le rapport ajoute que « les centres de santé en dehors des plus grandes villes sont à court de médicaments » [ http://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/OCHA_Situation_Report_%205_CAR_4%20February%20ENG.pdf ].

Mme Van Der Velden, de MSF, est du même avis : « Les gens commencent à retourner avec crainte dans leurs villages ou villes d’origine et les centres de santé qui disposent des fournitures nécessaires - soit parce qu’elles datent d’avant la crise, soit parce qu’elles ont été fournies par des ONG qui étaient de passage pour évaluer la situation - ont à nouveau ouvert leurs portes. Certains centres font par contre face à une pénurie de fournitures due à une demande supérieure à l’offre et l’on craint que d’autres aient été pillés. »

MSF intervient toujours dans les zones sous contrôle des rebelles de Ndélé, Kabo et Batangafo et, depuis plus récemment dans les régions de Damara et de Sibut.

La RCA est marquée par des besoins humanitaires chroniques. Les manques en matière de santé étaient déjà criants avant le conflit et le sont encore plus aujourd’hui.

« La quantité et la qualité des prestations de soins de santé étaient déjà insuffisantes et ont encore régressé. Le fait que les patients doivent payer leurs soins est d’autant plus accablant pour les populations que les opportunités de commerce ou d’autres activités rémunératrices sont plus limitées en raison de la présence des rebelles », a dit Mme Van Der Velden.

Fortes tensions

Selon le Centre de surveillance des déplacements internes [ http://www.internal-displacement.org/idmc/website/news.nsf/%28httpIDPNewsAlerts%29/890CA85299122A6CC1257B0B0053C222?OpenDocument#anchor0 ] (IDMC), malgré l’accord de paix signé à Libreville, au Gabon, qui a mis fin au conflit [ http://www.irinnews.org/Report/97085/CENTRAL-AFRICAN-REPUBLIC-Hundreds-flee-as-rebels-advance ] qui durait depuis un mois, les tensions demeurent fortes dans les régions touchées par la présence de rebelles.

La formation d’un gouvernement d’unité nationale plusieurs semaines plus tard s’est par ailleurs heurtée à une certaine résistance de la part des rebelles, a remarqué l’IDMC. « Des témoignages d’attaques armées dans le pays [ont] conduit à des accusations de violation du cessez-le-feu de la part de certains membres de la coalition rebelle ».

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré le 8 février dans un communiqué que des milliers d’habitants de la RCA vivaient dans l’incertitude. « Des affrontements pourraient éclater et de nombreux habitants sont toujours déplacés et ne savent pas s’ils doivent rentrer chez eux » [ http://www.icrcvideonewsroom.org/content/open.asp?ID=1917u6g.897068b80210m1lb.62&category=Africa ].

« Les effets de l’accord de Libreville ne se font pas sentir sur le terrain. Il n’y a pas de réseau téléphonique. Les gens ne sont pas au courant de ce qui se passe ni du contenu des pourparlers. C’est comme s’il n’y avait pas eu d’accord de paix », a ajouté Gabriel Mukalai, du CICR.

Au plus fort du conflit de décembre et janvier, au moins 80 000 personnes ont été déplacées. « Si certains, qui avaient fui Ndélé, sont rentrés, la plupart ont peur de retourner chez eux à cause de l’insécurité », a remarqué l’IDMC.

Selon l’IDMC, les nouveaux déplacés sont venus s’ajouter aux 52 000 personnes qui avaient déjà fui en raison de tensions ethniques, de la présence de mouvements criminels, des actions du groupe rebelle ougandais Armée de résistance du seigneur et du conflit qui avait secoué le pays avant 2008.

Ndélé, qui se trouve au nord-est du pays, a été la première ville attaquée par les rebelles de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), le 10 décembre 2012, avant que ce mouvement ne forme l’alliance Séléka avec les rebelles de la Convention patriotique pour le Salut Wa Kodro (CSPK) et de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Les autres zones touchées sont Sam Ouandja, Bamingui, Kabo, Batangafo, Kaga Bandoro, Ippy, Bambari, Bria et Sibut.

Source : http://www.irinnews.org/