Vous êtes ici : Accueil » Afrique centrale » Congo Brazzaville » Congo Brazzaville : La Régression Sociale 50 ans après l’indépendance

Congo Brazzaville : La Régression Sociale 50 ans après l’indépendance

D 3 septembre 2010     H 05:28     A Ange Marie MALANDA     C 0 messages


Mes dames messieurs
En lisant le discours du président de la République, président du conseil des ministres, président du conseil supérieur de la magistrature, chef de l’Etat, chef du gouvernement, et chef suprême des armées en ce courant du mois d’aout sur l’Etat de la nation, j’ai compris que le président de la République n’est pas celui qui va avec l’appui de son peuple sortir notre pays de la débâcle sociale, économique et politique.

Il passe son temps à vanter son bilan ces dernières années pendant que les indicateurs de qualité de vie sans effort d’analyse contredisent les propos du chef de l’Etat. Dans sa nouvelle espérance le chef de l’Etat avait pris l’engagement de diversifier notre base économique, aujourd’hui l’économie nationale se repose sur l’exploitation des hydrocarbures et du bois.

Malgré son discours fleuve les délestages de courant électrique ou les coupures d’eau au niveau de Brazzaville ou Pointe-Noire ne font aucun doute. Accession à l’initiative PPTE n’est qu’un avatar du même acabit que les PASR qui consiste une fois encore à aliéner notre souveraineté en faveur des institutions financières internationales à la solde de l’impérialisme et donc de nos maîtres d’hier après avoir fêté le cinquantenaire de l’indépendance !

Certes vrai qu’avec la hausse du baril à $ 85 d’ici là, les finances publiques s’améliorent mécaniquement puisque c’est ça la logique rentière ! Même si les indicateurs s’améliorent sans effort d’assainissement le président de la République nous a démontré qu’il n’est non pas là pour l’amélioration de la qualité de vie mais pour défaire le pays pendant que nous nous sommes battus nous Africains pour dénoncer ici en France le rôle positif de la colonisation, son excellence, le génie de M’pila le raïs de Brazzaville, le shah d’Oyo et le maître du Congo a bâti un musée à la gloire de SAVORGNAN de BRAZZA ! Il prouve qu’il ne peut en aucun cas vouloir l’indépendance du Congo puis qu’il est au service de ses maîtres.

Je vais vous présenter la réalité chiffrée au-delà du discours du raïs : il n y a pas de doute que les conditions de vie de nos compatriotes se sont largement dégradées même si le P.I.B per capita du Congo ne cesse de croître le pays va mal.

En dehors du pétrole, le bois et le manioc la production périclite nous sommes nourris de l’extérieur et le pays est un déversoir de tous les déchets avec la complicité du pouvoir.

Plus de 85% des jeunes de moins de 30 ans sont en chômages où est cette réduction de la baisse du chômage des bras valides ?

Les paysans ont perdu leurs pouvoirs d’achat et les pauvres fonctionnaires enregistrent une érosion de leur pouvoir d’achat à plus de 70% depuis la dévaluation même si le shah d’Oyo a promis faire un effort de revalorisation des revenus.

 Sans une reprise en main du secteur productif comment peut-on relancer l’économie ?

 Sans réhabilitations des outils et des équipements collectifs comment peut avancer le pays ?

 Il faut commencer par électrifier et donner de l’eau potable à tous les Congolais où que nous soyons sur le territoire.

 En 50 ans, il y a des régions qui vivent encore comme si nous étions dans la haute période médiéval. Sur 10 département, il n y a que 3 qui sont électrifiées en quoi son excellence l’homme fort de Brazzaville le génie de M’pila a fait avancer le pays ?

L’effritement de l’appareil de production a engendré la baisse des revenus et par conséquent du pouvoir d’achat bien que la rente augmente de jour le jour ; l’accès à la consommation des biens et services est réduit par manque du pouvoir d’achat de la majorité dans un pays où au-delà des potentialités, 85% des jeunes de moins de 30 ans sont en chômage.

Supposons que le cours du baril chute aujourd’hui, le Congo connaitra les turpitudes des années quatre-vingt du vingtième siècle, simplement parce que nous n’avons pas transformé la rente en force productive. Rien n’est fait pour diversifier la base économique, le Congo Brazzaville reste largement dépendant de pétrole.

Abordons la situation sanitaire : celle-ci est caractérisée par une morbidité et une mortalité élevées chez les enfants et mères porteuses. Ces dernières années nous avons assisté à la recrudescence des maladies pandémiques et endémique telles que la tuberculose, la typhoïde ou la varicelle qui déciment et tuent nos compatriotes ; la faible couverture vaccinale contribue à baisser l’espérance de vie des congolais.
L’espérance de vie des Hommes au Congo Brazzaville est passé de 52,4 ans en 1984 à 49,6 en 2002 ; celle des femmes de 54,3 ans en 1984 à 53, 7 ans en 2002.

Certes que les recommandations des institutions financières internationales (IFI) sont largement responsables de cette situation, mais ici les gouvernements SASSOU 1 ou LISSOUBA ont tous accepté sans prendre en main les secteurs prioritaires ; le non recrutement à la fonction publique dite en France hospitalière au Congo ont contribué à la détérioration des prestations avec la fermeture de nombreuses formations sanitaires près de 30% surtout à l’intérieur du pays.

A cela il faut prendre en compte la mauvaise répartition des infrastructures et l’insuffisance du personnel ainsi que le déficit abyssal des structures d’accueil.

Les effectifs du personnel sanitaire sont passés de 12 832 personnes en 1985 à 2461 personnes en 2001.

Alors si nous étions maîtres de notre souveraineté on devrait plutôt continuer à former les cadres de santé et bâtir des dispensaires, cliniques et hôpitaux mais les présidents LISSOUBA et SASSOU ont cédé aveuglement aux gourous de ces institutions financières internationales (IFI).

L’accessibilité des populations aux services de santé est limitée par la vétusté des installations et des équipements sanitaires pour ne pas dire le délabrement des infrastructures.

Le CHU de Brazzaville illustre bien mon propos ; le serment d’HYPPOCRATE y est bafoué, le lucratif a plus de valeurs que la santé du peuple le système SASSOU NGUESSO a fait de la corruption une norme d’émulation, la kleptomanie a été institutionnalisée dans les hôpitaux, à la police, la douane et dans le système éducatif sans même évoquer son ampleur au sein de la classe dirigeante ; le résultat est tel que la déontologie professionnelle ou l’éthique n’ont plus prise dans le système sanitaire.
L’éducation décline depuis 1990, le taux brut de scolarisation a chuté de 126 % en 1990 à 107% en 1996 et 49% en 1999 ; le taux de réussite aux examens malgré les fuites de matières dues à la corruption du système PCT et le droit de cuissage est faible puisqu’il n’a jamais atteint 50% depuis plus de trois décennies.

L’accès aux manuels scolaires est limité en milieu rural (1 livre pour 18 élèves et 1 livre de mathématiques pour 60 élèves) les infrastructures sont dans un état piteux. Les écoles sont sous équipées 5 élèves pour une place dans un pays producteurs de bois au primaire et 3 élèves pour une place au collège.
Au vu des chiffres qui peut dire que notre pays avance, assurément notre nation recule elle a choisi avec son excellence le président SASSOU NGUESSO une évolution qui va nous conduire dans un scénario du genre Haïti qui plus de deux cent ans après l’indépendance ploie dans la misère et vit de l’assistanat.

Le devoir d’un gouvernement est d’assurer l’intégration des populations vulnérables au processus de modernisation structurelle avec la pleine participation. Aujourd’hui on nous parle de municipalisation accélérée quand on sait que la majorité des congolais n’exerce aucune activité, que les ruraux sont abandonnés à eux-mêmes, qu’ils n’ont ni eau potable, ni électricité et médicaments pour se faire soigner n’est-ce pas une manière de se moquer du peuple ?

Promettre toujours et toujours sans agir sinon construire des buildings qui ne règlent pas les problèmes de logement de la majorité silencieuse dans nos campagnes ou zones rurales. Sur moyen terme le peuple végète dans le chômage, la famine et sans garantie du lendemain.

J’avais préconisé dans un article intitulé vaut mieux un gouvernement indépendant qu’un bon gouvernement que les fruits (rente) soient répartis équitablement entre toutes les couches de la population en apportant l’eau, l’électricité, le médicament, la route dans les terroirs et en relançant la production surtout agricole y compris les grandes plantations dans les collectivités locales ; les fruits de la croissance doivent se répercuter sur nos assiettes c’est à dire en étant certain de manger, de se soigner, de s’éduquer, de se déplacer et de dormir en tout quiétude le lendemain ; mais quand la majorité ne sait pas soit 85% si elle aura quelque chose à se mettre sous la dent demain et quand on ne peut pas acheter pour conserver puisque les délestages sont toujours légions même après le cinquantenaires. Continuer à appuyer le président SASSOU c’est choisir pour notre peuple le Chaos.
Pour que le Congo dit Brazzaville se modernise et garantisse à son peuple une meilleure qualité de vie l’Homme de masse, le génie de M’pila, celui que tous les congolais adulent pour son sens de la tactique et de l’intrigue il faut qu’il dialogue, associe et invite les ouvriers, chômeurs, artisans, cadres chercheurs et tous les congolais à s’unir pour bâtir le pays en comptant sur nos efforts parce que le salut ne viendra pas de l’initiative PPTE mais de notre volonté d’offrir à nos petits-enfants un pays libre, prospère et fort et Cela passe par la diversification de la base économique et le travail acharné.

Pour cela on doit valoriser notre potentiel en produisant et en consommant congolais pour soutenir notre économie. Le Congo Brazzaville a besoin des infrastructures, du capital humain et surtout de liberté pour sortir de ce chaos cinquante ans après la célébration parce que la régression n’a jamais été signe de bonheur bien au contraire….

Par Ange Marie MALANDA