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TCHAD : L’AVENIR EST ENTRE LES MAINS DES TRAVAILLEURS !

D 16 juin 2016     H 05:05     A Ali Mohamed Abali Marangabi     C 0 messages


Ainsi, comme il fallait s’y attendre, s’appuyant sur les structures conçues à cette effet, en l’occurrence la CENI et le Conseil Constitutionnel, qui lui sont inféodées, Idriss Déby Itno, sans le moindre scrupule, toute honte bue, n’a pas hésité à se faire proclamer vainqueur de l’élection présidentielle ! Au premier tour, et avec la manière, s’il vous plaît : nuitamment, tard le soir, presqu’en catimini, sous un quadrillage militaire hideux des principaux centres urbains du pays, N’Djaména et Moundou, notamment !

Alors que l’élection présidentielle s’était déroulée sous le signe d’un engouement populaire sans précédent, marqué par un profond désir de changement, expression d’un rejet massif de la politique des dirigeants du MPS au pouvoir depuis bientôt vingt-six ans, cette forfaiture, s’il en est encore besoin, démontre, certes, de façon éclatante, le caractère combien dictatorial de l’ordre actuel en vigueur. Mais, elle va même plus loin, au-delà des péripéties circonstancielles d’une élection : elle illustre surtout le fait que, entre le régime déchu d’Hissein Habré, - ce dictateur, ancien mentor d’Idriss Déby Itno et consorts, qui vient d’être condamné à perpétuité, à juste raison, à cause des multiples crimes commis, des années durant, sous son règne – et le pouvoir actuel, il n’y a, en réalité, aucune différence de fond. C’est, essentiellement, le même Etat, avec pratiquement les mêmes hommes, surtout au niveau des principaux leviers de commandement, et, par conséquent, les mêmes mœurs, les mêmes pratiques : culte nauséabond de personnalité, qui voudrait faire d’Idriss Déby Itno le centre incontournable de la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays, ethnisme, tribalise, régionalise, clientélisme, érigés en méthode de gouvernement et poussés à des extrêmes jamais atteints auparavant, exploitation des ressources humaines et naturelles au profit d’une minorité de parasites, dilapidation, pillage des deniers publics, arrestations arbitraires, libertés élémentaires étouffées, muselées, broyées, sous un chape dictatoriale, tous, des faits nus et têtus, qui évoquent les heures sombres de la période du parti unique sous Hissein Habré !

Protestant contre les allégations des dirigeants du MPS selon lesquelles ils auraient apporté la liberté et la démocratie dans le pays, cette forfaiture prouve plutôt, de façon éclatante, que, le 1er décembre 1990, les anciens sous-fifres d’Hissein Habré, qui ont pris le pouvoir, se sont juste contentés de l’en chasser pour continuer à faire la même politique que lui, avec le soutien de l’impérialisme français, bien sûr, mais aussi celui de la classe dirigeante d’alors, c’est-à-dire des dignitaires, des notables et autres caciques du régime déchu. Le multipartisme, la création des partis, des syndicats, d’associations, l’éclosion d’une presse indépendante, les élections, les structures étatiques, comme la CENI ou le Conseil Constitutionnel, qui viennent de faire étalage de leurs limites, toutes ces choses qu’Idriss Déby Itno a consenti à réaliser sous la pression de l’impérialisme français notamment, pour se sacrifier à l’air du temps, ne sont, somme toute, qu’un simple trompe-l’œil : derrière ces parures pseudo démocratiques, en réalité, se cache le même pouvoir d’antan, le même Etat, sous un nouvel habillage, certes, mais sans que, au fil du temps, ses métamorphoses, ses mutations, comme le renouvellement permanent de son personnel politique n’aient ni changé ni altéré sa nature profondément dictatoriale, tel que vient de le montrer le hold-up électoral réalisé par Idriss Déby Itno, en s’appuyant essentiellement sur l’armée, - dont toute l’architecture, de la hiérarchie de commandement aux échelons inférieurs en passant par les structures intermédiaires, est conçue exclusivement pour la défense de son pouvoir -, en plus du soutien indéfectible de l’impérialisme français.

Que devrait-on attendre alors de cette énième forfaiture, qui met à nu la nature dictatoriale du pouvoir actuel ? Rien ! Absolument rien qui ne soit déjà connu ! Les principaux bénéficiaires de ce hold-up électoral sont et seront les mêmes que ceux d’hier, qui, depuis des décennies, s’empiffrent, se gavent, s’engraissent grâce à l’exploitation des ressources tant humaines que naturelles du pays : il s’agit notamment des trusts et multinationales, occidentaux, asiatiques ou autres, qui ont une mainmise sur l’économie, mais aussi des valets de ces derniers, de la minorité de parasites locaux, qui constituent nos propres privilégiés, - les hommes d’affaires, tels les fameux opérateurs économiques du MPS, devenus des millionnaires et des milliardaires grâce à la surfacturation, les membres du gouvernent, les principaux responsables de l’administration, de l’armée, des grandes institutions, les députés, les maires, les dignitaires du parti au pouvoir, etc -, qui profitent tous, d’une façon ou d’une autre, des miettes qui tombent de la table à manger de la bourgeoisie mondiale, comme l’illustre le train de vie insolent qu’ils mènent dans l’un des pays les plus pauvres au monde.

Par contre, le nouveau coup de force perpétré par Idriss Déby Itno ne changera rien dans les conditions de vie des couches populaires. Pour celles-ci, comme par le passé, ce sera toujours l’exploitation, la pauvreté, la cherté de la vie, les bas salaires, le chômage, les privations des droits élémentaires, les arrestations arbitraires, comme on l’a vu dernièrement avec l’incarcération des dirigeants syndicalistes et des organisations de la société civile, dont le seul tort avait été de projeter de faire une marche, une chose tolérée par la loi, qui fait partie des mœurs naturellement vécues sous d’autres cieux, mais qui, au Tchad d’Idriss Déby Itno, pose problème ! Vu la baisse du prix du pétrole sur le marché mondial, dont le pouvoir se sert comme d’un prétexte pour quémander, mendier des aides sur la scène internationale, auprès des puissances impérialistes et autres bailleurs de fonds, il y a même de fortes chances que les conditions de vie déjà difficiles des plus démunis s’aggravent de plus en plus à cause, d’une part, des mesures d’austérité prises par le pouvoir sous le fallacieux prétexte de faire des économies et, d’autre part, des licenciements opérés par le patronat, qui vont tous s’amplifier.

Par conséquent, les travailleurs et l’ensemble des opprimés ne devraient rien attendre d’Idriss Déby Itno. Les promesses électorales faites par celui-ci ne sont qu’un leurre, un long chapelet de mensonges, dont le but est de cacher la seule et unique politique qu’il a appliquée jusqu’alors depuis vingt-six ans et qu’il va continuer à imposer : vider les bouches et les poches des pauvres et des affamés pour remplir celles des riches et des trop rassasiés, tel que le veut la loi implacable du capitalisme dont il est, avec d’autres, l’un des principaux serviteurs !

Par ailleurs, dans la situation politique actuelle, marquée par le contentieux électoral entre la dictature de Déby et les politiciens de l’opposition, les masses populaires n’auraient pas non plus intérêt à se faire des illusions par rapport à ces derniers pour sortir de l’impasse présente et accéder à de meilleures conditions de vie. Certes, les candidats désignés comme perdants ont raison de contester les résultats de l’élection présidentielle et de demander que le vote des populations soit respecté. Mais leur agenda ne pourrait en aucun cas être celui des masses opprimées car, même si, par miracle, l’un d’entre eux arrivait au pouvoir, cela n’entrainerait pas non plus des changements notables pour les couches populaires parce que, tous ces gens-là, les Déby, Kebzabo, Gali, Alhabo et autres, appartiennent, en réalité, au même monde : bien de choses les lient les uns aux autres, ils ont travaillé ensemble, sous la dictature d’Hissein Habré ou celle qui dirige aujourd’hui. Rigoureusement, ils défendent tous les mêmes intérêts, ceux des riches, des bourgeois et privilégiés tchadiens et, au-dessus de ces derniers, ceux de l’impérialisme, français, américain ou chinois. Que donc certains soient à la tête de la dictature et que d’autres dirigent une opposition parlementaire ou même armée contre celle-ci, cela ne doit pas faire illusion : ni politiquement ni socialement, ils ne sont différents les uns des autres. On l’a vu notamment lors de la campagne électorale, au cours de laquelle ils déclinaient leurs programmes politiques, qui sont fondamentalement identiques.

Alors, oui, même s’il est juste de contester le hold-up électoral réalisé par Idriss Déby Itno et ses comparses, le bras de fer actuel entre ceux-ci et certains candidats de l’opposition parlementaire ne concerne en rien les masses opprimées ! C’est un combat, sur le terrain électoral, entre les enfants d’une même famille, celle des politiciens bourgeois du pays, qui se disputent le pouvoir. Par conséquent, quelle qu’en soit l’issue, pour les travailleurs et l’ensemble des opprimés, rien de fondamental ne changera. Il n’y aura ni amélioration de leurs conditions de vie, ni plus de liberté qu’avant : ce sera toujours la même exploitation, la même misère, les mêmes maladies, les mêmes injustices, les mêmes abus et exactions, la même dictature, tel un bras armé chargé de veiller sur cet ordre-là !

Dans la société actuelle divisée en classes sociales, la ligne de démarcation ne saurait ni ne pourrait être entre, d’un côté, des prétendus démocrates, et, de l’autre, des tenants de la dictature. Elle est plutôt entre riches et pauvres, oppresseurs et opprimés, bourgeois et prolétaires. Or, les politiciens qui nous dirigent ou ceux qui aspirent à le faire et l’impérialisme français ne se feront jamais hara kiri pour que les opprimés s’émancipent de leur domination et accèdent à des conditions de vie meilleures. La bourgeoisie, quelle qu’elle soit, n’a pas, en effet, de tendance suicidaire !

Voilà pourquoi, pour sortir de cette impasse dans laquelle les maintient la dictature d’Idriss Déby Itno, la seule perspective qui s’offre aux travailleurs et à l’ensemble des opprimés, c’est celle de leurs propres luttes, politiques et sociales, sous la forme d’une riposte collective du monde du travail et d’une mobilisation générale des couches populaires ! En effet, si les masses opprimées veulent accéder aux libertés essentielles et à l’amélioration de leurs conditions de vie, par le biais d’une répartition juste des richesses, fruit de leur travail et de leur sueur, elles ne pourraient pas faire l’économie des luttes populaires, politiques et sociales, nécessaires et indispensables, que leur impose le capitalisme à travers le pouvoir dictatorial qui règne de N’Djaména. Les libertés démocratiques, l’amélioration des conditions de vie et le droit à une existence digne de notre époque ne sauraient être discutés, ni négociés, ni marchandés avec les tenants du pouvoir actuel, moins encore obtenus par un bout de papier dans une urne, comme vient de le démontrer le hold-up électoral perpétré par Idriss Déby Itno : ils ne pourraient qu’être le fruit des luttes, politiques et sociales, des masses laborieuses elles-mêmes. Pour qu’ils existent, de façon durable, qu’ils soient respectés et vécus comme des mœurs normales, ils devraient être arrachés et imposés par celles-ci, en dehors de la légalité constitutionnelle actuelle, dans la rue. Il ne pourrait en être autrement !

Il n’y a pas longtemps, le viol de la jeune Zouhoura par des enfants pourris des dignitaires du régime a déclenché dans tout le pays une vague d’indignation qui s’est transformée en une profonde exaspération, expression d’un profond ras le bol populaire, symbole d’un rejet de la politique du pouvoir, de ses injustices, ses inégalités, en plus du mépris de ses responsables. De façon spontanée, cette contestation a très vite pris une forme organisée : des structures syndicales et de la société civile se sont coalisées, ont formé un collectif, une sorte de coordination des luttes, dénommée « Ca suffit », à l’origine de plusieurs initiatives : une marche, qui a été interdite, un mot d’ordre de « villes mortes », largement suivi, notamment dans la capitale, un autre de « Sifflet citoyen », une grève générale déclenchée à la suite des arrestations des responsables syndicaux et ceux des organisations des droits de l’homme.

Cette forme d’organisation, inédite dans l’histoire du pays, a ébranlé le pouvoir à tel point qu’il a réellement pris peur. Aussi est-ce dans cette direction qu’il faudrait aller de nouveau, en se donnant les moyens de reprendre la lutte, à un moment ou à un autre. L’expérience des dernières luttes multiformes, dont le souvenir est encore vivace dans l’esprit des gens, devrait servir de point d’ancrage, être considérée comme un tour de chauffe, une étape, un jalon, dans le processus d’une stratégie globale à élaborer, à construire patiemment, méthodiquement, pour aller vers un mouvement de « tous ensemble », organisé autour de la classe ouvrière notamment, contre la dictature d’Idriss Déby Itno !

Les hommes politiques actuels au pouvoir, leur gouvernement, leurs partisans et le patronat qui les soutient, ne changeront de politique et ne tiendront compte des aspirations populaires que forcés et contraints. Mais, le rapport des forces entre eux, le monde du travail et l’ensemble des opprimés ne peut pas être changé par les formes de lutte utilisées traditionnellement jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire une grève dans un secteur donné, isolée des autres ou des négociations secteur par secteur, entreprise par entreprise. Pour changer la donne, pour faire plier le pouvoir, il faudrait donc une mobilisation générale de toute la classe ouvrière, qui, de par sa position de choix au cœur de l’économie, a la force de bloquer totalement celle-ci, de paralyser tout le pays et d’imposer les revendications populaires.

C’est donc vers cette perspective-là qu’il faudrait aller, avec l’objectif d’amplifier les luttes, de les unifier, pour construire, méthodiquement, une mobilisation générale de tous les travailleurs du pays, du public et du privé, qui unirait dans le même combat les salariés de l’Education Nationale et ceux de la SONASUT, ceux de la Santé et ceux de la Coton Tchad, ceux de l’Energie et ceux du Transport, ceux des Banques et ceux du Bâtiment, ceux de la Poste et Télécommunication et ceux du Commerce, ceux du Pétrole et des Mines et ceux de l’Information et de l’Audiovisuel, ceux des Assurances et ceux de la Culture, mais aussi les actifs et les chômeurs, les précaires et les retraités, les licenciés, les contractuels, les vacataires, etc, dans une riposte collective contre la politique du pouvoir, car, quels que soient les secteurs d’activité, la catégorie et le statut des uns des autres, tous les travailleurs ont les mêmes intérêts et les mêmes ennemis, en l’occurrence, l’Etat, au-dessus duquel trône Idriss Déby Itno, et le patronat !

En l’absence d’un parti révolutionnaire prolétarien, il reviendrait aux syndicats de porter cette perspective-là, notamment à l’UST, le plus combatif et le plus important d’entre eux, en alliance, en solidarité, avec les autres centrales. Mais, dans ce combat, tout en généralisant et unifiant les luttes dirigées par eux-mêmes, les travailleurs auraient intérêt à reproduire, mais à grande échelle, l’expériences des dernières luttes en s’ouvrant aussi à d’autres catégories de la population qui souffrent des mêmes problèmes qu’eux : aux organisations des droits de l’homme, bien sûr, mais aussi aux associations des femmes, des étudiants, des élèves, des jeunes, des consommateurs, des journalistes, aux associations culturelles, à celles des artisans, des artistes, des petits commerçants, des paysans pauvres, des travailleurs agricoles et d’autres, qui constituent des millions d’opprimés étranglés, comme eux, par la même crise du capitalisme et la politique du gouvernement. Ils pourraient ainsi leur servir de boussole, les regrouper autour d’eux, leur offrir une politique, les entraîner, et, de cette façon, par un mouvement « de tous ensemble », créer avec eux un nouveau rapport des forces capable de faire reculer la dictature et de lui imposer les changements nécessaires, tant sur le plan social que politique. A part le MPS et ses alliés, évidemment, les organisations ou les militants politiques qui le désireraient pourraient aussi participer à cette mobilisation, à condition, toutefois, qu’ils se mettent au service des luttes et des revendications des masses laborieuses et non qu’ils en prennent la tête : c’est aux travailleurs et les autres couches opprimées de diriger eux-mêmes leurs combats, en choisissant et contrôlant leurs propres représentants. Ils ne devraient se mettre à la remorque de personne, en tout cas, pas derrière des politiciens bourgeois et opportunistes qui, à la moindre occasion, les trahiront !

Voilà la perspective-là qu’il conviendrait de discuter, dès maintenant, dans les usines, les entreprises, mais aussi les bureaux, les universités, les écoles, les lycées, les chantiers, les ateliers, les gares routières, les « tachas », les marchés, les quartiers, les villages, etc, dans le but clairement affiché de préparer, dans les jours et les mois à venir, une riposte collective du monde du travail et une mobilisation de l’ensemble des opprimés afin de défendre le droit à la vie des populations pauvres. Les discussions devraient s’accompagner de la tenue d’assemblées générales décidant des revendications des uns et des autres, mais aussi de la création de comités de liaisons entre travailleurs du public et du privé, entre une entreprise d’un secteur donné et une autre spécialisée dans une activité différente, entre organisations syndicales et celles des femmes, des jeunes, des chômeurs ou de défense des droits de l’homme, afin d’aboutir à une coordination tant locale que nationale des luttes.

L’avenir est donc entre les mains des travailleurs et de l’ensemble des masses opprimées, dans leur mobilisation, leur organisation et leurs luttes ! Ce n’est pas la détermination des couches populaires d’en finir avec la misère ou de trouver une autre issue à leur situation en général qui fait défaut, comme le montrent les différentes luttes déclenchées à la suite du viol de Zouhoura ou celles d’avant. Ce qui manque, c’est la perspective qu’il faudrait pour que ces luttes soient efficaces et servent réellement à changer les conditions de vie de la majorité opprimée, c’est-à-dire un mouvement d’ensemble de tous les travailleurs, secteurs et catégories confondus, du public comme du privé, et de l’ensemble des opprimés, quelles que soient leurs ethnies, leurs régions, leurs religion, sous la forme d’une vaste mobilisation populaire, dirigée par eux-mêmes pour imposer les changements nécessaires.

Par conséquent, c’est à cette perspective-là que devraient s’atteler tous ceux qui, syndicalistes, militants des partis politiques, des associations de tout genre, femmes, hommes, vieux, jeunes, sont réellement révoltés tant par les conditions de vie des populations pauvres que par la dictature et aspirent à de véritables changements. Cela devrait se faire sous la forme d’une action consciente, d’une démarche délibérée, organisée, avec rigueur.

En effet, pour que se réalisent les changements nécessaires dignes de leurs attentes et aspirations, il est vital que les masses opprimées interviennent, fassent irruption dans la scène politique, dans les lieux, les sphères où se prennent les décisions essentielles les concernant au premier chef, où se décident leur sort et leur vie, et ce, avec leurs propres armes et méthodes. Par ailleurs, si ce type de combat se développe, s’amplifie au point de faire reculer la dictature et lui imposer les revendications populaires, immanquablement, en naîtront des possibilités supérieures. Alors tout sera-t-il possible, y compris le renversement de la dictature actuelle, car, l’armée d’Idriss Déby Itno, sa police, sa gendarmerie, même avec le soutien de l’impérialisme français, ne seront jamais suffisamment fortes pour endiguer une mise en branle de millions de travailleurs et d’opprimés, décidés à trouver une issue à leur situation au moyen d’une vaste et profonde mobilisation populaire s’exprimant aussi bien par des grèves dans les secteurs économiques vitaux que par des manifestations monstres dans la rue. La dictature, fondée sur la bande armée au pouvoir, ne pourra rien faire face l’ensemble des opprimés de la ville de N’Djaména, debout, entraînant derrière eux ceux de Moundou, de Sarh, de Bongor, d’Abéché, de Mao, de Faya, de Laï, de Fada etc, sous la forme d’une riposte collective de l’ensemble des masses populaires, de toutes les régions, de toutes les ethnies, de toutes les religions, unies autour de la nécessité de défendre consciemment leurs intérêts spécifiques contre la politique du pouvoir et d’imposer à ce dernier les changements auxquels elles aspirent.

Tel est l’enjeu ! Il est de taille, certes, mais, à part le fait d’être le seul qui en vaille la peine, il est aussi à portée de main : les travailleurs et l’ensemble des opprimés constituent une force colossale, la seule qui soit capable de tout changer, de transformer radicalement la société. Alors, s’ils en ont l’ambition, s’ils s’emparent de cette perspective-là et, de façon méthodique, consciente, organisée, se lancent dans une riposte collective contre la politique des dirigeants du MPS, au nom de leur doit à la vie, ils pourront non seulement faire avaler aux politiciens au pouvoir leur morgue, leur « hougoura », mais aussi imposer les revendications populaires et ouvrir le chemin vers un avenir meilleur !

Ali Mohamed Abali Marangabi

Source : http://www.makaila.fr