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Tchad : Pas d’alternative au dialogue inclusif (CPDC)

D 24 mars 2017     H 15:02     A CPDC (Tchad)     C 0 messages


CONFERENCE DE PRESSE DE LA CPDC DU 18 MARS 2017 : Déclaration liminaire

Mesdames, messieurs les journalistes,

Chers camarades des paris membres de la CPDC,

Chers amis et sympathisants,

La CPDC, par ma voix, vous souhaite la bienvenue à cette conférence de presse.

Elle vous remercie d’être venus si nombreux pour échanger sur la situation de notre pays.

C’est un euphémisme que de dire que le Tchad va mal ! Tout le monde le sait ! Tout le monde le vit ! Chacun en convient.
La situation de notre pays est, en effet, pour le moins préoccupante.
 · L’élection présidentielle à huis clos, je veux dire sans observateurs extérieurs, nous a donné un Président de la République mal élu, dont la légitimité est contestée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Ne pouvant plus regarder son opposition en face, il est incapable de trouver une solution à cette crise politique.
 · La gestion scabreuse des ressources nationales, pétrolières notamment, a mis l’Etat en situation de cessation de paiement. Ce ne sont pas les gesticulations et acrobaties actuelles pour payer avec retard les salaires qui nous sortiront la tête hors de l’eau ! La situation est vraiment grave. Il faut la voir avec lucidité. Les organes et services de l’Etat ne disposent pas de budget de fonctionnement. Les contreparties aux aides extérieures et des investissements ne sont pas décaissées. Partout les chantiers sont à l’arrêt.

De même, ce n’est-ce pas peu dire que l’Etat lui-même est en réalité à l’arrêt.
 · Cette banqueroute financière a créé une situation sociale explosive : les gens sont hypernerveux, l’agressivité et le bellicisme gagnent du terrain, alimentant les bagarres et conflits de tout genre ; pendant que le banditisme refait surface. Les laissés pour comptes, les éléments des forces de défense et de sécurité, se transforment en gangsters.
 · Le délitement de l’Etat, la banqueroute financière et la situation sociale chaotique ont fini par réveiller les mouvements politico-militaires qui avaient déserté le Darfour pour des zones qui leur sont plus favorables : dans le Sud libyen, si l’on en croit les dénonciations répétées des voix autorisées les plus haut placées. Les propos du Chef de l’Etat et du Secrétaire Général du MPS sont assez édifiants sur le sujet.

Mais le Président de la République reste emmuré dans une stratégie de survie
 · Après près de trois décennies de règne sans partage qui a mis l’Etat en faillite, le pays et la nation en ruines, craignant de devoir rendre compte et incapable de sursaut patriotique pour un mea culpa constructif, le pouvoir a opté résolument pour la fuite en avant, en faisant la politique de l’autruche : mettre la tête dans le sable pour ne pas voir le danger !
 · Comme il en a l’habitude, le chef de l’Etat lance des initiatives pour contourner la recherche et la mise en œuvre de vraies et pertinentes solutions aux maux qui rongent notre pays.

C’est ainsi qu’il a mis en place le CNDP, contre l’avis des partenaires internationaux, pour empêcher l’approfondissement et la consolidation des acquis de l’Accord politique du 13 août 2007. Nous ne pouvons pas comprendre autrement :
 La création de la pompeuse Commission de réforme des institutions ;
 L’illusoire annonce de l’audit des diplômes des agents de l’Etat ;
 la nième et sempiternelle déclaration promettant la chasse aux prédateurs et pilleurs de l’Etat qui opèrent dans la plus grande sérénité, tant est-il que le clanisme, le népotisme et le clientélisme politique sont couverts par cette impunité devenue la marque du régime !

Parallèlement à ces initiatives et annonces gadgets, on fourbit l’arme de la répression. Les décrets 69 et 70, créant les délégations régionales de l’ANS et nommant les responsables sont assez illustratifs de la volonté du pouvoir de sévir contre son peuple comme la tristement célèbre DDS. Mais cela nous fait voir aussi que l’Exécutif n’a que faire de la Constitution, ainsi que des lois et règlements qui en découlent. Sinon comment une agence de contre-espionnage peut-elle se muer en une police politique de répression des citoyens ?

Le Président sort le bâton, n’ayant plus la carotte à offrir :
 arrestations, internements, voire condamnation de plusieurs responsables politiques, syndicaux et de la société civile pour des motifs ou délits fictifs (braconnage de phacochère, conspiration politique, rédaction de pétitions ou de communiqués,…) ; nous mettons ici un accent particulier sur l’arrestation des quatre (4) militants de la CTPD en pleine réunion du Bureau de leur parti à Moundou et déportés depuis près de deux (2) mois à N’Djamena, sans droit de visite, au seul motif qu’ils militeraient au sein d’un parti politique dirigé par un « sudiste » ; il s’agit de Mahamat Tahir Lool, Idriss Ramadane, El Hadj Djibrine Adoum et El Hadj Brahim Bébé. La CPDC exige leur libération immédiate et sans condition ;
 adoption des lois liberticides en violation de la Constitution et des Conventions internationales auxquelles le Tchad a souscrit telles la loi sur la presse et la récente loi 32 restreignant le droit de grève ;
 interdiction de toute manifestation même pacifique et de toute tentative d’organisation dans des cadres de réflexion, tels le Mouvement d’Eveil Citoyen etc.
 redéploiement et renforcement, y compris en effectif et prérogatives, de l’ANS sur toute l’étendue du territoire pour créer une atmosphère de psychose au sein des populations.
 quadrillage des villes et des campagnes par des forces de 3ème catégorie, à gâchettes ultrasensibles comme on le vit chaque jour : Miandoum, Bologo, Mongo, Goré, Kyabé, Moundou, Moissala etc.

Toutes ces mesures attentatoires à la sécurité des acteurs politiques et de la société civile sont destinées à intimider ceux-ci afin de limiter leurs mouvements et les contraindre au silence.

Toutes ces mesures conduisent à des impasses
 politiques : De violation de consensus en violation de consensus, le Président a perdu la confiance de la classe politique. En démocratie, le respect de la parole donnée et des résultats sortis des urnes sont une marque importante du sérieux de ceux qui gouvernent et ceux qui y prétendent. On nous a habitués aux mensonges et aux faux. Qui peut nous garantir que c’est enfin le sérieux qui nous est proposé ? La recherche du pouvoir personnel est inversement proportionnelle aux valeurs de la démocratie. Le renouveau du Tchad ne peut plus se faire par la seule volonté du Président Déby.
 économiques et financières : Les prédateurs, les prébendiers, les rentiers ne peuvent construire une économie de croissance, d’épargne et d’investissement. Un adage dit que ce n’est pas par un long séjour dans l’eau qu’un tronc d’arbre peut se transformer en crocodile ! La crise actuelle a sonné le glas d’un type de gestion et d’une espèce de gouvernants. Si rien n’est fait pour que le changement de toutes ces pratiques désuètes ait lieu, le Tchad ne pourra jamais se relever économiquement.
 sociales : Avant et après les ressources pétrolières, la crise sociale demeurera : retard chronique des salaires, mesures mal préparées et souvent arbitraires d’abattement des salaires, absence de protection sociale cohérente et régimes très déficients des pensions civiles et militaires, absence de mesures d’efficacité et de stimulation de la carrière des travailleurs, chantage permanent aux sanctions, respect plus qu’approximatif de la liberté syndicale etc. Qui peut nous dire qu’il y aura sous les cieux du Tchad ?

Pas d’alternative au dialogue inclusif

Encore une fois, la Coordination des Partis politiques pour la Défense de la Constitution (CPDC) répète qu’on ne guérit pas de la fièvre en cassant le thermomètre.

L’option de tout sécurité ou de tout répression ne sortira pas le pays de l’enlisement et du chaos qui frappe déjà à nos portes.

Encore une fois, la CPDC réitère qu’il n’y a pas d’alternative à un véritable dialogue inclusif : un dialogue qui réunira les principales forces politiques et sociales du pays, tout en ignorant pas les mouvements politico-militaires qui menacent d’aggraver une situation déjà au bord de la catastrophe ; un dialogue qui, non seulement dégagera une feuille de route susceptible de donner espoir au peuple désemparé, d’assainir la gestion des finances publiques et de l’Etat mais aussi un dialogue susceptible de tracer les voies d’un renouveau démocratique dans notre pays.

Je vous remercie

M.Salibou Garba, rapporteur de la CPDC
COORDINATION DES PARTIS POLITIQUES POUR LA DEFENSE DE LA CONSTITUTION