Vous êtes ici : Accueil » Afrique de l’Est » Djibouti » Djibouti : DANGER pour la vie du témoin-clé de l’affaire BORREL

Djibouti : DANGER pour la vie du témoin-clé de l’affaire BORREL

D 4 septembre 2013     H 05:47     A Association pour le Respect des Droits de l’Homme à Djibouti (ARDHD)     C 0 messages


YEMEN : LA PRESSION de DJIBOUTI s’intensifie POUR EXTRADER MSH ALHOUMEKANI Le témoin-clé de l’affaire Borrel, pourrait être jugé extradable vers Djibouti dans le week-end, entrainant de fait le risque de clôture de l’instruction en cours en France sur l’assassinat de ce juge français à Djibouti en 1995.

La pression et la manipulation s’intensifient sur le gouvernement du Yémen pour qu’il extrade vers Djibouti le témoin clé de l’affaire Borrel, MSH Alhoumékani. Pour faire taire ce témoin, les autorités djiboutiennes déploient les grands moyens : envoi du Général Fathi Ahmed, Commandant en Chef de l’Armée à bord d’un vol militaire, puis d’Hassan Saïd Chef des services secrets (SDS), diffusion de fausses informations et pressions sur le Quotidien yéménite Al-Teef, pour qu’un article de ce quotidien affirme, faisant état de sources policières sous couvert d’anonymat, que la demande d’extradition formulée par Djibouti serait motivée par une condamnation pour diffusion de fausses nouvelles à l’encontre du Chef de l’État et que de nouveaux éléments justifieraient désormais que « le criminel » Alhoumekani soit jugé pour sa propre implication dans l’assassinat du juge Borrel, dont il n’avait jamais été question jusqu’à présent.

S’il est extradé vers Djibouti, Mohamed Alhoumekani risque la mort. De nombreux cas de morts mystérieuses survenues dans la prison de Gabode sont signalés chaque mois. Le dernier en date est un professeur de français, Mohamed Elmi Rayaleh, opposant, mort dans sa cellule, dans la nuit du 28 août 2013, après deux mois de détention.

Venant au Yémen le 24 août 2013 pour rendre visite à une partie de sa famille, Mohamed Saleh Hussein Alhoumékani a été arrêté dès son arrivée à l’aéroport de Sanaa (Yémen), et conduit dans les locaux de la direction d’Interpol en réponse à une demande d’extradition formulée par les autorités djiboutiennes, qui ont affirmé qu’il était l’objet d’une fiche rouge émise par Interpol, ce qui n’a jamais été confirmé par cette organisme.

D’abord maintenu en garde à vue dans les locaux d’Interpol puis dans ceux de la brigade criminelle de Sanaa sans motif valable, le 29 août, il a fait l’objet d’une ordonnance de libération immédiate rendue par un juge yéménite. À sa sortie d’audience, M. Alhoumekani a été de nouveau arrêté par des agents d’Interpol, toujours à la demande du gouvernement de Djibouti. Le jeudi 29 août, il était transféré à la prison centrale de Sanaa.
Le régime d’Ismaël Omar Guelleh exerce une pression de plus en plus lourde sur le gouvernement du Yémen : la constitution yéménite empêche théoriquement l’extradition d’un citoyen du pays, mais le Yémen subit des pressions de plus en plus fortes, avec ce 31 août, des allégations mensongères des autorités djiboutiennes qui prétendent maintenant qu’Alhoumékani est l’auteur de l’assassinat du magistrat français. Les tribunaux yéménites sont ouverts le samedi et le dimanche : Alhoumékani pourrait donc être jugé extradable dès ce week-end, au prétexte fallacieux qu’à l’époque des faits qui lui sont désormais imputés, il n’avait pas encore été réintégré dans la nationalité yéménite.

En plus du risque pour sa vie, la condamnation à Djibouti de Mohamed Saleh Alhoumekani au titre de l’assassinat du Juge Borrel, dans une parodie de justice, pourrait entraîner la clôture de l’instruction en France.
Il est évident que le dictateur djiboutien Ismaël Omar Guelleh a envie de faire taire définitivement ce témoin qui l’a clairement impliqué dans la commandite du meurtre du Juge Bernard Borrel ou qu’il souhaite obtenir, y compris par la force, un désaveu de son témoignage devant la justice française.

Nous demandons

 A la République du Yémen de respecter les règles du droit international et sa propre constitution qui interdit l’extradition d’un citoyen yéménite.
Mohamed Alhoumekani doit être remis en liberté par la justice yéménite. Aucun fait délictueux fondé ne pouvant lui être reproché, nous demandons sa libération immédiate et qu’il soit autorisé à rentrer en Belgique.
 A la République française, en la personne de son ministre des affaires étrangères, d’assurer la sécurité d’un témoin capital dans l’instruction criminelle pour l’assassinat du Juge Borrel, coopérant français, et d’user de son influence diplomatique pour exiger la libération de Mohamed Saleh Alhoumekani et empêcher son extradition vers Djibouti. Rappelons que Laurent Fabius écrivait en soutien de l’appel "POUR LA VERITE" en 2005 :

"Je souhaite que la vérité soit connue sur les circonstances exactes de la disparition [du juge Borrel]. A ce stade mon intime conviction est que cette vérité n’est absolument pas celle que certains voudraient accréditer. Sur cette triste affaire comme pour d’autres, aucune raison d’état ne doit être plus forte que la vérité."

 Nous adressons la même demande au Royaume de Belgique

BREF RAPPEL SUR L’ASSASSINAT DU JUGE BORREL

On se souvient que le témoignage de MSHA ancien chef de la garde républicaine de Djibouti au moment de l’assassinat du juge Borrel, - réfugié en Belgique depuis 2000, et désormais citoyen belge et yéménite, - avait permis de lever une partie du voile de plomb qui pesait sur l’assassinat du juge Borrel en octobre 1995, - assassinat toujours inexpliqué, dont on attend toujours le procès, et pour lequel les gouvernements français, et en premier lieu les gouvernements Chirac ont eu de façon continue des attitudes dilatoires, de déni de vérité, voire de déni de justice.

Avec une mort suspecte par enfoncement de l’arrière du crâne, puis une immolation post mortem, avec deux essences différentes, la mort du magistrat, d’abord déclarée suicide, avait été requalifiée d’ « assassinat en service » sans que les causes et les auteurs de l’assassinat n’aient jamais été activement recherchés par la France .

(Alors qu’en termes géopolitique, la place de Djibouti, plate-forme de surveillance de la mer rouge / abrite aujourd’hui 2.000 militaires français, plus de 2.100 militaires US, 600 militaires japonais. .e régime de Djibouti, classé 167ème sur 179 par RSF, demeure l’un des champions du musèlement de l’opposition et de la violation des Droits de l’Homme)

BREF RAPPEL DU PARCOURS DE M. MOHAMED ALHOUMÉKANI

Mohamed Saleh Hussein ALHOUMEKANI, né djiboutien (d’une famille d’origine yéménite) a été officier dans la garde républicaine de Djibouti, en charge de la sécurité du palais présidentiel. En octobre 1995, il a entendu une conversation à propos de la mort du Juge français Bernard Borrel, au cours d’une réunion qui réunissait Ismaël Omar Guelleh (le neveu du Président de l’époque Hassan Gouled Aptidon et futur Président en 1999), le Chef des services secrets Hassan SaÏd et d’autres personnages, dont au moins un français. Parmi les paroles entendues :

« Le juge fouineur est mort … »

Réfugié en 2000, arrivé en France puis installé à Bruxelles, il n’a jamais cessé de maintenir ses déclarations qui prouvaient que le magistrat ne s’était pas suicidé mais qu’il avait été assassiné, ce que la justice française reconnaîtra finalement sept ans plus tard en 2007.
Son témoignage a mis en difficulté Ismaël Omar Guelleh et a empoisonné les relations diplomatiques entre la France et Djibouti.

Même à Bruxelles, Mohamed ALHOUMEKANI a été victime de pressions, de menaces et d’agression et de tentative de subornation de témoin, y compris sur sa famille, organisées par les services djiboutiens. (Le chef des services secrets Hassan Saïd et le Procureur de Djibouti Djama Souleiman. Les services belges de sécurité ont du intervenir à plusieurs reprises pour assurer sa protection.

Tout en conservant sa nationalité yéménite, Il a acquis la nationalité belge. Avec sa femme et leurs enfants, il réside et travaille à Bruxelles où il a une situation régulière. Il entretient toujours des relations avec la partie de sa famille qui réside au Yémen, ce qui explique qu’il se rende deux à trois fois par an dans ce pays.

Il est toujours actif au sein de l’opposition djiboutienne au régime de Guelleh

Contacts presse :
ARDHD
 Anne-Marie de Vaivre : amdevaivre@ardhd.org
 Jean-Loup Schaal : jlschaal@ardhd.org
 Tel bureau : + 33 (0)1 46 34 70 70
 Cellulaire : + 33 (0)6 11 32 19