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Djibouti : Les négociations avec Ismaël Omar Guelleh sont un jeu de virages permanent

D 24 février 2015     H 05:06     A     C 0 messages


Une négociation difficile est engagée par l’USN avec le chef de l’État Ismaël Omar Guelleh autour de l’accord-cadre du 30 décembre 2014 signé avec le premier ministre djiboutien.

L’USN a montré une volonté forte de se tourner vers l’avenir en travaillant à instaurer la transparence des votes pour toute futur élection se tenant à Djibouti, jusqu’à sacrifier sa victoire aux législatives du 22 février 2013 au titre d’une concession stratégique.

Trois points sont acquis à ce jour pour l’USN. D’une part la possibilité d’une couverture médiatique la télévision publique des meetings de l’USN, d’autre part le remboursement de la caution des 32 millions de francs djiboutiens avancée pour les candidats de l’USN à la députation en février 2013 et enfin la remise progressive aux dirigeants USN présents à Djibouti des passeports qui leur avaient été confisqués.

Et au moins deux points sont acquis pour le chef de l’État : l’intégration des 8 députés de l’USN à l’Assemblée nationale et la retenue dont font montre les militants de la coalition quant aux actions de manifestations susceptibles de créer une tension entre les parties en négociation.

En marge de la négociation, le chef de l’État s’évertue à refuser des pans entiers du projet de loi sur la CENI préparé par l’USN et l’a exprimé brutalement dans le journal Jeune Afrique du 8 février. Il y a très clairement rejeté l’idée d’un processus électoral géré par la CENI, à laquelle doivent seulement revenir la préparation, le contrôle et la supervision des élections.

Dans la même page du journal, le président djiboutien a littéralement assailli la coalition en distribuant satisfecit et blâmes aux uns par rapport aux autres. Une stratégie facile cherchant à sectionner l’USN sur des lignes de fractures échafaudées dans son imagination. Allant jusqu’à affirmer une contrevérité à laquelle l’intéressé a aussitôt répondu : non, Abdourahman Bachir, l’un des membres éminents de la coalition USN, n’a aucunement l’intention de s’exiler au Canada et c’est bien l’ambassade de Djibouti dans ce pays qui retient son passeport en toute illégalité.

En marge encore du processus de discussion, le chef de l’État djiboutien a vilipendé la France, qui ignorerait la république de Djibouti où elle n’investirait plus et où aucun représentant de l’État français n’aurait mis les pieds depuis longtemps. Répondant quelques heures après la parution de cette interview, le ministre français de la Défense a étrangement « promis de visiter Djibouti en avril 2015 ».

Et toujours en marge du processus, le chef de l’État djiboutien s’est déplacé pour une visite de 48 heures en Somalie les 21 et 22 février, le jour même où la commission paritaire USN Gouvernement devait rendre sa copie et où sa présence était hautement souhaitée, sachant qu’il s’était porté garant des négociations et sachant le pavé dans la marre qu’il a jeté dans les pages de Jeune Afrique.

Son voyage en Somalie arguait d’une pose de première pierre d’une académie dédiée à la langue somalie, suivie d’une visite aux 900 nouveaux soldats djiboutiens de l’AMISOM. Djibouti participant en effet depuis 2011 à la mission de maintien de paix de l’Union Africaine en Somalie (AMISOM) avec un contingent de 1000 hommes et ayant envoyé la semaine dernière un nouveau contingent de 900 hommes.

Mais là aussi, Ismaël Omar Guelleh cherche à aveugler l’Union africaine dont il avait rejeté l’offre potentielle de médiation demandée par l’USN en préparation de ces négociations.

L’USN tient pour l’heure un compte détaillé de ces violations du processus de dialogue et a de nouveau accepté ce 22 février, jour anniversaire de la victoire aux élections législatives du 22 février 2013, un report de la clôture des négociations sur la CENI à une date en début mars 2015 qui sera arrêtée d’un commun accord après le retour du chef de l’État à Djibouti.

Maki Houmed-Gaba

Représentant de l’USN en France

Paris, le 22 février 2015