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Des demandeurs d’asile soudanais torturés dans leur pays après avoir été expulsés par la France

D 29 avril 2018     H 22:04     A Le JDD     C 0 messages


Une enquête du New York Times a révélé dimanche soir que plusieurs demandeurs d’asile soudanais renvoyés par la France, l’Italie et la Belgique, avaient été torturés à leur retour dans leur pays d’origine.

Une enquête du New York Times a révélé dimanche soir que plusieurs demandeurs d’asile soudanais renvoyés par la France, l’Italie et la Belgique, avaient été torturés à leur retour dans leur pays d’origine.

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Des demandeurs d’asile soudanais torturés dans leur pays après avoir été expulsés par la France

19h50 , le 23 avril 2018, modifié à 15h22 , le 24 avril 2018
Une enquête du New York Times a révélé dimanche soir que plusieurs demandeurs d’asile soudanais renvoyés par la France, l’Italie et la Belgique, avaient été torturés à leur retour dans leur pays d’origine.
Omar el-Béchir, ici en septembre dernier lors d’un discours, dirige son pays depuis 28 ans.
Omar el-Béchir, ici en septembre dernier lors d’un discours, dirige son pays depuis 28 ans. (Reuters)
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L’affaire a fait scandale en Belgique, mais est passé quasi inaperçue en France. En septembre dernier, le Premier ministre belge Charles Michel a reconnu devant une commission d’enquête de son Parlement que les polices de plusieurs pays européens collaboraient étroitement avec la dictature soudanaise d’Omar el-Béchir. Un mois plus tard, Streetpress a révélé que la France a expulsé plusieurs demandeurs d’asile soudanais, "des opposants politiques" selon le site d’informations. Ces expulsions auraient commencé en 2014 selon Streetpress, date qui n’a été confirmée par aucune source officielle. Dans une enquête publiée dimanche soir sur son site, le New York Times explique avoir retrouvé plusieurs de ces réfugiés, tous torturés par le pouvoir soudanais à leur retour au pays.

Lire aussi : Portrait d’une famille de migrants, du Sud-Soudan à Paris

Le quotidien américain confirme qu’au moins trois pays européens - la Belgique et la France, mais aussi l’Italie - ont autorisé des "officiels soudanais", des policiers en réalité, à pénétrer dans leurs centres de rétention et à interroger des demandeurs d’asile soudanais. Officiellement, les Etats européens souhaitaient des éléments d’informations supplémentaires pour pouvoir juger ou non de la viabilité de la demande d’asile des réfugiés. Interrogé en septembre dernier par l’AFP, le ministère français de l’Intérieur avait d’ailleurs reconnu l’existence d’une "une mission d’identification du Soudan", avant de préciser : "Mais nous n’avons pas d’accord avec ce pays." Une mission qui aurait eu lieu en janvier-février 2017 selon Streetpress, information qui n’a également pas été confirmée.

Electrocuté, battu et frappé avec des tuyaux en métal pendant dix jours
Le New York Times révèle d’ailleurs que les entretiens, au sein des centres de rétention, entre les officiels soudanais et les réfugiés se seraient faits "en l’absence de fonctionnaire capable de traduire les propos échangés". Surtout, le quotidien américain explique les conditions de retour au pays des demandeurs d’asile expulsés. A en croire les témoignages de quatre d’entre eux, ils ont été arrêtés dès leur retour puis torturés par le régime soudanais. L’un d’eux, un dissident politique du Darfour expulsé par la France fin 2017, affirme avoir été électrocuté, battu et frappé avec des tuyaux en métal pendant dix jours.

Cité par le New York Times, le régime du général Omar el-Béchir a démenti ces informations. Le dictateur dirige depuis 28 ans le Soudan et la Cour pénale internationale a délivré contre lui un mandat d’arrêt en 2008 pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Si les informations de Streetpress et du New York Times faisaient l’objet d’une enquête, la France pourrait être dans le collimateur de la Cour européenne des droits de l’Homme. Cette dernière a déjà condamné Paris en février dernier pour avoir expulsé un Algérien sans lui permettre de déposer un recours, et alors qu’il risquait la torture dans son pays. Outre la France, la Belgique et l’Italie, le Royaume-Uni et la Norvège pourraient avoir également collaboré avec la dictature soudanaise.


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